L’anti-affaire Weinstein
Pour l’interprète de La reine Margot, « l’histoire d’Adèle H., c’est l’anti-affaire Weinstein. Ce nest plus lhistoire des trois G [galanterie, grivoiserie et goujaterie, ndlr], de la domination masculine, cest lhistoire de loppression des femmes, lhistoire des trois H : harcèlement, humiliation et honte. Adèle Haenel ne fait pas le procès de Christophe Ruggia, il ny a pas daffaire Ruggia, il y a changement absolu de paradigme lhistoire dAdèle Haenel », écrit Isabelle Adjani. Pour l’actrice, le témoignage d’Adèle Haenel apporte un revirement essentiel dans la perception des violences sexuelles faites aux femmes. « Adèle Haenel accomplit un travail de mémoire essentiel pour que létat des choses change vraiment : elle ne témoigne contre personne, elle témoigne pour elle et ce faisant pour toutes les autres. Cest elle qui parle de ce quelle a vécu, comment elle la vécu et comment elle y a survécu jusquà aujourdhui. Ce n’est pas ce qu’IL a fait qui est important, c’est ce qu’ELLE a à dire.
« Trancher dans le vif »
Saluant le « courage » et la « dignité avec lesquels Adèle Haenel a pu et su faire face à son histoire », Isabelle Adjani assimile son témoignage à « un acte de survie ou plutôt de re-vie : elle a vécu avec cette terreur des mots qui n’empêchent pas de parler, mais qu’il ne faut pas dire, elle vient de les expulser, de les restituer sans vomir, sans les cracher à la gueule des salopards qui sévissent sur les plateaux, dans les bureaux, dans le métro, dans la rue, dans l’intimité… » Et de conclure par ces mots : « Cest à coups de haches symboliques et pas de hashtags quil faut trancher dans le vif. Dire, tout dire, ne rien omettre, ne rien oublier la mémoire est lavant-garde du combat ».