Mégabassins en Deux-Sèvres : « Nous ne sommes pas des éco-terroristes, mais nous sommes d’autres personnes soucieuses de la planète »

Accès à Saint-Martin-lès-Melle, cette commune rurale des Deux-Sèvres où a été inauguré ce mardi le village de l’eau, à l’initiative de 120 organismes anti-mégabassins (ces gisements d’eau extraite de la nappe phréatique pour l’irrigation de certaines exploitations agricoles opérations géantes) sont rigoureusement contrôlées par la gendarmerie. Les identités sont contrôlées à plusieurs reprises, les malles sont fouillées et les sacs des campeurs arrivés jusqu’à vendredi pour assister à des conférences, des enseignements et des moments festifs sont vidés en cours de route.

Il y a un an, les manifestations à Sainte-Soline avaient été marquées par des violences et le ministre de l’Intérieur, issu d’un gouvernement démissionnaire, avait envoyé 3 000 policiers pour les quelque 10 000 participants prévus sur six jours. Dès vendredi, des manifestations sont prévues en Charente-Maritime.

Dans les coffres des fourgons de la gendarmerie, garés à côté des champs de blé et de tournesols, on peut voir des sacs en plastique contenant des objets confisqués. « Ils ont saisi un bonnet en laine, une combinaison, un casque de protection contre les rayons ultraviolets et des ciseaux à coudre ». explique Grégoire, 29 ans, que nous avons rencontré au retour d’une balade naturaliste. Il nous a indiqué que peut-être il récupérerait ses affaires à la préfecture le 23 juillet, date à laquelle ce Nantais sera rentré chez lui. Des sardines ont également été saisies pour accrocher des tentes. « A ce rythme-là, les carottes peuvent aussi devenir des armes à feu », estime Julien Le Guet, l’un des porte-parole de Bassines non merci. Compte tenu de la criminalisation de l’écologie politique et de la persécution de tous les militants, il ne lui semble pas étrange que certains se déplacent le visage caché, même en ville.

Ce qui irrite particulièrement Grégoire et d’autres, ce sont les confiscations d’appareils pour se protéger des gaz lacrymogènes (lunettes, masques. . . ). « S’ils captent les protections, c’est pour nous dissuader d’aller manifester », précise le jeune homme. qui entend toujours y participer, dans un esprit de « désobéissance civile non-violente ». « J’ai peur des gaz lacrymogènes et ils nous ont enlevé nos masques », ajoute Raphaëlle, 50 ans, qui participe à un groupe Extinction Rebellion. . – Les autres personnes qui viennent ici ont la peur au ventre. On se demande dans quel état de droit nous sommes et si nous avons encore le droit de manifester en France.   Son amie Véronique, 62 ans, était « médecin » et prodiguait les premiers soins lors de la manifestation de Sainte-Soline. « Il y avait un piège, ils nous nourrissaient », se souvient-il. Cependant, les deux femmes envisagent de participer aux manifestations du week-end.

Si l’anxiété est là, de nombreux participants parlent de résistance obligatoire. « Nous ne sommes pas des écoterroristes, mais nous sommes d’autres personnes soucieuses de la planète, et nous aimerions que les politiques abordent cette question universelle, car l’eau est un bien commun », souligne Raphaëlle. Sur le chemin qui mène d’un des parkings au site, à 30 minutes de marche, Amandine, une enseignante de 43 ans, montre son enthousiasme lorsque Darmanin utilise le terme « écoterroriste ». Et elle dit que c’est la préférence du ministre de l’Intérieur de mettre fin aux soulèvements de la Terre qui l’a incité à s’engager encore plus en faveur de l’écologie.

Il participe à la manifestation avec Cécilia et Justine, deux autres quadragénaires. « Nous vivons en Beauce, qui est une terre de démonstration nationale, avec des producteurs de céréales géants », dit-il. Là-bas, les écologistes ont mis en place un petit réseau, donc le concept était aussi de combiner et de voir quels mouvements on pouvait mettre en place chez soi.   Elle est un peu plus préoccupée par les manifestations, auxquelles elle participera à la dernière minute. Son amie Justine est curieuse d’y participer afin de mesurer l’écart entre ce qui est rapporté et ce qui s’y passe réellement.

Alors que le talkie-walkie demande plus de tables pour déjeuner dans la « méga-cantina », un débat sur la qualité de l’eau est organisé sous une tente. Une jeune agricultrice se demande comment convaincre les professionnels de sa profession, réticents à faire des discours écologiques, et à lui dire que des problèmes de santé similaires aux insecticides touchent chaque personne en particulier.

Même si le programme du Nouveau Front populaire prévoit un moratoire sur les projets de mégabassins, certains ne l’acceptent plus comme tel auprès des politiques. « Je n’attends rien de plus des institutions, même pas d’un gouvernement de gauche », déclare Vlad, étudiant de 29 ans. Selon lui, il est plus efficace de se concentrer sur les luttes locales, qui protègent un autre style de société. Il sera dans les rangs de la manifestation vendredi.

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