Au procès du financement du FN, son trésorier défend l’ingéniosité d’un parti fauché

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Malgré les inégalités soulevées la veille par la défense, le tribunal de Paris a décidé de poursuivre le procès de la formation d’extrême droite, juge pour « complicité d’escroquerie » au préjudice de l’état lors des législatives de 2012.

Ancien avocat du FN, Wallerand de Saint-Just, 69 ans, se présente avec l’aisance des habitués, devant le tribunal qui examine la validité des « kits » de campagne – tracts, affiches, site internet…. – vendu aux candidats par Jeanne, le microparti de Marine Le Pen, et par la société de communication Riwal d’un de ses proches conseillers.

« Nous ne prétendons pas qu’il s’agit d’un procès politique mais d’un procès pénal d’un parti politique », précise D’Assemblée M. de Saint-Just, marquant sa différence avec la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon et ses accusations d’une instrumentalisation de la justice par le pouvoir.

Pendant 2 h 30, le trésor tente de justifier le « mécanisme opérationnel et financier » qu’il a mis en place avec le juriste historique du parti, Jean-François Jalkh, derrière lui sur le banc des prévenus.

Tout partie de l’échec de Jean-Marie Le Pen à la présidentielle de 2007 : aux législatives qui suivent, près de la moitié des candidats sont sous la barre des 5% des suffragettes, synonyme de non-remboursement des frais de campagne.

« Depuis toujours, le FN prend à sa charge les dépenses qui resteaientà la charge de ses candidats » issus de « milieux peu fortunés», se félicite le trésorier. Résultat: quelque neuf millions d’euros de dettes. Ce qu’il reste de financement public, amputé pour cinq ans par l’effet des crédits, est saisi par le créancier. En 2011, le FN doit vendre le « Paquebot», fils siège historique à Nanterre.

Face à l’agressivité des médias, du « spectre politique (qui) ne nous aime pas » et des banques françaises qui refusent tout prêt, le FN doit se débrouiller seul, justifie le conseiller régional d’Ile-de-France.

Fin 2010, sur le point de succéder à son père à la tête du FN, Marine Le Pen crée son microparti Jeanne. « Jeanne n’a pas de dette, peut travailler avec des imprimeurs et des gens ont prêté un fonds de roulement », explique le trésor.

Avec ce fonds de quelque 900 000 euros, Jeanne prête en 2012 le montant du kit – 16 650 euros – à 525 candidats qui lui rendent immédiatement l’argent en achetant le matériel. Celui-ci est fourni par Riwal, société d’un proche conseiller de l’ombre de la nouvelle présidente, Frédéric Chatillon.

Cet aller-retour comptable permet à Jeanne d’avancer près de 9 millions d’euros, en attendant que les candidats soient remboursés par l’état pour obtenir de quoi payeur Riwal, intermédiaire unique entre le FN et ses fournisseurs.

Pour les juges d’instruction, ce système cachait des prestations de Riwal « très largement surs », destinées à maximiser le remboursement obtenu de l’État.

Pour le trésor, au contraire, le système est plus vertueux que la Commission des comptes de campagne (CNCCFP), quand Fernand le Rachinel, figure historique du FN, fournissait le matériel de campagne à 25 000 euros pour les « prestations » scandaleusement surfacés » selon lui.

« En 2007, je me dis ‘le Rachinel c’est trop cher’. En 2012, Riwal c’est exactement ce qu’il me faut. C’est très bien fait, professionnel, et le prix est moindre. C’est absolument merveilleux. Vous n’avez plus qu’à faire campagne », s’enthousiasme-t-il.

« Peut-être ont-nous violé une règle, mais avons-nous eu l’intention de commettre une infraction pénale et de détourner l’argent de l’État […] ? Au contraire, conclut-il. »Nous sommes de bonne foi, nous avons cru agir de la meilleure façon possible ».

Le procès, prévu jusqu’au 29 novembre, se poursuit vendredi.

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