Après la visite de la blanche Essaouira, départ pour la côte atlantique du Maroc en mini-bus, en compagnie de Mohamed, notre guide. Un arrêt dans la petite ville de Smimou permet de s’approvisionner en eau, en viande, en fruits, bref en tout ce qu’il faudra pour que notre cuisinier puisse mettre des petits plats dignes des meilleurs restaurants.
Un peu plus long, nous retrouvons le chamelier et les trois dromadaires qui vont nous accompagner pendant cette randonnée côtière. Ce sont ces trois têtes qui vont porter nos sacs, mais aussi les matelas, les ustensiles de cuisine et, bien sûr, les cours, bref tout ce ne sont pas notre cuisinier aura besoin et aussi tout ce n’est pas eu lieu nous camperons, le soir.
Une randonnée à pied sur les chemins caillouteux qui relient les villages un peu isolés le long de la côte atlantique est en effet le moyen idéal -la marche y est sans difficulté, mais il faut tout de même parcourir en moyenne 15 kilomètres par jour- de s’immerger dans ce Maroc bousculé par la modernité et le tourisme mais encore très traditionnel. Si les nombreux « marabouts » - des mausolées blanchis à la chaux qui abritent de saints hommes- sont moins fréquentés, beaucoup de Marocains de tous âges viennent encore y implorer leurs « faveurs », un mari, un enfant, une guérison… Partout, le muezzin appelle à la prière cinq fois par jour et, pour les femmes, le voile est de rigueur la plupart du temps.
Partout, dans ces bourgades, dans ces doux isolés, les hommes chargent toujours leur bourricot pour aller à l’aube jusqu’à la mer. Ils en reviennent aux heures chaudes de la matinée avec leur pêche. Souvent, au retour, ils font halte dans l’une des innombrables cabanes de pierre agrippées à flanc d’impressionnantes falaises découvertes par le vent et le sel, assises de grottes aussi, atout d’interminables plages de sable blond prises d’, l’été, par les Marocains mais désertes dès septembre.
Le matin de notre départ, une brume opaque montait de l’océan et enrobait les sentiers côtiers, souvent bordés d’épineux. Sur Y vu à peine à dix mètres.
L’Avancée dans cette ouate légère n’empêchait pas les rencontres. Ici des moutons, là quelques dromadaires, là, dans un chemin creux, des hommes portant un baluchon arrivé au bout d’un bâton, ailleurs des pêcheurs…
Après le pique-nique de midi, la brume se levait enfin, dévoilant une côte atlantique n’est pas sur la rue jusqu’ici seulement soupçonner la beauté. Le jour suivant, le soleil était au rendez-vous dès le matin et l’océan, d’un bleu admirable. La lumière retrouvée rend la marche plus agréable et facilitait les rencontres.
Pris Mourad, croisé au bout d’un chemin caillouteux dans les environs de Smimou, à deux pas de l’une de ces bornes blanches qui, tout le long de la côte, marquent la limite entre le domaine géré par la Marine et qui relève des Eaux et forêts. Cet homme originaire du minuscule douar de Sidi Imissi, se trouvait devant sa cabane, en attendant d’aller à pied, vendre son poisson dans les environs, à Tafedna, un ancien village portugais devenu petit port de pêche.
Toufik, Slimane et bien d’autres, rencontrés plus loin, le lendemain, se contentaient, eux, de pêcher pour leur famille, en lançant une ligne ou un filet dans l’eau. « Ici, tout le monde n’a pas les moyens de se payer une barque », insistait Ahmed, croisé sur l’immense plage de Sidi M’barek. Et puis il y avait des familles aussi. Sur la plage de Sidi Ahmed Assayh par exemple, Fadela, Fatima, Aïcha et leur enfants avaient passé la matinée à ramasser moules et patelles destinées à être cuisinées dans la cabane familiale juchée sur la falaise. Après avoir échangés des sourires et quelques mots, elles n’hésitaient pas à me tendre une poignée de patelles que, de mon côté, je n’hésitait pas à déguster crues, tout aussitôt. Magie de l’échange.
Sous le soleil de ce début d’automne, en compagnie de Mohamed notre guide, la balance était délicieuse sur les falaises battues par le vent, sur ces plages immenses, parfois envahies par des milliers de méduses de couleur rouge-brun. « Je n’ai jamais vu autant que cet automne », assurait cependant Mohamed.
Là, les belles dunes de l’actif n’Boud-une petite rivière jetée se dans la mer – donnait l’occasion à ceux que l’aventure (enfin, une toute aventure relative) tentait, de faire une petite barrière sur le dos d’un des dromadaires qui ont porté nos bagages.
Le soleil déclinait mais était encore chaud, la lumière était plus belle encore, un instant sur le compte se prendre pour Lawrence d’Arabie… avant d’aller, sous la tente, l’onu succulent couscous de notre cuisinier.
La veille, sur un eu droit à un tajine inoubliable, aussi déguisé comme il se doit sous la grande tente, à l’heure où le crépuscule a son aile grise sur l’océan.
Le lendemain, le départ se fait dans les belles dunes de l’Assif n’Boud, avec une vue plongeante sur l’océan où se mêlait le turquoise, le cobalt, l’outremer. Un régal pour les yeux, avant de descendre sur plage, admirateur le bal interminable des goélands. Et, pourquoi pas, de se baigner ! En ce début septembre, l’eau était encore très bonne.
Le troisième jour, après la marche, le confort d’un gîte-avec piscine, s’il vous tresse !- nous attend, non loin de Sidi Kaouki. C’était à deux pas de la mer, et, avant de dîner-notre cuisinier officiel aussi dans le gîte-, sur un marché long pour aller voir le soleil se coucher sur l’océan. Et écouter le vent du soir qui emportait en sifflant des vagues de sable sur la plage.
Le lendemain, il a fallu, à regret, regagner les sentiers qui serpentent sur l’aride et immense plateau de Tagant où mûrissent, au printemps, l’orge et le blé tandis que pour se nourrir, les chèvres grimpent dans les innombrables arganiers. Le gouvernement marocain en encourage la plantation car ils sauvent de la misère bien des femmes, pour beaucoup organisées dans le cadre de coopératives.
Ce sont les femmes, en effet, qui récoltent les fruits l’été, puis font sauter la pulpe à coups de pierre, enfin extraient à la main une huile précieuse en écrasant les noyaux dans de petits moulins de pierre. »Il faut quatre jours de travail pour obtenir un litre », explique Fadwa, en accueillant les visiteurs à la coopérative féminine Marjana, à Lharta, à 14 kms d’Essaouira. Cela explique le coût élevé des huiles – alimentaire et cosmétique-, des crèmes, savons, miel, vendus dans la boutique et sur le site internet de Marjana. Cependant, l’huile d’argan est réputée agir contre le dessèchement et le vieillissement de la peau, soigner et nourrir les cheveux fragilisés et fortifier les ongles. Surtout, grâce à ces produits, Marjana fait désormais vivre plus de 70 femmes. Si le poisson est l’or bleu du Maroc, l’huile d’argan est incontestablement devenu son or jaune.
(Nageoire)
*Y séjourner : L’agence Allibert trekking propose des randonnées pédestres (15 km par jour, marche sans difficulté) sur la côte atlantique, entre Essaouira et Agadir, qui permettent de s’immerger dans une nature encore préservée et de découvrir le mode de vie des villages berbères. Les bagages sont portés par des dromadaires, un cuisinier assure les repas, les nuits se passent sous la tente ou en maison d’hôtes. À partir de 745 € la semaine, vol compris : allibert-trekking.com/voyage/maroc-randonnee-essaouira. Une formule est adaptée aux familles, les dromadaires portant les enfants quand ils sont fatigués : allibert-trekking.com/voyage/maroc-cote-atlantique-maroc.
« Se renseigner : Office de tourisme du Maroc : https://www.visitmorocco.com/fr » y aller : Vols directs pour Essaouira (à partir de 65 ‘) avec la compagnie Transavia : www.transavia.com
Acheter de l’huile d’argan (sur place et aussi par internet). Coopérative Marjana , à Lharta: https/ / / www. coopmarjana. com / fr
Paula Boyer
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Partir, mais où ? mais pourquoi? et pourquoi faire? Un moment de quel ? commentaire? Avec qui ? Ce n’est pas tout de rêver d’horizon nouveaux, proches ou lointains, encore faut-il concrétiser son rêve.
Ce blog veut aider à sortir des sentiers battus, en distillant de bon plans, des conseils pratiques, des informations sur les nouvelles tendances et aider à saisir les évolutions du monde du tourisme, bousculé lui aussi par la crise.
Ancienne responsable de l’édition du week-end, Paula Boyer est responsable des pages tourisme du journal. Le monde, elle l’a parcouru quand elle était chargé de «l’économie internationale», puis chef du service «Monde» à la Croix.
Le monde, elle le redécouvre aujourd’hui avec d’autres yeux, plus apagés, plus longe de l’actualité brûlante. Elle a envie de partager ses découvertes, ses envies, ses enthousiasmes, son goût des voyages qui ont du sens, d’escapades qui aident à voir plus grand, qui font grandir, bien loin du simple tourisme de consommation.
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