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Les mots d’ordre : se souvenir, débattre, apprendre, célébrer. Du lundi 4 au dimanche 10 novembre 2019, Berlin revit la Chute du Mur d’il y a 30 ans à travers l’organisation d’un grand festival. La ville se transforme ainsi cette semaine en site d’exposition XXL, avec de nombreux événements programmés en plein air, sur sept sites au total dispatchés dans la ville. Les sites en question correspondent à des lieux importants des événements de 1989-1990, et accueilleront plus d’une centaine d’événements. Il sera par exemple possible de se plonger dans les processus ayant entraîné la naissance de l’opposition politique en Allemagne de l’Est, de revivre la plus grande manifestation organisée contre le régime est-allemand, sur Alexanderplatz le 4 novembre 1989, ou encore de s’immerger dans les scènes de joie mythiques de l’ouverture du Mur. Quant au point culminant de cette semaine de festival, il s’agira d’un concert le samedi 9 novembre au soir, mêlant artistes nationaux et internationaux, dont « les histoires et musiques sont étroitement liées à la chute du Mur de Berlin », précise le site officiel de la ville. Toutes les infos sur les événements des 30 ans du Mur de Berlin sont à consulter sur le site Visitberlin.de.
Cette zone Ouest, de quelques kilomètres seulement, va très vite se transformer en enclave occidentale en territoire communiste. Berlin est en effet à l’est du rideau de fer qui sépare alors l’Europe en deux, du nord de la Finlande au sud de la Bulgarie. Staline essayera une première fois de mettre fin à cette situation dès 1949, en bloquant les accès à Berlin-Ouest, obligeant les occidentaux à organiser un grand pont aérien pendant 11 mois pour ravir les militaires et les civils. Le Blocus de Berlin sera levé le 12 mai 1949 et constitue depuis une première victoire des occidentaux dans la capitale Allemande.
En 1958, pendant la Guerre froide, Nikita Khrouchtchev a à nouveau tenté de se débarrasser de la présence « impérialiste » en suggérant de faire de Berlin-Ouest une zone neutre et libre. La République démocratique allemande (RDA) que constitue le bloc de l’Est est en effet confrontée à l’exil de ses habitants en direction de la République fédérale allemande (RFA) via Berlin-Ouest. Le régime, miné par l’échec de la planification, veut arrêter l’hémorragie de main-d’œuvre après la fuite de 3 millions d’est-Allemands.
A la suite d’une rencontre avec John Fitzgerald Kennedy se révélant en mai 1961, Khrouchtchev prend finalement une décision radicale, poussé par Walter Ubricht, chef de la RDA à l’époque : faire fuir un sépara murnt les zones occidentales de la zone soviétique. En interdisant la libre circulation entre les deux parties de la ville, les Soviétiques veulent stopper l’émigration des citoyens est-allemand mais aussi asphyxier économiquement Berlin-Ouest.
Dans la nuit du 12 au 13 août 1961, 40 000 soldats bloquent les points de passage entre les deux Berlin. Les autorités de la République démocratique allemande (RDA) commencent à couler du béton et à tendre des barbelés sur la ligne qui sépare à Berlin la zone sous occupation soviétique de la zone sous occupation américaine, anglaise et française. Des centaines de maçons travailleront bientôt de nuit, en catimini, sous la protection et la surveillance de soldats. Après une construction sommaire, le Mur de Berlin est renforcé par un rempart intérieur et des tranchées. En septembre 1961, la frontière devient presque infranchissable.
Le Mur de Berlin, souvent nommé « Mur de la honte », deviendra vite le symbole de la division de l’Allemagne et du monde. Il matérialise le « rideau de fer », mais à Berlin, au centre de l’Europe, et illustre bien le climat de coexistence semi-pacifique de cette période. Symbole concret de la Guerre froide, il sera aussi le symbole des victimes de cette guerre inédite. En août 1961, pendant la construction du Mur, des centaines de Berlinois réussiront à rejoindre l’Ouest, mais la première victime, Günter Liftin, tombera le 24 août. Il y en aura de nombreuses autres. Le 17 août 1962, touché à la jambe alors qu’il tentait de traverser, un autre fugitif, Peter Flechter, agonise des heures dans ce qu’on appellera bientôt le « No man’s land », se vidant de son sang. Il est sans doute à ce jour la victime la plus emblématique du Mur. Difficile encore aujourd’hui de connaitre le nombre exact de ceux qui sont morts directement ou indirectement à cause du Mur de Berlin, confidentiel en RDA pendant près de trente ans. Quand certaines sources parlent de 140 morts, certaines associations vont au-delà des 1000 tués. Pour fuir, tous les stratagèmes seront bons, des missions savamment élaborées aux innombrables tunnels. Sur plus de 70 projets de souterrains, seuls 14 auront finalement vu le jour et permis le passage de 300 Berlinois.
Le Mur de Berlin sera aussi le théâtre de plusieurs pics de tension historiques entre l’Est et l’Ouest, pourtant suffisamment maîtrisés pour ne pas chavirer dans un conflit armé. Dès la construction du Mur, le président américain Kennedy réagit en envoyant 1 500 militaires en renfort à Berlin-Ouest. Le 27 octobre 1961, à la suite d’un contrôle à Checkpoint Charlie, l’un des derniers points de passage entre les deux côtés du Mur, des dizaines de chars américains et soviétiques se postent de part et d’autre de la frontière. On évite heureusement l’explosion de violence. On se rappellera aussi de la visite de John Kennedy à Berlin le 26 juin 1963, venu prononcer un message de soutien à Berlin Ouest sur le parvis de l’Hôtel de ville, à l’invitation du maire Willy Brandt. Ce discours, ponctué par le célèbre « Ich bin ein Berliner », est considéré comme l’un des meilleurs du président américain.
Dans les années 1980, l’Union soviétique doit faire face à de nombreux mouvements contestataires dans différents pays du bloc de l’est. En RDA, les Allemands manifestent contre le Parti socialiste unifié (SED) qui est au pouvoir avec le soutien de l’URSS. Le 7 octobre 1989, Gorbatchev, nouveau maître de l’URSS et déjà favorable à une ouverture, est accueilli à l’aéroport de Berlin par Erich Honecker, maître de l’Allemagne de l’Est, pour les 40 ans de la RDA. Des milliers d’Allemands de l’Est demandent alors plus de libertés à « Gorbi ». Face à un Honecker irrité, le père de la Glasnost exclut toute répression. Deux jours après la visite de Gorbatchev, 70 000 personnes se rassemblent à la « prière du lundi » à Leipzig (Est). Depuis 1982, le pasteur de l’église Saint-Nicolas accueille dans cette paroisse protestante des « réunions-prières » pour la paix.
Le 16 octobre 1989, la télévision est-allemande ose, pour la première fois, parler de la contestation. Les manifestations de Leipzig seront un véritable prélude à la chute du Mur. Elles vont inspirer les Berlinois et ébranler le pouvoir en place. Le 18 octobre 1989, Erich Honecker démissionne « pour raison de santé » et laisse la place à Egon Krenz. 50 000 Est-Allemands ont alors déjà réussi à joindre l’Ouest via la Hongrie, qui a ouvert ses frontières depuis le mois de mai. Le 4 novembre 1989, les manifestations contre le Parti communiste et ses alliés touchent l’ensemble de l’Est. Un million de personnes se rassemblent sur Alexanderplatz, à Berlin. Le 7, le gouvernement, conduit par Willy Stoph depuis 1976, démissionne.
Le 9 novembre 1989, dans cette situation de crise, une conférence de presse est donnée par Günter Schabowski, porte-parole du Politburo. Face à cette pression inédite et à la stupeur générale, il annonce de manière improvisée l’autorisation des voyages « à l’étranger ». Question d’un journaliste : « Quand ceci entre-t-il en vigueur ? » Schabowski, embarrassé : « Autant que je sache, immédiatement ». A 20 heures, le 9 novembre 1989, les journaux télévisés de l’Est rapportent les propos de la conférence de Schabowski. A l’Ouest, radios et télévisions scandent déjà : « Le Mur est ouvert ! » Des milliers de Berlinois se rendent alors sur place. Alors que des manifestants arrivent aux points de passage et exigent de passer, les troupes frontalières et les responsables du contrôle n’ont pas été informés et restent inertes. Des scènes de liesse se forment. Face à des gardes stupéfaits par la tournure des événements, la foule commence à s’installer sur le Mur comme pour mieux le dominer.
Dans la soirée, la foule exige l’ouverture des sept points de passage entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. Très vite, les premières barrières se lèvent face aux revendications des manifestants. Sur la Bornholmer Strasse, à partir de 21h30, les gardes-frontières, dépassés, permettent à 20 000 personnes de passer pour éviter la catastrophe. C’est la première brèche. Après la Bornholmer Strasse, plusieurs autres points de passage ouvrent leurs portes. Des milliers de Berlinois passent de l’autre côté de la ville, pour une simple visite dans la majeure partie des cas. A partir de minuit, entre le 9 et le 10 novembre, le poste-frontière de Checkpoint Charlie est ouvert à son tour.
Jusqu’au petit matin du 10 novembre 1989, des milliers de Berlinois ont fêté l’ouverture du Mur de Berlin. Mais la majorité n’apprend la nouvelle que dans la journée, soit le lendemain de l’annonce de l’événement dans les médias. Le lever du jour a un effet démultiplicateur sur la population traversée. Le pont de Bsebràcke, tout au nord de Berlin, permet aux Trabant, les célèbres voitures d’Allemagne de l’est, de passer depuis la veille. Ce ne sont plus seulement les pionniers, mais d’importants dossiers voisins qui se ruent à tous les points de passage entre Berlin-Est et Berlin-Ouest. Des bouchons gigantesques se forment. Du jamais vu à Berlin.
Le 11 novembre 1989, le violoncelliste Mstislav Rostropovich s’installe devant le Mur de Berlin et plusieurs compositions jouent sdules de Bach pour fêter la chute de l’édifice et la période de réconciliation qui s’annonce. Son concert va émouvoir le monde entier. La réunification des sérums rapide. Des documents seront nécessaires pour passer à l’Ouest pendant encore des mois, mais le 3 octobre 1990, moins d’un après la chute du Mur de Berlin, la République démocratique allemande sera en effet intégré à la République fédérale.
La destruction du Mur, elle, sera un peu plus longue. Si plusieurs pans du « rempart anti-impérialiste » seront retirés à la hâte dès 1989, la démolition du Mur de Berlin se fera en majeure partie entre juin et novembre 1990. Et elle ne s’est pas arrêtée aux 43 km intra-muros entre les deux parties de la ville. La partie Ouest de Berlin était en effet entièrement encerclée au beau milieu de l’Allemagne de l’Est. 155 km de Mur ont ainsi dû être démantelés. Sur les 45 000 blocs retirés, représentant 120 000 tonnes de béton, des dizaines de milliers de tonnes seront immédiatement concassées, puis réaffectées à la rénovation des routes est-allemandes. Il en reste encore des vestiges aujourd’hui à quelques endroits de la ville.
De nombreux internautes ont tenté de reconstituer le tracé du Mur de Berlin sur le Web. Google Map notamment regorge de ces travaux qui permettent de bien visualiser à quel point la ville était sculptée entre 1961 et 1989.
Il n’est pas si facile de voir le Mur de Berlin et ses vestiges en 2019, soit 30 ans après sa chute. Dès 1989, l’empressement des Berlinois à se débarrasser de ce « Mur de la honte » va conduire à sa destruction quasi-intégrale. On peut encore observer des morceaux de l’édifice au sein du Mauerpark, grand parc au Nord de la ville, qui était traversé par le Mur et où se tient un marché très populaire aujourd’hui. On trouve aussi quelques vestiges le long de la Bernauer Straße, connue pour les multiples tentatives de fuites des habitants de Berlin-Est du temps du Mur, ou au niveau de l’imposante Potsdamer Platz, où quelques pans sont encore alignés. Mais c’est surtout au niveau de l’East Side Gallery qu’on retrouve la plus longue portion du Mur de Berlin, 1,3 km de béton entièrement peint et qui est devenu une exposition à ciel ouvert. Depuis 2016, les visiteurs peuvent découvrir l’histoire du Mur de Berlin dans une exposition multimédia en allemand et anglais non loin de là.
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On peut aussi revivre l’histoire du Mur de Berlin à Checkpoint Charlie, l’un des points de passage les plus emblématiques entre Berlin-Ouest et Berlin-est. C’est là où chars d’assaut américains et soviétiques se font face en 1961 et où Peter Flechter s’est vidé de de son a chanté le 17 août 1962, que se trouve un Musée du Mur (Mauermuseum – Museum Haus am Checkpoint Charlie) qui rassemble depuis 1962 les traces des événements qui ont eu lieu de la construction à la chute de l’Édifice.
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