Karel Mayrand, actuel président-directeur général de la Fondation du Grand Montréal, est un observateur privilégié des problèmes environnementaux depuis 25 ans.
Cela peut sembler dur, mais les faits sont impitoyables. Nous savons depuis une décennie que pour limiter le réchauffement climatique à un niveau sûr, il est très peu probable que de nouveaux gisements ou infrastructures de pétrole, de charbon ou de carburant soient générés. De nombreux rapports ont été publiés par l’Agence internationale de l’énergie et d’autres acteurs pour identifier notre « budget carbone ». Tous les scénarios de sécurité climatique impliquent la fermeture des réservoirs et des infrastructures existants et, surtout, l’arrêt de leur création.
En investissant massivement dans le développement des combustibles fossiles, les banques se retrouvent dans une impasse. Si nous atteignons les objectifs de l’Accord de Paris en nous éloignant des combustibles fossiles, le prix de ces investissements s’effondrera. Nous pensons que l’éclatement d’une bulle monétaire (la bulle carbone) sera la clé pour déstabiliser la formule monétaire et l’économie mondiale.
Cependant, si ces investissements sont couronnés de succès à moyen et long terme, cela signifiera que le pétrole, le charbon et le carburant continueront à couler, que nous aurons manqué les objectifs de Paris et que le temps sera devenu incontrôlable. , entraînant toute l’humanité dans l’abîme. Bref, avec leur refus d’empêcher le financement des énergies fossiles, leur négligence et leur aveuglement, les banques nous mettent dans une cage où il ne reste que deux tactiques : une crise monétaire ou un effondrement climatique. Nous sommes sur une trajectoire qui rappelle celle empruntée par les acteurs monétaires dans la première décennie des années 2000 et qui a conduit à la crise des subprimes aux États-Unis et à la crise monétaire de 2008. Cette fois, le défi planeta. al à long terme s’ajoute.
Les dirigeants financiers mondiaux considèrent désormais le climat comme une menace systémique, une menace pour l’ensemble du système monétaire. C’est pourquoi des projets comme le Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GIFCC) et l’International Sustainability Standards Board (ISSB), un organisme monétaire étranger basé en Amérique du Nord, à Montréal. Ces organisations ont mis en place des réglementations de divulgation qui permettent aux investisseurs de télécharger des données transparentes, complètes et standardisées pour mesurer les menaces climatiques (à la fin de leur mandat, le TCFD a été dissous, mais ses recommandations sont toujours largement suivies). Ces critères jouent un rôle, mais ils restent volontaires et ne garantissent pas que les acteurs monétaires suivent une trajectoire cohérente avec les objectifs de l’Accord de Paris.
En 2021, les cinq grandes banques canadiennes se sont engagées à aligner leurs portefeuilles de prêts et d’investissements sur la voie de la carboneutralité d’ici 2050. En fait, l’émission de leurs portefeuilles a augmenté depuis lors. Selon un rapport d’InfluenceMap, de 2020 à 2022, ces banques augmenteront le pourcentage de leur portefeuille investi dans les combustibles fossiles de 16 % à 18 %, pour un total de 275 milliards de dollars.
De plus, malgré leur rhétorique publique en faveur des énergies renouvelables, les banques canadiennes continuent d’investir de manière beaucoup plus durable dans les énergies fossiles. Par exemple, RBC a révélé au contrôleur de la ville de New York qu’elle n’investit que 0,37 $ dans les énergies renouvelables pour chacun. dollar en pétrole, charbon et gaz. Ce scénario a conduit plusieurs équipes environnementales à accuser la banque de greenwashing.
L’ampleur des dangers monétaires et climatiques auxquels sont confrontées les banques canadiennes et leur lenteur à s’aligner sur les objectifs de l’Accord de Paris rendent obligatoire l’adoption d’une loi sur le financement climatique. Il est évident qu’avec la réglementation actuelle sur les jeux d’argent, les banques canadiennes sont peu incitées à apporter le changement obligatoire. Au contraire, ils sont motivés pour prolonger la transition, ce qui nous amène à ne pas atteindre nos objectifs climatiques.
C’est dans ce contexte que le projet de loi S-243, la Loi sur la finance alignée sur le climat (CAFAE), est à l’étude récemment à Ottawa. Ce projet de loi, parrainé par la sénatrice indépendante Rosa Galvez, obligerait les institutions monétaires sous réglementation fédérale à fixer des objectifs alignés sur le climat. , développer les plans de mise en œuvre et détailler les progrès dans les rapports d’étape. Il donnerait au surintendant des institutions financières le pouvoir de surveiller ces plans et leur mise en œuvre. Enfin, il exigerait que les investissements dans les projets émetteurs de GES soient à haut risque pour refléter leur impact réel. , ce qui rendrait l’accès au capital plus coûteux.
Sans surprise, l’industrie pétrolière et l’Association des banquiers canadiens s’y opposent, mais le projet de loi a l’appui de plus de 120 organisations à travers le Canada, et seulement environ 7 000 Canadiens ont signé une pétition demandant que les investissements bancaires au Canada s’alignent sur les objectifs climatiques du pays. De plus, un vote récent montre que 65 % des Canadiens ont besoin que le gouvernement adopte de nouvelles réglementations en matière de finance durable, et qu’un plus grand nombre d’entre eux préfèrent les réglementations obligatoires aux réglementations volontaires. L’appui atteint 78 % des Canadiens lorsqu’on soutient qu’une telle réglementation leur éviterait de l’écoblanchiment. .
L’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, une autorité mondiale en matière de financement climatique, affirme que le secteur monétaire canadien est en déclin et qu’il n’est pas aligné sur les objectifs de l’Accord de Paris. Les dernières années montrent que les engagements volontaires ne fonctionnent pas. Chaque année qui passe, l’aviation monétaire et climatique dans laquelle les banques nous plongent à leurs risques et périls et les nôtres s’étend. Si les banques canadiennes veulent vraiment appuyer la transition du pouvoir, elles devront le prouver en appuyant le projet de loi. S’ils s’y opposent par leur accord et leur lobbying pour maintenir le prestige quo, on peut comprendre qu’ils aient choisi de parier leur avenir et le nôtre sur la fin du monde.
Les faits qu’il expose dans son article ne me surprennent pas vraiment. Il est évident et indéniable que les principales banques et établissements monétaires du monde ont pour objectif principal le profit à tout prix. En gros, ils se fichent du réchauffement climatique. Faire un virage à 180 degrés, c’est comme essayer de faire vivre un poisson hors de l’eau. Personnellement, je ne suis pas optimiste quant à l’évolution des mentalités, préférant que nous ne fuyions pas et que nous devions faire face aux conséquences que nous appréhendons tous. Demander aux banques d’abandonner leur projet numéro un, c’est comme demander à Vladimir Poutine de déposer les armes dans l’affrontement russo-ukrainien. Regardons les choses en face : nous sommes déjà dans la mauvaise spirale. Reculer radicalement reviendrait à mettre un véhicule en mode opposé tout en avançant.
Oui, mais il faudra garder à l’esprit que les banques canadiennes ne font aucun profit et que leurs dirigeants sont au seuil de la pauvreté!!