Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d’une ambition (Editions l’Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l’Affranchi (2015).
L’opération, qui s’éternise, met fin douloureusement à « l’épisode Bayrou » et à l’impression qu’Emmanuel Macron veut reprocher au « jeune » Premier ministre Gabriel Attal d’avoir serré les rênes sur le locataire de Matignon. Comme si j’avais peur d’absorber trop de lumière. . .
Reprenons : Gabriel Attal est dynamique, brillant, et forcément ambitieux. Au départ il ne faisait pas partie des favoris pour Matignon… Et il n’a pas caché sa volonté de réussir là où les autres ont plus ou moins échoué, (- réformer l’Education Nationale), en débarquant rue de Varenne. Un peu la fleur au fusil, en s’exprimant avec une certaine fraicheur, sans les circonvolutions de la langue de bois. Et dans sa volonté de réussir, il a « emporté l’Education Nationale » dans ses bagages. Une option jouable dans l’optique du gouvernement première version. Si elle ne s’était pas complètement « plantée » dès sa prise de fonction, Amélie Oudéa-Castéra aurait sans doute accepté le tutorat de Gabriel Attal. Mais tout cela appartient déjà au passé. Dès son arrivée, Gabriel Attal s’est trouvé confronté aux de la super ministre de l’Education et surtout à la crise agricole…
Emmanuel Macron a refusé de prendre une résolution car le scénario est devenu intenable pour Amélie Oudéa-Castéra. Nul doute que le président attend le verdict du procès des assistants parlementaires du Modem et pense déjà à la nomination de Nicole Belloubet. L’acquittement de François Bayrou est venu (brièvement) perturber le processus. En deux étapes, trois mouvements, François Bayrou a installé l’idée qu’il était « le » ministre de l’Éducation nationale dont la France avait besoin. Une idée insupportable pour le Premier ministre et difficile à imaginer. pour le chef de l’Etat, pour qui chaque jour qui passe est un jour qui le rapproche de l’échéance de 2027, date à laquelle il ne pourra pas briguer un nouveau mandat. Avec le maire de Pau sur la place, ils côtoient presque quotidiennement un candidat de longue date pour lui succéder. Mais Emmanuel Macron a habilement laissé entre les mains de Gabriel Attal la tâche de limoger François Bayrou qui, puissamment relayé par les médias, s’était posé comme le successeur inévitable d’Amélie Oudéa-Castera.
Or, que peut précisément offrir Gabriel Attal à François Bayrou, auréolé de son prestige ? Peu. Il était sans doute maladroit de recommander la Défense, domaine réservé de toute façon au chef de l’Etat. . . Le Premier ministre a certainement de nombreuses qualités. Il n’est pas (encore ?) sournois et calculateur sous pression. Le bruit autour de « l’humiliation » que François Bayrou aurait subi est parvenu jusqu’à lui. Pour l’opinion publique, il a le même devoir qu’Emmanuel Macron pour le retard qui a présidé à la formation du gouvernement. . . C’est la loi de la politique. Pendant ce temps, au-delà des multiples désordres que « son » gouvernement devra résoudre, à commencer par les économies budgétaires nécessaires pour réduire les déficits publics face à la menace d’un embrasement social, Gabriel Attal a servi de rempart à Emmanuel Macron face à François Bayrou. Les problèmes du maire de Pau avec ses propres troupes ne sont pas de la responsabilité du gouvernement : Le Modem y découvre son compte avec 4 ministres. Jean-Louis Bourlanges, qui a jugé le coup de François Bayrou « politiquement inepte et moralement dégradant », est un président respectable de la commission des Affaires étrangères. Pour l’Éducation nationale la question se pose : Nicole Belloubet, sélectionnée par Emmanuel Macron, acceptera-t-elle une direction type Matignon ? Une nouvelle faillite s’ouvre. Durée indéterminée (durée).
Anita Hausser, journaliste, chroniqueuse à l’Atlantique, propose à ses lecteurs une enquête dans les coulisses de la politique française et étrangère. Ses publications incluent Sarkozy, itinéraire d’une ambition (Editions l’Archipel, 2003). Il a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l’Affranchi (2015).
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