Macron officialise « sa main tendue » aux partis, la gauche s’indigne

Il s’agit d’élaborer « ensemble » des textes législatifs et d’ouvrir la voie, « si nécessaire », à des référendums, écrit le chef de l’Etat dans une lettre adressée aux partis.

Par touches successives, le chef de l’Etat met en musique la « grande initiative politique » annoncée en milieu d’été pour sortir des blocages à l’Assemblée nationale, où il fait face à l’absence de majorité absolue.

Les chefs de parti sont invités à un après-midi de débats et de dîner, dans un lieu qui sera précisé plus tard et qui ne sera peut-être pas l’Elysée.

« Quand l’intérêt supérieur du pays est en jeu, j’ai confiance, comme beaucoup de Français, dans notre capacité à faire converger le déni ou la résignation », a écrit Macron dans la lettre, également envoyée aux présidents des assemblées.

Les discussions porteront sur « le scénario extérieur et ses conséquences pour la France », « l’efficacité de l’action publique », ajoutant de nouvelles pistes de décentralisation et de réformes institutionnelles, et « l’esprit d’équipe de la Nation », a-t-il ajouté.

Après avoir failli écarter le Rassemblement national (RN) et la France Insoumise (LFI), l’Elysée a reconstitué son cerveau et a finalement invité ces deux formations que Macron considère en dehors de « l’arc républicain ».

« C’est une main loyalement tendue », insiste-t-il dans sa lettre, évoquant la rédaction immédiate des textes législatifs. « Le peuple, par l’intermédiaire de ses représentants et si c’est par référendum, aura le dernier mot.  »

Le chef de l’Etat, qui a fait de l’école la priorité de son retour en politique, revient une nouvelle fois sur les émeutes urbaines d’une violence sans précédent qui ont suivi la mort du jeune Nahel le 27 juin dernier à un poste de contrôle de police à Nanterre.

– ‘À côté de l’histoire’ –

Ces événements « ont révélé chez une partie de nos jeunes une perte de sens de l’autorité et de la civilité, une forme de décivilisation », a-t-il déclaré.

Emmanuel Macron précise toujours sur quelles questions il peut consulter les Français par référendum, une option qu’il a évoquée à plusieurs reprises en six ans de présidence sans prendre aucune mesure.

Dans sa lettre aux dirigeants, il évoque une variété de problèmes similaires à la « cohésion de la Nation », tels que la situation de l’école, l’intégration, le pouvoir d’achat ou les inégalités.

Aucun politicien ne s’est opposé au précepte de cette réunion. Mais le leader de la France rebelle Jean-Luc Mélenchon a dénoncé une lettre déconnectée de la réalité des Français.

« Je pense que cette lettre a été écrite depuis la planète Mars », a-t-il réagi sur TF1, surpris par l’absence de mention de la canicule ou de la pauvreté à un moment où les Français « tiraient la langue » pour acheter des fournitures scolaires pour la rentrée.

Emmanuel Macron « semble perdre complètement l’histoire », a ajouté Europe Ecologie-Les Verts (EELV), qui a indiqué que sa dirigeante Marine Tondelier se rendrait à la nomination, déplorant « l’absence alarmante de problèmes écologiques et la place limitée laissée aux problèmes sociaux » dans l’agenda présidentiel.

Présent à Strasbourg à l’occasion de l’université d’été de son parti, le leader communiste Fabien Roussel a avoué qu’il « a tourné sa colère » contre le chef de l’Etat après la réforme des retraites qu' »il a encore avalée ».

Pour le socialiste Olivier Faure, le président « invente une nouvelle bidule », qui « est la énième fois, le énième débat, la énième réunion ».

Emmanuel Macron n’aborde pas non plus dans sa lettre la question de l’immigration, qui fera l’objet d’un projet de loi de son gouvernement dans les prochaines semaines.

Dans une interview au magazine Le Point jeudi dernier, le chef de l’Etat n’avait pas exclu le très contestable article 49. 3 de la Constitution, relatif aux retraites, pour imposer cette loi sur l’immigration sans vote.

La Première ministre Elisabeth Borne, qui a subi un mini-remaniement ministériel à Matignon en juillet, se prépare également à un marathon budgétaire à haut risque à l’automne.

Il devra élaborer une loi de finances qui réponde à la promesse de ne pas augmenter les impôts et à l’engagement de réduire malgré tout la dette de la France, tout en évitant une motion de censure de son gouvernement qui ferait unir toutes les oppositions.

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