Lusine Lubrizol de Rouen, dont lentrepôt de produits finis a brûlé le 26 septembre, sera condamnée si elle reste à larrêt trop longtemps, a estimé le président de Lubrizol France, Frédéric Henry, dans un entretien à LUsine nouvelle publié mercredi.
«Nous ne pourrons pas rester à larrêt pendant six mois» car «ce serait pour nous synonyme darrêt pur et simple», a affirmé Frédéric Henry.
«Si nous ne redémarrons pas, nos clients iront voir ailleurs. Si nous redémarrons alors que nos clients ont trouvé dautres solutions, notre usine naura plus de raison de fonctionner», a-t-il ajouté.
2200 emplois concernés
Lusine est en outre «un gros contributeur fiscal» pour lagglomération rouennaise, où elle emploie directement ou indirectement quelque 2200 personnes, a remarqué le dirigeant.
«Nous sommes ici depuis 65 ans et avons toujours été intégrés à la vie économique locale. [] Si lusine fermait, on ajouterait donc une catastrophe économique à un incident industriel important», a-t-il souligné.
«Ce type dusine ne se déménage pas», car il sagit dun vaste complexe «très capitalistique» où sentremêlent des bacs, des tuyauteries et des pompes, a aussi remarqué Frédéric Henry.
Il est dailleurs vain de penser quon pourrait se passer de lindustrie chimique, selon lui. «Quand (les gens) sont sur la table dopération, cest la chimie qui leur permet de ne pas souffrir. La chimie est partout dans leur quotidien», a-t-il lancé.
La moitié des additifs fabriqués en Europe
«En ce qui concerne notre métier dadditiveur, tous les moteurs, toutes les pièces mécaniques, comme les boîtes de vitesses, les engrenages, les machines hydrauliques, fonctionnent avec des lubrifiants contenant des additifs. Les additifs permettent despacer les vidanges et daugmenter la durée de vie des moteurs. Sans additif, un moteur de voiture tourne 1000 kilomètres puis il casse.»
Lubrizol France fournit la moitié des additifs fabriqués en Europe. «Le marché va manquer de produit à un moment donné», a-t-il ajouté, alors que Total Lubrifiants a écrit à ses clients pour faire état de «force majeure» en raison de ses difficultés dapprovisionnement en additifs.
Quant aux 33 employés de lusine qui sont intervenus lors de lincendie du 26 septembre, les analyses de sang réalisées une semaine après «nont rien montré danormal». «De nouvelles analyses auront lieu six mois après lincendie», a expliqué Frédéric Henry.