Stade Rennais. Olivier Letang, les raisons du départ

Une décision rendue en décembre

Actée depuis fin décembre, l’officialisation de l’éviction d’Olivier Létang a traîné, notamment en raison du calendrier dense de François-Henri Pinault. Ce dernier a été amené à se rendre en Chine et aux États-Unis en voyage d’affaires. Jeudi, présent à Paris, l’actionnaire unique a informé Olivier Létang et Jacques Delanoë, président du conseil d’administration, d’une effectivité immédiate à compter du lendemain, soit hier. L’articulation du timing peut paraître étrange, mais elle présente également sa cohérence. L’actionnaire, après plusieurs mercatos ratés, a voulu se donner une chance de réussir le prochain.

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Un bras de fer avec le coach

Après avoir entretenu une fin de relation exécrable avec Sabri Lamouchi, Olivier Létang a enchaîné une seconde relation difficile avec son entraîneur, à la nomination de Julien Stéphan, le 3 décembre 2018. Létang lance Stéphan en intérim. Après deux succès, la veille de la réception d’Astana en Ligue Europa (2-0), l’intérim est levé, mais il est déjà trop tard pour afficher un vrai signal de confiance.

Le duo cohabite, sans véritable affinité, au sortir du nul contre Guingamp (1-1), Hatem Ben Arfa scelle l’éloignement définitif. Quinze jours après la victoire en Coupe de France, il critique vivement son entraîneur… après être passé dans la loge du président. Pourtant friand d’interventions médiatiques, Létang reste sans réaction. « Un peu plus de soutien aurait été appréciable », dira le coach ensuite.

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En fin de saison, malgré la Coupe, malgré le parcours en Ligue Europa, Julien Stéphan laisse planer un doute sur son avenir. Il accepte finalement une prolongation de contrat, après intervention de l’actionnaire.

Mais Létang opère seul sur le terrain du mercato. Stéphan affiche son mécontentement, mais réussit son début de saison. L’avant-veille du déplacement à Marseille (1-1 le 29 septembre), Sylvain Armand communique sur le site du club, à la demande du président, alors que l’équipe est quatrième. Julien Stéphan ne pardonnera pas ce nouvel acte public de défiance.

Au cours de l’automne, alors que l’équipe traverse une série sans victoire, les relations se distendent encore. Avant Cluj (1-1 le 24 octobre), Stéphan dit se sentir fragilisé. Le 1er décembre, au matin de SRFC – Saint-Étienne (3-2), Létang se donne trois matches pour trancher sur l’avenir du coach.

Alors que les victoires s’enchaînent et après avoir sommé l’actionnaire de trancher entre lui et le coach à l’automne, Létang bascule dans une valorisation de Stéphan à chaque intervention médiatique. Dans les faits, la relation reste minimale : Stéphan apprendra ainsi les prolongations d’Hunou et Bourigeaud juste avant l’officialisation sur le site du club.

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Échoué mercatos

Alors qu’il sortait d’une société d’agents et qu’il avait été directeur sportif adjoint du PSG, Olivier Létang semblait bénéficier d’un réseau conséquent sur le front du mercato, comme il le répétait à l’envi. Or, il aura cumulé les ratés coûteux. Dès son premier mercato, il recrute Diafra Sakho et Rafik Guitane, pour 8 M € et 10 M € (et des salaires en or) que le club ne reverra pas. Ensuite, il y aura Jordan Siebatcheu (12 M €), pari perdant parmi d’autres (Johansson, Doumbia, Martin, Güclü). Mardi à Lille (0-2), seuls sept joueurs du groupe des dix-huit étaient des recrutements Létang.

Même dans sa gestion des prolongations de contrat, Létang a manqué d’efficacité. Prcic est parti libre, comme Mexer, alors que Bourigeaud et Hunou ont prolongé tardivement, à des conditions donc supérieures à celles qu’elles auraient dû être. Si le SRFC pointe au neuvième rang des budgets, il n’a pas la neuvième masse salariale. Débordé par son ambition, Létang dépasse les contours tracés par l’actionnaire, attentif à cela.

Incertain au jour le jour la gestion

En vingt-sept mois d’ère Létang, une petite trentaine de salariés sont partis du SRFC, volontairement ou écartés. Parmi lesquels Éric Assadourian, trois mois après sa nomination par… Olivier Létang. Rapidement, le directeur du centre de formation a évoqué une impossibilité de travailler avec un président omniprésent. Il y a aussi eu le départ d’une responsable du marketing, moins d’un an après sa venue… une proche de Jacques Delanöe, pourtant.

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Un actionnaire de la relation de couple

Certes travailleur et ayant participé à plus professionnaliser le club, Olivier Létang « s’est pris pour l’actionnaire », confiait hier un interlocuteur fin connaisseur du club. L’ancien du PSG a négligé la figure de François Pinault, personnage le plus influent de toute l’histoire du club, qu’il n’a d’ailleurs même pas remercié dans son communiqué hier, contrairement à son fils François-Henri. Ne pas considérer François Pinault, directement comme dans ses propos ici et là, une erreur rédhibitoire.

Un négligé contexte local

S’il a longtemps bénéficié du relais Delanoë, Létang s’est fait trop d’ennemis à ne pas s’intéresser assez au tissu local. Même Delanoë a ainsi fini par s’éloigner, n’effectuant plus les déplacements depuis décembre et ne sauvant pas le soldat Létang lorsqu’il a été sondé par l’actionnaire récemment, bien au contraire… À des proches, Létang a ainsi dit hier avoir été « trahi ».

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