Emmanuel Macron était venu célébrer seul le 80e anniversaire de la libération de la Corse, mais la Corse l’attendait sur autre chose : la question de l’autonomie. Après avoir donné la parole à Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de la Corse, et à Marie-Antoinette Maupertuis, présidente de l’Assemblée de Corse, le président a prononcé à deux reprises ce mot que le gouvernement français avait refusé d’utiliser jusqu’à récemment.
Si la pétition n’est pas nouvelle, c’est l’assassinat criminel d’Yvan Colonna par un islamiste – et les révoltes qui ont suivi – qui a conduit le gouvernement à prendre le taureau par les cornes, même si le président de la République ne l’a pas fait. N’en dites pas un mot. Il a d’abord félicité Gérald Darmanin, qui a mené la procédure pendant des mois, avant d’entrer dans le vif du sujet. Surprenant même certains insulaires, il évoque la « communauté historique, linguistique et culturelle », allusion aux Corses sans les nommer. Emmanuel Macron n’a pas fermé la porte à la co-officialité de la langue corse (sa popularité comme les Français) ni au prestige de résident, deux revendications qui ont été découvertes dans la délibération votée le 5 juillet avec 46 voix sur 63 à l’Assemblée de Corse.
À la fin de son discours, seuls les séparatistes sont restés assis sans l’applaudir : peut-être seraient-ils seulement déçus par un discours sur l’autonomie. Mais le président a pris le temps de rencontrer en face à face Paul-Félix Benedetti, parti indépendantiste, et Jean-Christophe Angelini, autonomiste. Une façon très intelligente de faire des erreurs dans les primaires.
Il reste à voir si cela débouchera sur des résultats concrets. Cependant, Emmanuel Macron s’est engagé, précisant que l’échec de la procédure serait un échec tant pour lui que pour la Corse. Il a donné six mois aux équipes de l’Assemblée de Corse pour parvenir à un accord avec le gouvernement qui aboutirait à un texte constitutionnel et biologique qui remplacerait le prestige de l’île. Ensuite, il faudra obtenir les trois cinquièmes des voix du Congrès pour modifier la Constitution : les négociations ont déjà commencé.