Dans une déclaration commune, Narendra Modi et Emmanuel Macron ont souligné leur « engagement à approfondir davantage » le partenariat entre l’Inde et la France.
Cette « aventure » est possible « car on a là une démocratie qui partage nombre de nos valeurs », a renchéri le président Macron devant la communauté française de New Delhi, loin des accusations de dérive autoritaire de l’Inde.
Le chef de l’État était l’invité d’honneur de l’homme fort de l’Inde à l’occasion de la Journée de la Constitution indienne, entrée en vigueur le 26 janvier 1950, deux ans après l’indépendance.
Les deux dirigeants ont assisté au défilé dans un mélange cérémoniel de la culture de l’Empire britannique et des symboles de la nouvelle Inde.
Emmanuel Macron a descendu en grande pompe la rue menant à la porte de l’Inde, l’Arc de Triomphe indien, dans une calèche tirée par six chevaux et une haie d’honneur.
Après l’hymne indien et 21 coups de canon, un contingent de la Légion étrangère, célèbre pour son pas cadencé et ses képis blancs, a ouvert le défilé, suivi d’un survol de deux chasseurs Rafale français.
Sous un voile de pollution, cavalerie à dos de chameau, fantassins et figures de l’armée à moto se succèdent dans un défilé entrecoupé de séquences très folkloriques. L’armée indienne, qui est approvisionnée à 60 % en matériel russe, a également sorti ses Mig-29 et Sukhoi-30.
Loin de Paris, Emmanuel Macron a continué de suivre la crise du monde agricole qui menace de bloquer toute la France.
Narendra Modi, qui avait été l’invité d’honneur du défilé militaire du 14 juillet à Paris, lui a rendu la pareille six mois plus tard.
Le leader nationaliste hindou, déterminé à propulser l’Inde sur la scène étrangère, vise également à transformer son pays en une force commerciale de premier plan, conformément à son slogan « Make in India ».
La France lorgne de son côté de nouveaux contrats avec l’Inde, de la défense à l’énergie nucléaire, en passant si nécessaire par des transferts de technologies, fortement sollicités par son partenaire.
« Nous allons continuer à consolider notre alliance avec un seul objectif, être présent à l’événement Make in India, et le faire en partageant les technologies de manière sereine, en faisant de l’arrière de l’Inde un centre de production pour tous nos partenariats dans la région. », a déclaré Macron.
L’Inde a déjà acheté 36 avions Rafale français et est en négociation pour en acquérir 26 autres, mais elle élargira sa base commerciale de défense par le biais de coentreprises.
De l’aéronautique de défense aux voitures autonomes en passant par la cyberdéfense, une feuille de route a été élaborée pour produire davantage en Inde, a annoncé le ministère indien des Affaires étrangères.
Le constructeur Airbus et le conglomérat indien Tata Group ont conclu de leur côté un accord pour l’assemblage d’hélicoptères H125 Écureuil en Inde à l’horizon 2026.
L’Inde, première force démographique mondiale (1,43 milliard d’habitants) et cinquième économie mondiale, est un poids lourd clé courtisé.
La France, quant à elle, ambitionne d’être un acteur de la région Asie-Pacifique et un point d’équilibre entre le Nord et le Sud.
Les organisations de défense des droits de l’homme ont suggéré au président Macron de mettre ce facteur sur la table, en y ajoutant la répression des minorités, en particulier des musulmans.
Le chef de l’Etat a conclu son discours par une visite au mausolée du maître indien du soufisme Nizammudin, symbole de la diversité dévote. Le soufisme est expliqué comme une existence ascétique et mystique de l’islam.
Le cas de la journaliste française Vanessa Dougnac, qui menaçait d’expulsion pour des articles jugés « malveillants », a également été évoqué.
« J’ai transmis les messages concernant votre collègue, pour qu’il s’explique et pour que la liberté de la presse soit pleinement respectée », a déclaré le chef de l’Etat.