Tourisme : les spécialistes du sur-mesure

Eric La Bonnardière cultivait deux projets pendant ses études à HEC : arpenter la planète et devenir entrepreneur. Ce petit-fils de créateur d’entreprise a réussi à combiner les deux. En créant en 2009 avec son associé Yvan Wibaux, 35 ans, centralien, leur start-up baptisée Evaneos, le P-DG s’est également offert «le job de ses rêves». Avec 200 salariés (dont une soixantaine de non-Français) installés dans le IXe arrondissement de Paris, 110 millions d’euros levés depuis 2009, dont 70 millions l’an dernier avec l’entrée au capital de Partech ainsi que de deux autres fonds, Level Equity et Quadrille Capital, un réseau de 2000 agents locaux et 500 000 clients conquis d’ici à la fin de l’année, Evaneos a déjà fait ses preuves. A tel point que l’entreprise a même été retenue en septembre dernier par le gouvernement pour figurer dans l’élite du Next40, qui regroupe les sociétés innovantes françaises.

«Nous sommes la première plateforme de marché dans le secteur du tourisme mondial, explique Eric La Bonnardière, 38 ans, marié et père de trois enfants, tout comme son associé. A rebours du modèle traditionnel, où les tour-opérateurs accaparaient les marges, nous mettons directement en relation nos clients avec des agents locaux, les “réceptifs” dans le jargon du secteur, en fonction de leurs souhaits de voyages.» Les deux fondateurs ont donc construit un réseau de 2000 correspondants dans 160 pays, avec lesquels un partenariat logistique et technologique (notamment des logiciels) a été mis en place pour que ces derniers puissent gérer leur clientèle sans intermédiaires. «On les connaît tous, souligne le P-DG et cofondateur. Notre modèle ne repose pas sur une relation désincarnée. Nous sommes en contact quotidiennement.» Plusieurs formats sont proposés : «Famille», «Aventures», «Hors des sentiers battus» et «Exclusif», ce dernier faisant l’objet d’un développement plus accentué actuellement.

La démarche des fondateurs répond à un double objectif : lutter contre le tourisme de masse, tout en offrant aux voyageurs la possibilité de se concocter un périple personnalisé, à l’opposé des grands classiques. Evaneos est désormais présent sur onze marchés, dont celui des Etats-Unis, ouvert depuis quelques mois. Le succès est au rendez-vous. Parmi les destinations best-sellers, la Thaïlande, la Jordanie, le Vietnam, le Pérou et le Maroc. «On s’adapte à tous les types de budget», souligne Eric La Bonnardière, qui précise que la dépense moyenne atteint 1400 euros par personne pour un séjour de douze jours. Près de 40 % de l’activité est réalisée avec des clients français. Inventeur de ce concept, Evaneos –numéro un européen– connaît une forte croissance grâce à son avance technologique. «Notre modèle est vertueux pour tous, se félicite le P-DG. Le voyageur paie moins cher, l’agence locale se développe, et nous aussi».

Les paquebots gratte-ciel de Venise, où la population locale a été divisée par trois en cinquante ans, les hordes d’«instagrameurs» dans les ruelles de Santorin et de Barcelone (30 millions de visiteurs par an pour 1,6 million d’habitants) prises d’assaut, les morts dans des «embouteillages» au sommet de l’Everest… Le fléau du surtourisme ne pourra qu’empirer. Le nombre de voyageurs a augmenté de 6% en 2018, à 1,4 milliard de personnes en 2018. Au rythme où se développe le désir d’ailleurs dans la population chinoise, les professionnels redoutent que le seuil de saturation soit vite dépassé. Parmi les mesures de protection figurent l’instauration d’un quota de visiteurs, le contrôle des locations type Airbnb, la création d’une taxe ou la fermeture de l’accès à un site. Mais la diversification de l’offre et l’étalement des voyages dans le temps peuvent contribuer à endiguer le phénomène.

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