Après avoir annoncé, en novembre dernier, son objectif de construire de nouveaux réacteurs en France, Emmanuel Macron devra dévoiler ce jeudi à Belfort son projet de réactivation de la force nucléaire en France ainsi qu’une stratégie globale de force. Le chef de l’Etat visite le site de production des turbines Arabelle qui équipent Français centrales nucléaires. Emmanuel Macron doit désormais détailler sa stratégie de force dans une perspective d’horizon 2050 et un objectif, celui de neutralité carbone. « C’est le site de la structure du siècle », explique l’Elysée, qui rappelle que nous consommons encore aujourd’hui les deux tiers des énergies fossiles.
Pour s’en sortir, le président conserverait peut-être la structure de 14 réacteurs de nouvelle génération. Un programme à long terme qui s’inscrirait dans les scénarios de l’opérateur de réseau RTE avec deux possibilités : construire 14 nouveaux REP jusqu’en 2050, à raison de deux réacteurs tous les 3 ans à partir de 2035. Ou construire 14 EPR et quelques PRM, de petits réacteurs. Dans ce contexte, l’acquisition des anciennes turbines Arabelle par l’intermédiaire d’EDF est cruciale.
>> LIRE AUSSI – Nucléaire : « Il va falloir produire de l’électricité sans carbone », dit Bruno Le Maire
Probablement le chef de l’Etat parlera aussi du parc nucléaire existant, car évidemment tout dépendra de la durée de vie utile des installations existantes. Une opération à laquelle « l’Etat apportera sa contribution et jouera son rôle », en assume une dans les rangs d’Emmanuel Macron. Pour le moment, la question du financement n’a pas été tranchée, d’autant plus que la France devra s’entretenir avec la Commission européenne.
>> LIRE AUSSI – Dangers, coûts et temps : 3 questions sur les réacteurs nucléaires à long terme
Une tâche qui prendra du temps, puisqu’un réacteur met environ 15 ans à quitter la terre. C’est pourquoi Emmanuel Macron appellera également à l’accélération des énergies renouvelables pour répondre aux désirs croissants d’électricité.
Pour Jacques Roger-Machart, spécialiste des questions énergétiques, il est urgent de prendre une décision sur un programme nucléaire même si les annonces du Président de la République peuvent se heurter à deux difficultés principales. « La première est de faire échouer d’autres personnes à la structure du site de Flamanville, le temps est le financement d’EDF », a-t-il déclaré.
« Ce programme de six ou 14 EPR, ce sont des milliards et des milliards auxquels il faudra faire face, mais EDF ne dispose pas de ces capacités de financement », montre ce jeudi en Europa Midi. L’auteur de Progressives for Climate publié par Atlande recommande que le gouvernement ne se lance pas tête baissée dans un programme d’une telle ampleur. On peut « commencer avec deux REP », ce qui rend inimaginable d’affirmer que le premier fabricant d’énergie électrique « est en mesure de tenir ses promesses et ses engagements sous le contrôle de l’Autorité de Sûreté Nucléaire ».