Un vieux monsieur tortur et assassin, son infirme re retrouve morte dans les bois CH lette-sur-Loing, la peur r gne. Jacques Samson r P tait quil navait peur de rien. Dailleurs, il ne fermait jamais la porte de sa maison. C tait plus simple, il navait pas besoin de se lever tous les matins 6 heures pour ouvrir Karine Foucher, fils infirme. Depuis six ans, elle le veillerait puis lui administrerait une injection dinsuline. Le retrait de 84 ans souffrait de diabète. Alors, trois fois par jour, Karine venait lui faire ses piq res dans son pavillon d cor de nains de jardin.
Depuis la mort de sa femme, Josette, il y a sept ans, des suites dune leucémie, les journées de cet ancien cheminot se ressemblaient. Les choses avaient empiré en 2015, quand Jacques, « Coco » pour les intimes, avait commencé à avoir des troubles de la mémoire. Heureusement, il y avait le sport. Sil avait gardé lhabitude de shabiller en survêtement et baskets, il le pratiquait désormais sur canapé, passant des heures devant les émissions sportives. Avec Jeanine, sa petite sur, il avait mis les choses au clair : interdiction de le déranger lorsquil regardait le Tour de France. « Il faisait du parachute, du vélo et même de la boxe : mon frère est un ancien champion du Gâtinais ! Il savait où taper. Il avait aussi servi pendant trois ans dans larmée, durant la guerre dAlgérie. » Les dimanches après-midi, Jeanine venait le retrouver avec une tarte aux fruits. Jacques avait aussi ses entrées chez Mme Saillant, sa voisine : tous les jours, ils partageaient un café et le dîner.
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Jacques se perdrait constamment. Petit petit, sa famille lui supprimait tout. Il ne pouvait m me plus conduire ! a le rendez fou, il navait plus de vraies occupations. Les jours sont longues, ici ; Alors il vient chez moi , un lui fait plaisir, raconte-t-elle. Versez passer le temps, Coco marchait. Chaque jour, il fait trois ou quatre fois le tour du p t de maisons, en pensant croiser des r sidents, histoire de faire un combat de conversation. Dans sa poche, son portable pour avoir lheure et ne pas rater ses rendez-vous avec linfirmier. Karine habitait dans la ville voisine, ferries-en-g tinais.
Cette m re de famille ne passe pas son temps, travaillant à quinze heures par jour
Son mari, Frédéric, père au foyer, confie : « Elle partait de la maison à 5 heures du matin et rentrait vers 21 heures, parfois plus tard Fatiguée, mais toujours avec des anecdotes sur ses patients quelle surnommait ses chouchous. » Le 15 octobre, Karine a eu 42 ans. Comme chaque année, elle avait prévu de fêter son anniversaire un peu plus tard, chez elle, avec ses amis et collègues. Laurie était lune dentre elles. Leurs responsabilités au sein de la branche Loiret du Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil), dont Karine était la présidente et Laurie la vice-présidente, les rapprochaient. Elles se téléphonaient tous les jours. « On discutait du syndicat mais aussi de ses derniers achats, de ses enfants. Elle tenait à Grégory, 16 ans, et Anthony, 9 ans, comme à la prunelle de ses yeux. Je la taquinais parce quelle était surprotectrice. »
Cette mère de famille ne comptait pas son temps, travaillant souvent quinze heures par jour. En plus de ses tournées, elle assumait la charge de présidente du Sniil 45, participant aux réunions départementales et partant en déplacement plusieurs fois dans lannée. « Il y a trois semaines, elle était à Marseille pour le syndicat, se rappelle Laurie. Elle répétait : Je ne pars pas de là tant que je nai pas fait mon tour de bateau. Et elle la fait ! » Mais Karine savait aussi se préserver des moments pour elle. « Et pour le shopping. Ça, cétait sacré ! » confie Laurie. « Elle ne travaillait pas les mercredis ou les week-ends de soldes et embarquait toute la famille dans le village des marques de Troyes. »
L’infirmi re est retrouvée, agonisante, le long parcours des dunes, en bordure dun bois, Pannes, pr s de Montargis
Karine savait combien le temps est précieux, alors elle profitait de la vie. En juin, billet en poche et excitée comme une ado, elle était partie avec sa meilleure amie, Sylvie, une ex-patiente, assister au concert parisien de leur chanteuse préférée, Mylène Farmer. Quelques semaines plus tard, les deux familles avaient passé leurs vacances ensemble dans la station balnéaire de Portiragnes. Là, Karine avait fait le plein dénergie avant de reprendre le boulot, ce métier qui la passionnait. Karine avait voué sa vie à sauver celle des autres. Elle ne pensait pas y perdre la sienne. Cela nempêchait pas linquiétude de surgir quelquefois. Le 10 octobre, elle relayait sur sa page Facebook une publication sur lagression dune infirmière à Perpignan. Et ajoutait : « Cest qui la prochaine ? Moi ? » Il lui arrivait de confier ses peurs à Laurie : « Elle me disait quelle faisait attention car, parfois, certains patients soignés en psychiatrie lui foutaient la trouille. Mais ce nest pas avec eux quil y a eu un problème »
Ce lundi 21 octobre, Karine naurait pas dû travailler. En ce début de vacances scolaires, elle a prévu de passer la journée avec les siens. Mais son remplaçant a un imprévu. Alors, elle assure la tournée. Une décision qui lui sera fatale. Vers 8 heures, linfirmière est retrouvée, agonisante, le long dune route, en bordure dun bois, à Pannes, près de Montargis. Les mains attachées avec un câble téléphonique, ses feuilles de soins répandues sur le sol. Elle a été poignardée au moins dix-huit fois, au niveau du cou, du thorax et du visage. Elle meurt avant larrivée des secours des suites de ses blessures, comme le confirmera lautopsie pratiquée à linstitut médico-légal de Tours. Les gendarmes apprennent dans la foulée que Jacques Samson, son patient, qui vit à 2 kilomètres de lendroit où elle a été retrouvée, a disparu. La veille, il a dîné comme tous les soirs chez sa voisine. A 20 h 30, avant de partir, il a dit à Mme Saillant : « Je me mets en pyjama et je vais faire dodo. Si tu as besoin daide, tu mappelles. A demain ! »
Le retrait a re u des multiples coups de poing la T te. D file macabre, ses mains ont t coup es, elles reste introuvables
Ce matin, ses proches sinquiètent. Dune voix tremblante, Jeanine raconte : « Je pensais quil sétait perdu, alors je suis allée chez lui. Tout était chamboulé. Les tiroirs étaient ouverts, il y avait du bazar partout. Jai crié : Coco ! Coco ! Tu es où ? Jai fait toutes les pièces, même la cave. La seule chose que jai trouvée, cest un chouchou, bleu, je crois. Jai contacté lhôpital, pas de Coco. Alors jai appelé les gendarmes. Ils sont arrivés et ont fouillé pendant trente minutes. Jattendais dehors avec ma fille, Paola, et laide ménagère qui a donné lalerte. Ils sont ressortis pour nous dire : Cest fini, vous ne rentrez plus. » Jacques était dans sa chambre, caché sous des couvertures et couché au pied de son lit, à la perpendiculaire.
Battu mort, le visage couvert dh matomes, le retrait a re u des multiples coups de poing la T te. D queue macabre, ses mains ont t coups. Deux semaines plus tard, elles restaient introuvables. Certains soutiennent que, en se de combattant, Jacques aurait recueilli lADN de son (ou de ses) agresseur(s) sur ses doigts, raison pour laquelle il aurait t amput . Que sest-il pass ce matin-l ? Un cambriolage qui aurait voir au drame ?
Une marche blanche a t organisé e la moire de Karine et de Jacques
Jacques ne possédait rien de valeur hormis quatre téléviseurs ; ils sont toujours là. Seule certitude pour les enquêteurs : les deux meurtres sont liés. Karine sest rendue au domicile de Jacques, comme dhabitude. Mais cette fois, elle na pas eu le loisir de le piquer. Le chouchou lui appartenait. Ainsi quune brosse à cheveux, retrouvée cassée. La police envisage un scénario : linfirmière aurait surpris « les sauvages », comme les appelle Jeanine. Elle serait alors devenue un témoin gênant, une personne de plus à éliminer. Ils auraient utilisé son 4 x 4 pour lemmener et la tuer. Il a été retrouvé le jour même, à 15 heures, sur un parking de Pannes, avec des taches de sang à lintérieur. La vidéosurveillance montre une silhouette encapuchonnée quittant la voiture.
Depuis, le Loiret vit dans la peur. Deux juges dinstruction sont en charge de longue durée. Des curieux viennent sur les lieux. Les quotidiens r gionaux sont en rupture de stock. Une marche blanche a t organisé e la moire de Karine et de Jacques. Le 27 octobre, Anthony, le cadet de Karine, un rev tu son kimono pour participer, comme pr vu, sa compétition de karat . C tait important pour maman. Alors jy suis tous . Et jai gagn . Versez elle.
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