Cité foisonnante accueillant quelque 600 usagers handicapés de tout âge en externat comme en internat, protégée derrière son enceinte de briques rouges dans la rue Mongenot de Saint-Mandé, l’Institut le Val Mandé n’a pas été épargné par la pandémie de coronavirus et a dû se réorganiser pour faire face, ouvrant par exemple sa propre unité Covid. Une épreuve qui a soudé les équipes et les familles.
Ce 16 mars à l’Institut Le Val Mandé, une partie entière du site s’est murée dans la silence. L’ESAT Trait d’Union, une ruche où s’affairaient une centaine de travailleurs handicapés pour rempailler des chaises ou ensacher du thé, l’Institut médico-éducatif qui accueillait des enfants présentant des troubles ou handicaps comportementaux et tous les services d’accueil de jour ont fermé subitement. L’autre partie de l’Institut, l’internat, où vivent en permanence quelque 150 personnes handicapées en MAS (Maison d’accueil spécialisé) ou foyer d’hébergement, a dû s’adapter à la situation pour protéger les pensionnaires dont certains sont très fortement handicapés mais d’autres disposent en temps normal d’une importante autonomie et travaillent à l’extérieur.
Une petite société qui s’est retrouvée confiné durant huit semaines. « En principe, les résidents ne sont jamais là tous ensemble. Nous avons dû mettre en place une nouvelle organisation pour traverser cette période le mieux possible, explique Hervé Pigale, directeur de l’Institut. Si environ un cinquième des résidents sont repartis chez leurs proches, les autres ont leur vie ici et n’ont parfois plus de parents. » Alors c’est l’établissement qui « a fait famille ».
Dans ce contexte, l’Institut a dû relever un défi à la fois logistique, pour pour organiser par exemple les 3 repas par jour pour tout le monde, social, pour occuper de cette micro-société pendant le confinement dans le respect des gestes barrière, et sanitaire et médical pour prendre en charge les pensionnaires malades du Covid 19, dont certains ont souffert de formes sévères.
« Une vingtaine de pensionnaires ont été malades et nous avons créé une unité temporaire dans des lieux d’habitude dévolus à l’externat pour les accueillir sans contaminer le reste des résidents. Nous avons loué du matériel médical pour pouvoir les prendre en charge complètement et disposions de médecins et infirmiers d’astreinte. Le plus compliqué a été d’obtenir des respirateurs et de l’oxygène mais nous avons réussi à avoir ce dont nous avions besoin, dépannés à la fois par l’Agence régionale de santé, un Ehpad voisin, et même un vétérinaire de la ville. L’une de nos hantises était que nos résidents ne soient pas accueillis à l’hôpital. Nous nous sommes même mis en relation avec une unité d’hospitalisation à domicile et de soins palliatifs. Mais la coopération avec l’hôpital Bégin s’est extrêmement bien passée. Nous n’avons eu aucun refus d’hospitalisation », détaille le directeur. Sur les 3 étages de la MAS, une seule n’a pas compté un seul malade du Covid. Au total, une vingtaine de résidents ont été atteints dont 7 ont dû être hospitalisés. Deux sont décédés.
« Le premier avait 73 ans et était très fragile. Le second n’avait que 36 ans mais présentait d’importants facteurs de comorbidité« , détaille Christine Tasse, secrétaire générale de l’ILVM. « Pour une institution comme la nôtre, où les résidents vivent parfois des dizaines d’années sur place, la disparition d’un résident n’a rien d’anodin. L’un des patients décédés vivait par exemple ici depuis 1993. » L’annonce de ces décès a été accompagné de partages de paroles, de dessins, de petits mots, comme la touchante lettre adressée à l’Institut par le frère du patient de 73 ans. Voir ci-dessous.
Durant la période de confinement, le lien avec les familles, qui ne pouvaient venir en visite, a été assuré par un Journal Covid 19 rendant compte de vie quotidienne sur place. En retour, les familles ont envoyé leurs mots de remerciements et encouragements affichés dans le hall.
Cette période singulière a aussi été l’occasion d’exprimer les solidarités, de la part des voisins comme des familles. Confection de masques, de gâteaux et même dons d’argent ont témoigné aux usagers de l’Institut qu’ils n’étaient pas seuls.
Sur le plan de l’accompagnement des résidents, il a fallu adapter les normes de vie aux gestes barrière. Un impératif parfois difficile à faire comprendre. Impossible psychologiquement d’obliger par exemple à Corinne (photo de une) qu’il lui fallait garder la chambre pendant qu’elle souffrait du Covid. Il a fallu trouver une solution pour qu’elle soit à distance mais se sente près des autres, toujours avec ses crayons de couleur. Pour d’autres, c’est l’interdiction de sortir à l’extérieur comme bon leur semblait qui a été le plus compliqué. « Ce qui m’a manqué est de ne pas pas pouvoir aller travailler », témoigne un pensionnaire. Heureusement, il a fait beau, et un certain nombre d’activités ont pu être organisées dans la cour de l’ILVM.
Du côté des agents, 22 ont été malades sur 450 mais aucun n’a développé de forme grave de la maladie. Comme dans les autre institutions de ce type, le personnel qui travaillait dans la partie externat, fermée durant le confinement, a été pour partie redéployé dans des Ehpad, foyers de l’enfance et autres structures médico-sociales extérieures, et pour partie occupé dans la partie internat de l’institut. « Ces transferts ont provoqué un décloisonnement des équipes, déconstruisant certains préjugés et enrichissant les pratiques professionnelles. Par exemple, une ergothérapeute de l’IME (Institut médico-éducatif) venue travailler en MAS y a fait des recommandations avec son regard de professionnelle », détaille Hervé Pigale qui souhaite « capitaliser sur cette expérience » et prévoit d’ores et déjà des Etats généraux de l’ILVM.
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