Les révélations sur les logiciels espions Pegasus révèlent « une crise des droits de l’homme » pour l’ONG Amnesty International, qui a appelé samedi à un moratoire sur la vente et l’utilisation des technologies de surveillance avant l’établissement d’un cadre réglementaire.
L’ONG met en garde contre « les effets dévastateurs sur les droits de l’homme dans le monde d’un secteur de la cybersurveillance mal réglementé ».
Les révélations sur l’affectation de Pegasus « montrent clairement les risques et les dommages auxquels les cibles illégales sont exposées », a déclaré Agnes Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International, citée dans le communiqué.
La société israélienne NSO, qui a conçu le logiciel, « est une entreprise entre autres. Il s’agit d’un secteur dommageable qui fonctionne depuis trop longtemps au bord de la légalité », déplore Amnesty International.
« Il est certainement urgent de renforcer la réglementation du secteur de la cybersurveillance (. . . ) et celle de ce secteur très opaque », a déclaré l’ONG.
Amnesty International demande un « moratoire immédiat sur l’exportation, la vente, le transfert et l’utilisation des technologies de surveillance jusqu’à ce qu’un cadre réglementaire respecte les droits humains soit établi ».
« Le fait que des politiciens de haut niveau aient été pris au piège dans le réseau des technologies de surveillance, nous l’espérons, alertera néanmoins les États du monde entier sur la nécessité urgente de réagir en réglementant ce secteur », écrit l’ONG.
« Si les dirigeants mondiaux sont attaqués de cette manière, il est en outre confirmé que les droits de tous, en plus des militants des droits humains, des journalistes et des avocats, sont menacés », a déclaré Amnesty International.
Introduit dans un smartphone, le logiciel Pegasus vous permet d’envoyer des messages, des photos, des contacts et d’allumer les microphones à distance.
Forbidden Stories et Amnesty International ont reçu une liste de 50 000 numéros de téléphone, décidés par l’intermédiaire des clients de l’OSN depuis 2016 d’être potentiellement surveillés, et l’ont partagée avec un consortium de 17 médias qui ont révélé leur mode de vie dimanche.
La liste des cibles possibles comprend les chiffres d’au moins 180 journalistes, 600 hommes politiques, 85 militants des droits de l’homme et 65 chefs d’entreprise, selon l’enquête du consortium, qui en compte beaucoup au Maroc, en Arabie saoudite et au Mexique.
Le Monde et Radio France, membres du consortium, ont révélé qu’une ligne téléphonique d’Emmanuel Macron parmi les « numéros décidés par un service de sécurité d’Etat marocain (. . . ) pour un éventuel piratage ».