Tony Parker, le jour de gloire San Antonio-Le Figaro

Les Spurs rendent hommage à lancienne star des parquets en retirant son maillot à San Antonio. Un moment unique.À jamais dans lhistoire. Sil croule sous les récompenses et les lauriers, Tony Parker touche son graal. «Tu ne peux pas avoir mieux! En tant que basketteur, cest le plus haut», jubile-t-il. Au panthéon. En hommage à celui qui a porté leurs couleurs pendant dix-sept ans, de 2001 à 2018, avant une dernière pige chez les Hornets de Michael Jordan, la saison passée, les Spurs retirent en effet son maillot, dans la nuit de lundi à mardi, lors dune cérémonie en lhonneur de lex-meneur de jeu de 37 ans, membre émérite du «Big Three» avec Tim Duncan et Manu Ginobili. Comprenez que la tunique frappée du nom de «TP» sera désormais accrochée, pour léternité, au plafond du AT&T Center, et que plus personne ne portera son numéro, le 9, à San Antonio. Un honneur rare. En fait, cest une première pour un Français. «Cest beaucoup démotion, je suis un peu nostalgique aussi, raconte-t-il au Figaro. Cest un honneur, ça fait chaud au cur. Avoir mon maillot retiré Je nai jamais rêvé de ça! Je pensais que cétait impossible pour quelquun comme moi. Cest pour cela que cest impressionnant, jai du mal à réaliser en fait. Et le fait davoir tout le monde en plus, ma famille, mes amis, léquipe de France, tout lASVEL, bref, tous les gens qui viennent me soutenir, cest incroyable.» Et le plus grand honneur de sa carrière, sans lombre dun doute: «Il ny a pas photo».

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Et dire quil a, un temps été seul à croire en ses chances de briller au sein de la prestigieuse NBA Ça semble difficile à croire aujourdhui, après lavoir vu décrocher quatre bagues de champion (2003, 2005, 2007, 2014), un titre de MVP des finales en 2007 et six invitations au All Star Game. Le tout en simposant au passage comme le meilleur passeur de lhistoire de la franchise (6829 «assists»), deuxième en termes de matchs joués (1198), quatrième marqueur (18943), et lun des deux seuls joueurs, dans toute lhistoire de lassociation, à faire partie du Top 10 au scoring et à la passe en play-offs (4045 points, 1043 passes décisives). Et pourtant Quand il claironnait haut et fort ses rêves américains, du fond de sa Normandie et du haut de son petit mètre quatre-vingt-huit, ça sonnait faux. «Tout le monde disait que jétais trop petit, trop maigre, que javais la grosse tête Sauf ma famille bien sûr. Tout le monde pensait que jétais fou», raconte-t-il.

Il faut dire quà lépoque, à la fin du siècle dernier, les Européens étaient encore rares au sein de la NBA. Ou alors pour y jouer les utilités. En 2001, quand Parker débarque chez les Spurs après sy être repris à deux fois pour convaincre le maître des lieux, Gregg Popovich, seuls Jérôme Moïso et Tariq Abdul-Wahad avaient réussi à fouler les parquets US en provenance de lHexagone. Le natif de Bruges a tracé la voie, un pionnier comme Pau Gasol et Dirk Nowitzki. «Quand jétais petit, jétais peut-être aussi un peu inconscient, je ne me rendais pas vraiment compte de ce quil fallait faire pour aller en NBA, admet Tonty Parker. Après, à 14-15 ans, quand le rêve était plus devenu un objectif, cest là que je me suis rendu compte que si je voulais réussir, il allait falloir que je travaille, que je fasse des sacrifices.» Et cest exactement ce quil a fait. Toujours. Sans jamais dévier de sa route. De Fécamp à lINSEP, en passant par Paris. Et jusquà San Antonio, le berceau idéal pour laider à grandir et à gagner, un club ouvert, disposé à laisser sa chance à un meneur français petit. Dailleurs, si Parker na pas attendu un an de plus pour partir, cest quil savait quil ne serait pas sélectionné haut à la Draft cette année-là, cest-à-dire par une équipe de bas de tableau. Il voulait démarrer fort, dans un club solide. Cest exactement ce quil a trouvé.

En haut de la cha ne alimentaire

Ça ne veut toutefois pas dire que tout a été simple. Loin de là Dans une autobiographie parue la semaine passée, Au-delà de tous mes rêves, il raconte par exemple à quel point le coach Popovich la poussé dans ses retranchements. Jusquaux larmes parfois, et ce nest pas une façon de parler. «Je pense quil a vu quelque chose en moi, il savait que je serais capable demmagasiner tout cela, devine-t-il. Il y a des joueurs qui nont pas pu, pas résisté, comme Hedo Türkoglu ou Beno Udrih. Et encore, il allait plus loin avec moi. Cétait violent et incroyable. Besoin de ça? Non. Jaurais joué de la même façon Après, on va dire que cest peut-être ce qui ma poussé encore plus haut, peut-être»

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Ne vous y trompez pas, il ny a pas une once de rancur envers «Pop» chez Tony Parker, il est comme un père pour lui. Juste de laffection pour lhomme et de ladmiration pour lentraîneur. Dailleurs, il a, avec ses frères, TJ et Pierre, été élevé à la dure aussi par papa Parker. Comme un air de déjà-vu. Dautant quau fil des ans, Gregg Popovich a su trouver les clés pour maintenir San Antonio en haut de la chaîne alimentaire. Jusquà lapogée, le moment de grâce, le chef-duvre, ce titre de 2014. Un an avant, Parker et les Spurs sinclinaient en sept manches face au Heat de LeBron James, de Dwyane Wade et de Chris Bosh, après avoir mené de cinq points à 20 secondes de la fin du temps réglementaire du sixième match, le titre à portée de main. Si près, si loin Crève-cur ultime. La pire désillusion de sa carrière en club. Et une motivation de tous les instants la saison suivante, jusquà la revanche face à cette même équipe de Miami en finale. Une démonstration. Les Spurs avaient déroulé un basket de rêve pendant toute la série autour de Kawhi Leonard et de TP, au sommet. «Cétait impressionnant, il ny avait pas derreur En attaque, on savait où tout le monde allait être. En défense, on était comme une seule personne», se remémore-t-il.

Au D mais, mon r ve tait d tre en NBA. Si c tait en sorte du banc, jaurais t content. Jamais de la vie jaurais r v tre champion

Tony Parker

Un an auparavant, il avait guidé les Bleus jusquau sacre continental à lEuro 2013, en Slovénie. Bien assez pour marquer lhistoire, son leitmotiv pendant toutes ces années. Quoique lappétit soit venu en mangeant, au fil des sacres qui nont pas tardé à tomber dans son escarcelle. «Quand tu gagnes des titres jeunes, et jai été champion NBA à 21 ans, il faut essayer de trouver des trucs pour se motiver, continuer à garder cette motivation pour rester au-dessus des autres. Au début, mon rêve était dêtre en NBA. Si cétait en sortant du banc, jaurais été content. Jamais de la vie jaurais rêvé être champion À lépoque, tu ne pouvais pas imaginer cela, être champion, All Star Après, quand tu gagnes ton premier titre, que tu es le premier Français champion NBA, premier Français All Star, tu te dis: Jai vraiment lopportunité de marquer lhistoire du basket français et de mon sport.Cétait ma motivation à partir de là. Après mon deuxième titre, je me suis dit: 23 ans, deux titres, si je continue à travailler dur, jaurais une chance de marquer lhistoire, et peut-être daller au Hall of Fame». Comprenez, le panthéon du basket US. Ça viendra. En attendant, cest au panthéon des Spurs que Parker entre ce lundi, son maillot accroché aux côtés de ceux de George Gervin, David Robinson, Tim Duncan ou encore Manu Ginobili. «Je suis en bonne compagnie», sourit-il. Eux aussi.

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