Abandon D’Europe : la faute de concevoir les grands projets en France ne fonctionne plus – le Monde

Le gouvernement a annoncé, jeudi 7 novembre, loccasion du troisi me conseil de dense cologique, labandon pur et simple du projet de m gacomplexe de loisirs et de commerces qui tait cens ouvert en 2027 Gonesse, dans le Val-dOise, 15 kilomètres au nord de Paris. Apr s Notre-Dame-des-Landes, cest le deuxième grand chantier abandonné par lex cutif depuis le D mais du quinquennat.

Pour Philippe Subra, directeur de l’Institut fran ais de g opolitique de luniversit Paris-VIII et auteur du livre g opolitique de gestion du territoire (Armand Colin, 2018), les attentes de la population ont chang, on ne peut plus imposer des projets don’t lopinion publique nid plus convaincue de lint R T g n ral .

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La décision dEmmanuel Macron dabandonner la construction du M gacomplexe dEuropaCity est-elle surprenante ?

Philippe Subra: Cet abandon peut tre surprenant au vu de larri re-plan id ologique dEmmanuel Macron. Un projet créateur comblé, de croissance, sadressant un mars global et vers le continent asiatique : tout cela correspond son logiciel politique.

N anmoins, cet abandon est aussi tr s macronien, car il est tr s pragmatique. Face au d samour de lopinion publique pour ce projet, le pr sident a mesurer que le co t politique de ce grand chantier devenu superieur au b n fice lectoral en tirer. Comme pour Notre-Dame-des-Landes, le projet tait devenu trop concours pour tre maintenu.

Cela signifie que tous les grands projets qui font lobjet dune contestation sont vous chouer ?

La difficulté de ces grands chantiers, cest leur dur e. Entre leur gen se et leur aboutissement, il peut y avoir une, voire plusieurs cennies, pendentif lopinion publique peut connaître des points de basculement. Cest ce qui se passe aujourd’hui avec une sorte de moment cologiste . Sur la vu avec les r sultats des élections européennes, o les listes vertes ont progress dans toute l’Europe.

Mais il y a aussi des contre-exemples. A Strasbourg, le chantier de projet de contournement autoroutier a pu D marrer, alors quil consomme des terres agricoles, traverse une pour t et touche lourdement les communes périurbaines. Mais il va, en m me temps, permettre la transformation de lautoroute actuelle en boulevard urbain et d tourner une partie du trafic de transit du centre de lagglom ration. Les partisans du projet ont pu déployer quil est dint R t g n ral et lopinion publique, local, est divisé e.

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Dans le cas dEuropaCity, quel moment ce basculement sest-il op r ?

Les promoteurs du projet ont commis, d s le D mais, une erreur de communication majeure en fait un tri de Duba aux portes de Paris . La piste de ski artificiel, pr vue lorigine, en tait le symbole, bien que le couvert e ait t abandonne e assez rapidement. Tous les efforts faits ces deux dernières années pour verdir le projet sont arrivés trop tard.

La d’être du projet est dautant plus int ressante quil ny a pas eu de zone d’amitié , cest- -dire doccupation du site qui, il est vrai, ne sy pr tait pas , contrairement à Notre-Dame-des-Landes. Les partisans du projet ont avant tout perdu la bataille de limage, celle de lopinion publique. Ils notent pas su convaincre en met en avant les cr ations obligatoires. Et le projet tait trop emblématique dun type de société aujourd’hui de plus en plus en concours , consommation et fond sur le sacrifice de la nature.

Pourra-t-il encore y avoir des grands projets en France avenir ?

Cest la fa on de concevoir les grands projets en France qui ne fonctionne plus. Il faut comprendre quon de l’onu chang d poque. Dans les années 1950, la France tait un pay sous – quip . Quand lAllemagne a 3 000 kilomètres dautoroutes, la France nen a que 30. A l poque, la construction de la roport de Roissy, par exemple, quelques kilomètres du Triangle de Gonesse, et sur des terres agricoles dune qualité exceptionnelle, na entra n aucune contestation.

Aujourd’hui la France est un pay tr s bien quip , les attentes de la population ont chang , le besoin dinfrastructures nid plus aussi fort. Sur ne peut plus imposer des projets don’t lopinion publique nest plus convaincu plus de lint R t g n ral.

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Quelles sont les conditions requises pour vivre de voir na tre des mouvements de contestation ?

Pendant longtemps, et cest encore en partie vrai, la localisation des projets a t un facteur d terminant : certains tait peu contests parce quils tait situ s dans des territoires faible potentiel conflictuel, pour des raisons sociologiques, d mographiques, historiques ou culturelles.

Installateur des oliennes est devenu quasi impossible dans le Gard, mais ne pose aucun problème en Champagne, dans des secteurs de grandes cultures et de faible densité . Mais il y a des exceptions : Bure, dans la Meuse, un territoire a priori peu contestataire, la faiblesse de localisation locale a t compens e par installation dopposants antinucl aires venus de lext rieur. L, cest la dimension mobilisatrice du nucléaire qui a t d cisive.

Le second facteur est, bien s r, limpact environnemental du projet : les atteintes au paysage, les nuisances sonores, la consommation despace naturel ou agricole sont de moins en moins r es et les mesures de compensation, comme reboiser ailleurs, ne sont pas cr dibles. Du coup, m me des projets a priori Cologne vertueux, comme les oliennes, sont tr s souvent contests.

Commentaire le politique peut-il samorcer ces conflits ?

Dabord, en recalant tr s en ont les projets les plus problématiques du point de vue environnemental ou en obligeant leurs promoteurs les am liorer sur cet aspect. Eviter le d verrouillage dun conflit est bien plus facile que d samorcer un conflit qui a d j pris de l’ampleur.

Il faut aussi que ces projets de barrages ou de dinfrastructures s’inscrivent dans un projet de territoire construit collectivement avec l’ensemble des acteurs locaux : lus, entreprises, chambres de commerce, syndicats de salariés, et denseurs de lenvironnement. Par ailleurs dit, en finir avec les projets qui affectent sur les territoires, pour passer des projets qui alimentent des territoires ou, au moins, les pris r ellement en compte.

Charlotte Chabas (proposition de par)

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