LREM DÉPUTÉ Damien Adam rapports sur la Lubrizol feu, mercredi, dans lequel il est alarmé de constater que des milliers de sites sont décochées. La normandie, de la Logistique, également touchés par l’incendie du 26 septembre à Rouen, n’avait jamais été inspectés.
« Il existe d’autres Normandie Logistique en France. » Le rapporteur de la mission d’information parlementaire sur l’incendie de l’usine Lubrizol de Rouen le 26 septembre 2019 dresse un constat saisissant. « Il est impératif pour l’administration de considérer des situations qui semblent trop largement échapper à ses radars », recommande le député de la Seine-Maritime (LREM) Damien Adam dans ce texte de 140 pages qu’il remettra à ses collègues mercredi et que le JDD a pu consulter. Au fil des auditions menées depuis octobre sont apparus un certain nombre de dysfonctionnements, notamment dans la classification réglementaire des sites industriels. Dans la nuit du 25 au 26 septembre, 4 252 tonnes de produits ont brûlé sur le site voisin de l’usine classée « Seveso seuil haut », dont 1.691 tonnes qui appartenaient à Lubrizol. « Or, en quarante ans, Normandie Logistique n’a jamais été contrôlée ! », relève Damien Adam.
Lors de son audition devant la mission parlementaire, le directeur régional de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal), Patrick Berg, a indiqué avoir adressé « un procès-verbal au parquet pour signaler huit infractions pénales relevées chez Normandie Logistique ». L’administration a signifié « un délit d’exploitation non conforme […] ayant porté une atteinte grave à la santé ».
Depuis 2016, l’entreprise de stockage n’était plus enregistrée dans la bonne catégorie au titre de sa classification dans les « installations classées pour la protection de l’environnement » (ICPE). « Il appartient à l’exploitant lui-même de déterminer sa classe, en fonction de son activité », explique l’élu de la Seine-Maritime. Or, Normandie Logistique était inscrite en tant qu' »ICPE soumise à déclaration », sans aucune obligation de contrôle sur son site sauf signalement « de bruits, d’odeurs ou d’activités suspectes ». En réalité, parce qu’elle entreposait des produits Lubrizol, elle aurait dû se déclarer dans le seuil supérieur, induisant une inspection tous les sept ans.
Son directeur général, Christian Boucher a reconnu « une erreur », assurant que cet oubli n’était pas destiné à se soustraire aux contrôles. « Il y a 400.000 sites de ce type en France, relève Damien Adam. C’est une catégorie fourre-tout. » Or, juge l’élu, pour de nombreuses entreprises « spécialement dans le domaine de l’entreposage, le classement réglementaire n’est pas à jour voire obsolète au regard de leurs activités courantes et notamment en raison de la nature et des quantités des produits qu’elles abritent ».
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Pour remédier à cette situation, il propose d’octroyer des pouvoirs de police aux Dreal afin qu’elles puissent mener des contrôles inopinés pour vérifier le statut de ces sites. « Quand vous prenez la route, vous n’êtes pas sûr de croiser un policier, illustre-t-il, mais vous savez que si vous le croisez, ça va vous coûter cher si vous n’êtes pas en règle. » Le rapporteur suggère également d’instaurer une inspection obligatoire tous les dix ans de tous les sites ICPE qui y échappaient jusqu’à présent. Il prône un approfondissement de la notion de « plateforme industrielle » qui aurait permis, dans le cas de Lubrizol, d’étendre les contrôles dont faisait l’objet l’usine Seveso – 38 inspections en six ans – au site de Normandie Logistique.
L’autre enseignement de ce rapport parlementaire est la nécessité « d’installer une culture du risque durable en France, juge-t-il, car la population ne sait pas comment réagir en cas de problème ». La nuit de l’incendie, le préfet de la Seine-Maritime, Pierre-André Durand, n’a pas actionné les sirènes de confinement de peur que le signal soit mal interprété et que les Rouennais sortent dans les rues. Damien Adam propose, alors que la ministre Élisabeth Borne doit présenter mardi son plan d’action en matière de gestion des risques, de réaliser une fois par an un exercice de grande ampleur de confinement durant vingt-quatre heures dans un département, comme au Japon.
Un dispositif qui doit s’accompagner, estime-t-il, d’une meilleure utilisation des réseaux sociaux pour informer la population et pour détricoter les fake news. « On a vu circuler des photos d’oiseaux morts et de robinets dont s’échappait une eau noirâtre, rappelle l’élu. Ça a donné l’impression qu’il se passait des choses graves et créé une méfiance envers la parole publique. »