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Thomas r’er a créé, au Collège de France, la chaire « Milieux bibliques ». Le chercheur insiste sur le terme de « milieux », voiture « la Bible n’est pas tombée du ciel. Elle est le fruit d’un contexte ».

« Lorsque des producteurs hollywoodiens ont appris que nous pensions localement l’endroit où a été placée l’Arche d’Alliance et qu’ils ont su que nous nous apprenions à conduire une campagne de quatre archéologues sur place, ils nous ont contactés pour nous demander s’ils pouvaient venir nous filmer. Peut-être pensent-ils que nous nous apprécions à exhumer les Tables de la loi », s’esclaffe Thomas r’mer.

Si le fait d’être comparé à Indiana Jones semble beaucoup l’amuser, il faut bien convenir que, sur le papier, le philologue allemand élu, en juin dernier, à la tête du Collège de France, affiche le même CV que l’archéologue incarné par Harrison Ford. Enseignant-chercheur, spécialisé en histoire biblique dans une institution prestigieuse (fondée en 1530), aussi à l’aise en latin qu’en grec et en hébreu, mais déchiffrant aussi l’araméen, l’ougaritique et l’akkadien, le docte enseignant aime confronter les textes anciens à la réalité du terrain. « Le seul point commun avec le personnage du film, c’est que j’ai accepté en 2017 de participer à un programme de fouilles sur un site exceptionnel », tente de relativiser l’universitaire, redevenu sérieux.

Si le terme ne lui semblait pas « lourd de sous-entendus », Thomas Römer se définirait comme « exégète ». Mais le mot, en français, lui apparaît trop connoté. « Quand on parle d’un exégète biblique, on imagine quelqu’un tourné vers l’apologétique. Or, ma démarche est tout autre. Je me contente d’étudier le texte comme un archéologue examine, une à une, les strates d’un site. Ma conception du texte est simple : la bible est une bibliothèque. Ce livre fait partie du patrimoine commun de l’humanité. L’étudier est une nécessité si l’on veut comprendre le monde dans lequel on vit. Mais pour le faire, il faut le mettre en perspective avec les autres sources historiques dont nous disposons », émet le chercheur.

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Né le 13 décembre 1955 à Mannheim, dans le sud-ouest de l’Allemagne, Thomas Römer se rêvait, à l’adolescence, professeur de langues. « Un conseiller d’orientation m’a dissuadé d’embrasser cette carrière. C’est à lui que je dois d’avoir fait des études de théologie », confie l’universitaire qui relève que ce cursus ouvre, outre-Rhin, des horizons plus vastes qu’en France. « La théologie mène à tout dans mon pays. On peut devenir banquier ou haut fonctionnaire après avoir étudié cette matière. Au départ, je ne souhaitais pas m’enfermer dans ce domaine. Je voulais, en parallèle, continuer d’étudier le français, mais j’ai raté le jour des inscriptions », sourit-il. À quoi tiennent les vocations !

C’est à un enseignant que le jeune Römer doit sa passion pour la matière biblique. « Il s’appelait Rolf Rendtorff et développait une approche iconoclaste du texte. La manière historico-critique dont il concevait la recherche m’a séduit », déclare Thomas Römer qui poursuit, sous la direction de cet universitaire engagé politiquement, un doctorat. Pour sa thèse, l’étudiant défriche le livre de l’Exode. Cet ouvrage, qui constitue le deuxième livre du Pentateuque, est celui où émerge la notion de peuple juif. Issu d’une famille protestante où la Bible hébraïque est envisagée comme l’Ancien Testament, l’étudiant s’immerge pendant quatre ans dans ce texte. « Je n’ai jamais fait ma psychanalyse. Mais je pense qu’il est probable que le fait d’avoir grandi en Allemagne dans l’immédiat après-guerre, dans une société hantée par la culpabilité de la Shoah, a nourri l’intérêt que je pouvais avoir pour cette thématique », confie-t-il.

Le fait d’être, d’une certaine manière, un « déraciné » a également dû jouer. Sa famille paternelle (« des paysans », émet-il) est originaire de Poméranie, une région germanophone de la Pologne. Celle de sa mère (« des petits commerçants », glisse-t-il) vient de Silésie, là encore une zone de Pologne peuplée d’Allemands avant 1945. « C’est parce que mon père, mobilisé pendant la guerre, a été interné à la Libération dans un camp de prisonniers à Mannheim, où la famille de ma mère avait déménagé que nous sommes nés, mon frère et moi, dans cette ville », poursuit Thomas Römer qui achève ses études de théologie et de sciences des religions à Heidelberg puis à Tübingen.

L’étudiant qui a commencé à vivre entre Paris et Genève, ébauche, à la fin des années 1970, une théorie qui rencontrera un bel écho lors de la publication de sa thèse en 1988. À ses yeux, le livre de l’Exode (intitulé « Shemot/ שְׁמוֹת » en hébreu, un terme qui signifie « les Noms ») conjugue deux récits antagonistes. « Le peuple juif, comme tous les peuples, est écartelé entre deux mythes fondateurs opposés l’un à l’autre. Le premier met en avant l’autochtonie de ses origines. Il signifie que le peuple est enraciné dans un territoire, qu’il puise sa légitimité de son implantation immémoriale sur un sol, en l’occurrence, la terre de Canaan. Le second laisse entendre que le peuple vient, au contraire, d’ailleurs et a pris possession d’un espace qui lui était certes promis mais qu’il a dû conquérir [un récit contenu dans le livre de Josué, NDLR]. Le texte biblique est traversé par cette apparente contradiction », analyse le chercheur.

Malgré le retentissement de ce premier travail de recherche, le chercheur peine à trouver sa place entre la France et la Suisse. Sur les conseils de Françoise Smyth-Florentin, il accepte, en 1983, un poste d’aumônier à l’université de Nancy. Pasteur stagiaire de l’Église réformée de France, il y anime des cours et séminaires à l’attention des étudiants étrangers, notamment coréens et malgaches pendant deux ans. « Mais je n’avais pas la vocation. Je ne me suis jamais vu comme un référent spirituel. Les gens attendaient de moi des réponses à des interrogations métaphysiques alors que je n’aime rien d’autre que les questions », déclare Thomas Römer. Sa thèse, une fois soutenue à l’université de Genève, auprès d’Albert de Pury, il poursuit sa carrière sur les bords du Léman. « Chaque lundi, je prenais le TGV et revenais à Paris le jeudi soir. »

Thomas Römer rejoint l’université de Lausanne au début des années 1990. Il en sera le doyen de 1999 à 2003. Ses talents de pédagogue et les audacieuses théories qu’il échafaude alors sur les origines du monothéisme lui valent une notoriété mondiale. Il établit, de fait, des parallèles inédits entre les cosmogonies égyptiennes, mésopotamiennes et juives, explique que le Créateur évoqué dans la Torah synthétise les attributs de divinités antérieures connues sous le nom d’El et de Baal, évoque même l’existence d’un pendant féminin, Ashérah, à celui que les Juifs désignent par un tétragramme imprononçable. Professeur invité de Montpellier à Mexico, de Neuchâtel à New York, en passant par Managua, le théologien accroît son audience à la faveur de documentaires où il vulgarise ses travaux.

C’est sur l’un de ces films qu’il rencontre Israël Finkelstein. « Nous nous étions déjà croisés en colloque. J’avais lu avec intérêt son ouvrage, la Bible dévoilée (Bayard, 2002), mais c’est autour de 2010 que nous avons commencé à nous connaître vraiment », confie-t-il. Entre le directeur de l’Institut d’archéologie de l’université de Tel-Aviv qui n’hésite pas à bousculer les plus hautes autorités religieuses israéliennes et le théologien allemand, qui vient de rejoindre l’École pratique des hautes études, le courant passe tout de suite. « Assez vite, Israël Finkelstein m’a proposé d’explorer la colline de Kiryat Ye’arim ( (קִרְיַת יְעָרִים). J’ai eu beau lui signifier que je n’avais aucune expertise archéologique, il m’a rétorqué que je faisais déjà un travail d’archéologue dans l’étude de mes textes. »

Le chercheur israélien loue ses qualités de diplomate. « Sans lui, jamais je n’aurais pu convaincre la congrégation de religieuses françaises et maltaises qui occupent cette localité proche d’Abou Gosh», glisse-t-il. « Les sœurs nous avons laissé explorateurs les abords de leur église en 2017 et 2019 quand elles ont compris que nous n’entendions pas perturber leur quotidien.

Lorsqu’en septembre dernier, l’équipe franco-israélienne qui fouille le site a annoncé avoir identifié des ruines de forteresses remontant à plus d’un millénaire avant notre ère, le grand public a retenu son souffle. Et quand Thomas Römer a émis l’idée que le site pourrait être celui où, selon « le livre de Samuel » aurait été conservée, pendant vingt ans, l’Arche d’Alliance, avant que le roi David ne la rapatrie à Jérusalem… les producteurs hollywoodiens se sont mis à le courtiser. « Nous n’avons pas mis longtemps à doucher leur enthousiasme », balaye-t-il tout en reconnaissant qu’il n’aurait jamais imaginé explorer une telle hypothèse avant de devenir archéologue.

Depuis 2008, le chercheur donne, chaque semaine, des cours au Collège de France. Chaque jeudi après-midi, l’amphithéâtre où il dispense ses enseignements affiche complet. « La fascination du public pour le sujet que je professe tient, de mon point de vue, au retour du refoulé. Une laïcité mal comprise a gommé le fait religieux de la sphère publique. Les gens sont pourtant fascinés par ce récit », veut-il croire. « La dimension mythologique du texte emporte peu. La beauté du mythe est qu’il se moque de la logique narrative. C’est une histoire qui ne s’est jamais passée, mais qui se passe tous les jours, car elle explore des constantes anthropologiques qui nous parlent aujourd’hui encore », conclut-il.

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