Manifestation de personnels hospitaliers, à Paris, le 26 septembre 2019. SAMEER AL-DOUMY / AFP
Editorial du « Monde ». Le navire hôpital est en train de couler et lamiral aux commandes semble être aux abonnés absents. Jeudi 14 novembre, pour la première fois depuis une dizaine dannées, la Conférence des doyens de facultés de médecine, des syndicats de médecins, des personnels paramédicaux, des internes, des étudiants en médecine sont appelés à se mobiliser pour « sauver lhôpital public ». Ce rassemblement quasi inédit montre à quel point la situation est critique.
« Ce système sécroule et nous ne sommes plus en mesure dassurer nos missions dans de bonnes conditions de qualité et de sécurité des soins », écrivent dans une tribune que nous publions 70 des 77 directeurs médicaux des départements médico-universitaires de lAssistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
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Lhôpital craque de partout et il ne sagit plus seulement des urgences, ou de la grève, qui a débuté en mars et touche aujourdhui plus de 260 services sur 478 dans le public et cest son fonctionnement qui est gravement en péril. Martin Hirsch, le directeur général de lAP-HP, souligne que cette crise est notamment due à « des difficultés à recruter et à faire tourner les services ».
Selon la Fédération hospitalière de France, qui met en cause « le sous-financement organisé de lhôpital », cette incapacité à répondre aux besoins de personnel concerne 97 % des établissements de soins publics. Les signes de ce malaise saccumulent. A Mulhouse, les urgences risquent de fermer, faute de médecins. A Tourcoing, la maternité est amenée à suspendre les accouchements. Sur les 39 établissements franciliens de lAP-HP, plus de 900 lits sur 20 000 sont fermés.
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Au centre de la mobilisation du 14 novembre, qui devrait être de grande ampleur, la création de milliers demplois supplémentaires va être de nouveau mise en avant, les soignants exigent aussi une hausse immédiate de 300 euros net mensuels pour tous les salaires et larrêt des fermetures de lits dhospitalisation. Quatorze mois après la présentation par Emmanuel Macron dun plan santé, en septembre 2018, Agnès Buzyn, la ministre des solidarités et de la santé, a annoncé, il y a six semaines, un « pacte de refondation » pour répondre à la crise des urgences.
Sarticulant autour de douze mesures, dotées de 754 millions deuros sur la période 2019-2022, il va dans le bon sens, mais il ne répond pas aux attentes des grévistes. La ministre de la santé, qui connaît bien les conditions de travail à lhôpital quelle a qualifié, mardi, de « trésor national » pour y avoir exercé son métier de médecin, ne semble pas avoir pris conscience de lampleur de la crise et de la vigueur de la contestation.
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Le Monde