Après un faux départ l’an dernier, le Centre national du cinéma (CNC) vient officiellement de lancer son plan en faveur du mécénat pour la restauration des vieux films de patrimoine. En dépit de l’effort général d’équilibrage des comptes publics, l’institution au coeur du cinéma français a réussi à obtenir le droit d’émettre un reçu fiscal donnant droit à des allègements d’impôts. Comme les mécènes d’autres arts, ceux qui veulent sauver des Rohmer ou des Franju obtiendront ainsi une réduction d’impôt sur le revenu de 60 % du montant du don, pour les entreprises (dans la limite de 0,05 % du chiffre d’affaires), et de 66 % pour les particuliers (dans la limite de 20 % de l’impôt).
De 2012 à 2019, 68 millions d’euros ont été attribués aux ayants droit d’oeuvres de patrimoine pour la numérisation et la restauration de 1.200 films, précise le CNC. Mais l’institution ne peut budgéter désormais que 2,8 millions par an pour ce poste si elle veut équilibrer son budget. Or « la richesse du patrimoine à restaurer et le coût très élevé de ces opérations particulièrement complexes génèrent un besoin de financement considérable », dit le CNC. D’où le recours au mécénat.
Des entreprises ont déjà soutenu la restauration de films : la fondation GAN ou des marques de luxe (Chanel pour « L’Année dernière à Marienbad »). Il s’agit dans ce cas-là de sponsoring. Les montants peuvent être passés en charges pour réduire le bénéfice imposable mais c’est moins avantageux que le mécénat.
Le CNC se propose d’agir en « tiers de confiance » car une entreprise ou personne privée, le propriétaire du film, ne peut pas recevoir de mécénat. « L’ayant droit du film autorise le CNC à restaurer son film grâce à l’argent du mécénat ; le mécène et le CNC s’accordent sur les contreparties dont bénéficiera le mécène ; les travaux se font sous la seule responsabilité du CNC en lien étroit avec l’ayant droit du film, par des prestataires et dans le cadre de marchés conclus par le CNC ; enfin, l’ayant droit informe le mécène et le CNC des exploitations ultérieures du film et autorise le CNC à utiliser la version restaurée dans le cadre d’actions culturelles non commerciales, de contreparties, et de communications autour du dispositif », précise le CNC.
Aujourd’hui, plusieurs laboratoires pourront être choisis (il y en a une demi-douzaine en France) pour la restauration d’un film. Le CNC précise bien par ailleurs que le mécénat se justifie lorsqu’il supplée le marché. Il n’y aura pas d’argent public pour un film comme « La Grande Vadrouille » qui continue à être acheté cher par les chaînes de télévision.
Nicolas Madelaine
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