L?hommage aux 549 soldats morts en Opex-Le Figaro

Il y aura 549 noms. Le dernier sest ajouté il y a quelques jours. Le brigadier-chef Ronan Pointeau, engagé au 1er régiments de spahis, est tombé au Mali le 2 novembre, touché par un engin explosif improvisé placé par les terroristes de lÉtat islamique au Sahel. Le jeune homme de 24 ans a rejoint la triste liste des militaires français morts depuis 1963 lors dune «opération extérieure», une mission de larmée hors du territoire national. Un monument, inauguré ce 11 novembre à Paris dans le parc André-Citroën par le président de la République Emmanuel Macron, leur rendra désormais hommage. «Ce 11 Novembre consacre lentrée de la famille des Opex dans lécosystème mémoriel», dit-on à lÉlysée. Depuis 2012, les commémorations du 11 Novembre – larmistice de la Première Guerre mondiale – sont loccasion dhonorer tous les morts pour la France. Lors de la cérémonie à lArc de triomphe, lundi matin, les noms des cinq soldats tombés cette année seront prononcés.

Après les soldats des guerres mondiales et des guerres de décolonisation en Indochine et en Algérie, ces 547 hommes et ces deux femmes appartiennent à la «quatrième génération du feu», celle qui se bat au nom de la France loin delle. Lécrasante majorité de ces soldats appartenaient à larmée de terre. Ils étaient 71 à être officiers, 201 à être sous-officiers et 277 militaires du rang. Cest au Liban, dans les années 1980, que le tribut à payer a été le plus lourd avec 141 morts. Les opérations au Tchad, à partir des années 1979, ont coûté la vie à 129 militaires. En Afghanistan, larmée a perdu 85 hommes et 78 en ex-Yougoslavie. Au Mali, lopération Barkhane accuse 23 pertes. Larmée française a aussi perdu des hommes, en Côte dIvoire (22), au Congo (14), en Centrafrique (12), en Irak (12), au Gabon (9), en Égypte (9), dans le golfe persique (4), en Somalie (3), en Haïti (3), au Cambodge (3), au Burkina Faso (2) au Rwanda (1). Depuis la fin de la guerre dAlgérie en 1962, la liste trace la géographie des zones dinfluence de la France dans le monde et des menaces qui pèsent sur elle.

Pour le g n ral Lecointre, chef d tat-major des arm es, linauguration du monument aux morts en Opex ne signifie pas seulement honorer nos soldats . Il sagit aussi de dire quelqu’aujourd’hui, la France combat et que les meilleurs de ses enfants vont au combat , a-t-il expliqué en octobre lors d’un colloque organisé par lAnopex, Association des anciens combattants des Opex. Cest des nations unies monument pour dire que nous sommes en guerre », at-il ajout . Une guerre contre le terrorisme.

Pour nous tous, le ravageur important

Pascale Lumineau, qui a son fils perdu fils Pierre-Olivier en Afghanistan en 2012

Initié sous Nicolas Sarkozy, le projet de monument aux morts des Opex aura mis huit ans à se réaliser. Il aura fallu surmonter des pesanteurs administratives et les chamailleries politiques entre lÉtat et la Ville de Paris pour que la statue, représentant six militaires portant un cercueil invisible, soit installée dans le parc André-Citroën, non loin du ministère des Armées dans le 15e arrondissement de Paris. Elle trouve sa place dans lancien «Jardin noir», rebaptisé Jardin Eugénie-Djendi, ancienne opératrice radio durant la Seconde Guerre mondiale, déportée et exécutée à Ravensbrück en 1945. La première pierre de lédifice a été posée symboliquement par François Hollande au printemps 2012. Puis le gouvernement Macron sest chargé de débloquer un processus enkysté.

Pour nous tous , c’est important, confie Pascale Lumineau, qui un fils perdu fils Pierre-Olivier en Afghanistan en 2012. Mais pour moi, mon fils nid pas l, ajoute-t-elle en pr f rant comme lieu de m moire le cimeti re o il est enterr . Comme beaucoup de familles, les retardataires accumulent du projet ont dû. a blesse , mais on ne peut rien y faire, soupire-t-elle. Pour autant, elle ne tarit pas de loges sur linstitution militaire qui la soutient dans le deuil ou limportance des c l’argent national qui aide accepter la mort.

Les familles des 549 soldats ont toutes été contactées et sollicitées au terme dun long et parfois difficile «jeu de piste». Contrairement aux autres anciens combattants, les militaires revenus dopérations extérieures ne sont pas tous organisés dans des associations représentatives. Au secrétariat dÉtat aux Anciens combattants, il a fallu joindre les régiments un à un et les dernières invitations sont arrivées il y a quelques jours seulement. À côté des responsables officiels, 600 personnes seront présentes lundi à Paris, liées à 250 soldats morts. Pour les autres, qui ne pouvaient ou ne voulaient pas faire le déplacement à Paris, un accompagnement particulier a été proposé par lOffice national des anciens combattants pour participer aux cérémonies locales.

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