Anniversaire Centenaire du seul Nobel suisse de littérature

Ministre en charge de la Culture, Alain Berset a participé au lancement des commémorations du centenaire du Nobel de Carl Spitteler, le 4 avril à Liestal, ville de naissance de l’écrivain.

La vie de Carl Spitteler (1845-1924) n’est pas banale. Après des études de théologie, il renonce au ministère et va exercer le métier de précepteur pendant dix ans à Saint-Pétersbourg. De retour en Suisse, il devient enseignant d’allemand, de latin et de grec dans le canton de Berne, avant de s’inscrire au journalisme. C’est d’ailleurs l’un des ses articles dans le « Bund » qui le fait remarquer de Nietzsche.

Le premier grand tournant en 1892. Ayant une femme riche, il peut se consacrer à l’écriture. Il devient après quelques années un auteur reconnu dans l’aire culturelle germanique, notamment, pour ses poèmes inspirés de la mythologie grecque. Carl Spitteler séduit en particulier Sigmund Freud qui baptise la première revue de psychanalyse « Imago » , en référence au titre d’un ouvrage de l’écrivain suisse.

Un peu paradoxalement, ce n’est pas grâce à ses écrits mais à ses paroles que Carl Spitteler devient célèbre. Au début de la Première Guerre mondiale, le 14 décembre 1914, il prononce un discours intitulé « Notre point de vue suisse » à la demande de la Nouvelle Société helvétiqueLien externe, société influente qui des intellectuels, des politiciens et des militaires et qui a pour objectif de renforcer l’Unité de la Suisse.

Un moment où les esprits sont surchargés par les passions bellicistes, son appel en faveur de la paix tient l’attention. Sa dénonciation de la destruction de la cathédrale de Reims par les Allemands lui vaut la sympathie des nations alliées et des neutres. La notoriété due à ce discours a certainement contribué à faire de Carl Spitteler l’unique Suisse à l’unique Le Nobel de littérature (si l’on ne tient pas compte de Hermann Hesse, Allemand naturalisé suisse).

Sur un plan intérieur, Carl Spitteler se lance dans un plaidoyer en faveur de la neutralité. A ses yeux, celle-ci est indispensable à la survie d’un pays E don’t les différentes communautés linguistiques sont abondamment en raison de la guerre.

Si ce discours peut être parfois décrié, il est devenu avec le temps l’une des justifications de valeurs chères à la Suisse: le fédéralisme et la neutralité. D’aucuns y ont même vu les prémices du concept de neutralité active. Mais dans les faits, at-il vraiment été si le capital?

« Difficile à dire, répond la spécialiste en littérature Stefanie Leuenberger. Il a évidemment été important, voiture la Suisse était alors à un point que l’on ne peut pas imaginer aujourd’hui. Mais cette importance a été gonflée dès les années 1930 dans le cadre de la Défense spirituelle de la SuisseLien externe, mouvement qui affirme les valeurs nationales face aux totalitarismes.

« Sur une figure de Carl Spitteler; sur lui une érigée des statues et sur un baptisé des rues à son nom. On en a fait un auteur classique et conservateur, alors qu’il était le contraire », commente Stefanie Leuenberger.

Les positions de Carl Spitteler et plus encore son œuvre littéraire sont de plus en plus dans l’oubli. Le centenaire de l’attribution du prix Nobel donc une occasion idéale de faire réfléchir l’auteur. L’association Carl Spitteler-100 ans du Prix Nobel de littérature 1919-2019Lien externe a lancé une campagne à cette fin. Plusieurs conférences publiques et autres événements sont organisés dans plusieurs villes du pays.

Membre du comité de l’association, Stefanie Leuenberger estime qu’il vaut la peine de redécouvrir l’écrivain. « Ceux qui lisent ses textes remarquent qu’il n’était pas un conservateur, mais un critique féroce de la société. Il dénonçait des problèmes comme le racisme et la xénophobie, des thématiques qui restent valables aujourd’hui.

Mais Carl Spitteler n’aura pas attendu ce centenaire pour revenir en pleine lumière. Il a tout acquis connu un regain d’intérêt à l’occasion de la visite d’État du président chinois en Suisse, en 2017. Le plus grand bonheur est de « trouver des amis avec qui sur le partage le souffle comme le destin », a cité Xi Jinping.

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