Le soutien dune Adèle H à une autre. Dans une lettre ouverte publiée sur le site des Inrocks, Isabelle Adjani, qui tenait le rôle principal dans LHistoire dAdèle H de François Truffaut, dit toute son admiration pour Adèle Haenel. Le 3 novembre, dans une enquête de Mediapart, sa consur avait formulé des accusations d«attouchements» et de «harcèlement sexuel» envers le réalisateur Christophe Ruggia.
De ce témoignage, Isabelle Adjani dit quil changera la perception des affaires de violences sexuelles. Grâce à lui, «un renversement se produit dans le cours de cette histoire française dont lissue est toujours un procès médiatique», estime-t-elle. Il sagirait donc là dun véritable bouleversement culturel – et du démantèlement dun système «où laccusé, le criminel a le rôle principal et où le sort de la victime est une fois sur deux classé sans suite, par embarras culturel».
Si autrefois, tous les regards convergeaient vers le coupable présumé – selon Isabelle Adjani, ce fut le cas lors de laffaire Harvey Weinstein -, ce témoignage réhabilite la victime et la remet «au centre de lattention», estime son aînée. À lui seul, le vécu de la comédienne du Portrait de la jeune fille en feu incarne «lhistoire de loppression des femmes, lhistoire des trois H: harcèlement, humiliation et honte».
Il ny a pas daffaire Ruggia, il y a changement absolu de paradigme lhistoire dAdèle Haenel.
Isabelle Adjani
Isabelle Adjani juge que la force de son témoignage est telle qu«Adèle Haenel ne fait pas le procès de Christophe Ruggia, il ny a pas daffaire Ruggia, il y a – changement absolu de paradigme – lhistoire dAdèle Haenel.» La réappropriation de son histoire et de sa parole par la victime est salvatrice. «Ce nest pas ce quIL a fait qui est important, cest ce quELLE a à dire. Et ça, ça change tout!», senthousiasme lactrice de LÉté meurtrier.
Selon Isabelle Adjani, quand la parole est libératrice, le silence nengendre que «limpunité, la honte, la douleur». En parlant, Adèle Haenel sest délestée dun fardeau. Elle qui avait longtemps «vécu avec cette terreur des mots qui nempêchent pas de parler mais quil ne faut pas dire» vient de les «expulser […] sans les cracher à la gueule des salopards qui sévissent sur les plateaux, dans les bureaux, dans le métro, dans la rue, dans lintimité conjugale» Isabelle Adjani conclut: «Jadmire le courage et la dignité avec lesquels Adèle Haenel a pu et su faire face à son histoire».