Les camps de migrants aux abords de la porte de la Chapelle ont t vacu s ce jeudi MARTIN BUREAU / AFP
Lop ration a commence avant les premi res lueurs du jour. Ce jeudi, vers 6 heures du matin, quelque 600 policiers se sont engagés aux abords de la Porte de la Chapelle et de l’Avenue du Pr sident Wilson Saint-Denis pour d’accéder à deux camps de migrants. Au total, selon le d compte de la préfecture de police, un peu
plus de 1,600 personnes, don’t pr s de 300 familles, ont t prises en charge par les services de l tat et redirige es vers une quinzaine de gymnases en Ile-de-France afin que leur situation tudi e. Une nouvelle op ration est pr vue dans les semaines venir pr s de la porte dAubervilliers pour passer l’aspirateur le dernier campement parisien dans lequel vivent ou survivent pr s de 1,700 migrants.
Si cette op ration de mise labri est la 59e depuis l t 2015, le pr fet de police de Paris, Didier Lallement, a rencontré en avant un changement de philosophie. Il faut changer de braquet , a-t-il d clar lors dun point presse improvis . Jusqu’à l , on a des opérations de mise labri de 200, 300 personnes, mais on ne vidait jamais les campements et ils revenaient. Avec cette ration op, sur un objectif de z ro retour.
Pour ce faire, la préfecture a annoncé la mise en place d’un dispositif spécifique : les forces mobiles seront renforcées pour de maintenir 24h/24 un présence policière dans le secteur et ainsi de tout R installation et mener des contrôles. La pr fecture compte galement sur des cam ras tactiques d j install es sur certains points stratégiques. Les images seront envoyées directement en salle de contrôle pour tre analyses. Au moins doute, sur une quipe sur place, prend une source policière. Lobjectif cest d tre extr mement mobile.
O va-nit aller ?
Si, à la mairie de Paris, on se félicite de cette opération de mise à labri réclamée depuis de longs mois, on reste sceptique sur la volonté affichée dun « zéro retour ». « Cest la première grande opération du préfet Lallement, nous, on en a déjà vécu 58, déplore Dominique Versini, adjointe en charge des solidarités. A chaque fois, on nous dit que cest la dernière. Jusquà la suivante. » Selon lélue, une telle ambition doit avant tout saccompagner dune politique daccueil forte, avec notamment la mise en place de centres humanitaires le long des routes migratoires. « La présence policière ne permet pas darrêter les flux migratoires, confirme Pierre Henry, président de France Terre dAsile. Tant quon ne traitera pas le problème de laccueil des migrants à léchelle nationale, des camps de fortune se formeront toujours. »
A la mairie, on craint que la stratégie de la préfecture ne repousse le problème me vers les arrondissements ou les communes alentour. Des migrants arrivent chaque jour en Ile-de-France, o va-ils aller ?, interroge Dominique Versini. On peut les emp cher de simplanter un endroit bien pr cis mais ils iront c t. Si ce nid pas la Chapelle, ce sera ailleurs. Si la préfecture, sur assure que le dispositif, penches pour tre souple, permettra de sadapter si la situation évolue, des sources policières reconnaissent que lhypoth se dun d placement des camps ill faux est Plausible.
Le cas des dublin s
Dautant que le préfet dIle-de-France, Michel Cadot, qui pilote les mises à labri, a prévenu que « ceux qui nont pas le droit au séjour » seront priés de quitter les lieux dhébergement au bout de quelques jours. Or, une partie de plus en plus importante des personnes à la rue sont des « dublinés », des demandeurs dasile dont la responsabilité dépend dun autre état de lUnion européenne, soit parce quils ont déjà fait une demande, soit tout simplement parce quils y ont été enregistrés à leur arrivée en Europe. Théoriquement, la France peut les transférer mais elle ny parvient que dans près dun quart des cas. Même ceux qui peuvent prétendre à intégrer le dispositif national dasile ne sont pas sûrs de pouvoir avoir un hébergement durgence tant le système est saturé.