Jean-Luc Demarty est ancien directeur général du commerce extérieur à la Commission européenne (2011-2019), ancien directeur général adjoint et directeur général de l’agriculture à la Commission européenne (2000-2010) et ancien conseiller du cabinet de Jacques Delors. (1981-1984; 1988-1995).
Le débat du 25 juin sur TF1 entre les représentants des 3 blocs électoraux a été de grande qualité, surtout si on le compare aux débats médiocres des élections européennes. Les deux limiers Gilles Bouleau et Anne-Claire Coudray ont bien contrôlé le débat. et il avait visiblement travaillé sur son sujet.
Gabriel Attal a été à la hauteur des attentes, excellent communicateur et habile maître de ses dossiers. Il a bien souligné les incohérences du programme de Jordan Bardella, sans parvenir à effacer complètement son ton professoral. les excès du programme insensé du Nouveau Front populaire, dont les dépenses supplémentaires annuelles oscillent entre 150 et 250 milliards d’euros selon les estimations et dont les recettes fiscales supplémentaires sont de l’ordre de cent milliards d’euros. Ainsi, il a répété la même vieille erreur dans le cas des pensions en se concentrant exclusivement sur la remise en cause de l’équilibre monétaire de la formule en revenant au programme de son concours au lieu de poser la véritable question de la quantité insuffisante de tableaux généraux et individuels fournis par les Français au cours de l’année et tout au long de la vie. Grâce à la réforme de Macron, la France a l’âge de la retraite le plus précoce de l’UE.
Concernant l’augmentation de 15% du salaire minimum du programme PFN, Gabriel Attal a dénoncé à juste titre la destruction d’emplois et les difficultés que cela impliquerait pour les entreprises. Cependant, il ne pouvait pas remettre en question le keynésianisme des mannequins du NFP. Si la large distribution du pouvoir d’achat stimulera la consommation, ce sera exclusivement pour tirer profit des importations avec une industrie étrangère qui accuse déjà un déficit de cent milliards d’euros. Non seulement l’appareil productif français ne sera pas en mesure de répondre à la demande future. , mais sera touché par des augmentations de salaire irresponsables. Cet effet était déjà observé en 1981 sous Mitterrand, avec une récupération trois fois plus faible et un appareil productif dans de meilleures conditions. De plus, les dépenses du programme de Gabriel Attal, bien que modestes par rapport aux excès de ses concurrents, ne sont pas financées.
Jordan Bardella a survécu grâce à son impressionnante résilience dans le processus. Il a remis en question l’arrogance professorale de Gabriel Attal, mais de manière trop répétitive face à la menace de paraître lui-même arrogant. Comparé au revers dans son programme économique que Jordan Bardella a donné à la presse lors de sa conférence de presse du 24 juin, le débat du 25 juin est une déception. Il a précisé que sa réforme des retraites serait ramenée à 62 ans après 42 ans de cotisations, ce qui est un pas en arrière même par rapport à la réforme Touraine de Hollande. . Il a réintroduit sa terrible source d’exonération de l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans, ce que Gabriel Attal a légèrement ridiculisé. Jordan Bardella a commis une erreur dans le calcul de la charge de l’allégement de la TVA sur l’électricité et le carburant, qui s’élève à 17 milliards d’euros et non à 12 milliards d’euros. Enfin, son moratoire sur les éoliennes n’a pas donné l’impression d’être crédible, compte tenu de la forte demande d’expansion de l’énergie électrique, qui ne peut être satisfaite par davantage de centrales nucléaires avant 2035.
Le poids global du programme de Jordan Bardella, de l’ordre de 50 milliards d’euros, n’est pas sérieusement financé par une poignée de milliards d’euros de crédibilité douteuse. L’allègement de 2 milliards d’euros de la contribution de la France au budget de l’UE est moins irréaliste qu’il n’y paraît. à première vue. En effet, à la suite de l’énorme correction dont le Royaume-Uni a bénéficié depuis 1980, cinq États membres, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Autriche, la Suède et le Danemark, ont également réussi à se décharger d’une correction monétaire en leur faveur pendant cinq ans. des années avant le merveilleux élargissement de 2004, la France et l’Italie auraient désormais la légitimité de demander une correction similaire ou la suppression du mécanisme. Dans les deux cas, la France sortirait en tête, mais pas avec la chanson de 2 milliards d’euros. Ces négociations pourraient avoir lieu jusqu’en 2025 pour les perspectives monétaires post-2027.
Manuel Bompard était très habile. Il a développé son programme en réussissant à cacher ses excès dans les échanges compétitifs entre Jordan Bardella et Gabriel Attal. Il a même mis une cravate, rouge bien sûr, probablement pour la première fois de sa vie. Par exemple, personne n’a parlé de la confiscation de la source marginale de l’impôt sur le revenu de 90%, à laquelle il faudra encore ajouter la CSG progressive. Les contribuables ayant des taux marginaux plus élevés fuiront sans délai la France et l’attractivité pour les investisseurs étrangers s’effondrera. Bompard s’est avéré être un gars calme et un communicateur articulé, curieusement sous l’œil vigilant de la racaille de LFI, lui en studio. En réalité, il n’a été en difficulté que deux fois, par la force nucléaire et par sa fausse déclaration sur une baisse du pouvoir d’achat, que Gilles Bouleau sans tarder. Ce programme n’a évidemment aucune crédibilité.
Le reste du débat a été fidèle aux problèmes souverains, sécurité, immigration, écoles. Chacun des participants a bien présenté ses lignes respectives. Jordan Bardella a été convaincant, bien que la limite annuelle de 10 000 immigrants légaux soit difficilement crédible. Malheureusement, c’est beaucoup plus sur ces problèmes que sur l’économie que l’élection est en jeu. De ce point de vue, Bardella aide à maintenir l’avantage.
Jean-Luc Demarty est ancien directeur général du commerce extérieur de la Commission européenne (2011-2019), ancien directeur général adjoint et directeur général de l’agriculture de la Commission européenne (2000-2010) et ancien conseiller du cabinet de Jacques Delors. (1981-1984 ; 1988-1995).
Pour les excès, nous avons sélectionné les commentaires des articles de Atlantico. fr.
Mais n’hésitez pas à partager cet article avec vos proches par e-mail, messages, SMS ou réseaux sociaux pour poursuivre la discussion !