Une marée haute d’une ampleur sans précédent en plus d’un demi-siècle s’est abattue mardi sur Venise, dans le Nord-Est de l’Italie. Elle a surpris les touristes qui ont pataugé dans les ruelles inondées tandis qu’un puissant sirocco a fait déferler les vagues sur la place Saint-Marc. Le vestibule de la basilique Saint-Marc a été lui aussi inondé, ce qui exceptionnel.
Cette acqua alta (marée haute) exceptionnelle, de 1,87 m, le plus haut niveau enregistré depuis 53 ans, s’est abattue dans la soirée sur la Cité des Doges, déclenchant les sirènes d’alarme. C’est la deuxième plus haute marée enregistrée à Venise depuis le début des relevés en 1923, derrière celle de 1,94 m le 4 novembre 1966.
Venise (Italie), mardi. La place Saint-Marc inondée. AFP/Marco Bertorello
«Nous sommes en train d’affronter une marée plus qu’exceptionnelle. Tout le monde est mobilisé pour gérer l’urgence», a tweeté le maire de la ville, Luigi Brugnaro, qui a diffusé des photos. «Nous avons besoin que tout le monde nous aide à faire face à ce qui est clairement les effets du changement climatique», a-t-il ajouté.
Le phénomène a fait au moins un mort, selon les médias italiens. Un Vénitien de 78 ans a péri électrocuté dans son logement inondé.
L’eau montante a submergé les terrasses des cafés, emportant tables et chaises le long des ruelles. Les passerelles des hôtels historiques situés le long du Grand Canal ayant été balayées par les flots elles aussi, les clients des bateaux-taxi en étaient réduits à entrer dans les établissements par les fenêtres.
Dans le somptueux Palais Gritti, où descendirent l’écrivain Ernest Hemingway, l’actrice Elizabeth Taylor et l’acteur Richard Burton, les eaux ont submergé le bar et les sofas en velours, menaçant tapisseries et livres reliés.
Venise (Italie), mardi. Le Palais Gritti inondé. AFP/Marco Bertorello
Le hauteur de l’eau ne signifie pas que la ville soit inondée sous 1,87 m. Il faut retrancher de cette hauteur le niveau moyen de la ville, qui se trouve entre 1 mètre et 1,30 m.
L’intendant de la basilique Saint-Marc, Pierpaolo Campostrini, assure qu’une inondation comme celle de mardi s’est seulement produite cinq fois dans l’histoire de la basilique (érigée en 828 et reconstruite après un incendie en 1063). La donnée la plus préoccupante est que, sur ces cinq précédents, trois ont été constatés au cours des 20 dernières années, dont une fois en 2018.
Venise (Italie), mardi. La basilique Saint-Marc sérieusement inondée. AFP/Marco Bertorello
Venise est régulièrement touchée par le phénomène des acqua alta, pics de marées particulièrement prononcés qui provoquent la submersion d’une partie plus ou moins grande de la zone urbaine insulaire. L’acqua alta inonde souvent les parties basses de la ville, dont la place Saint-Marc, et peut être amplifiée par le sirocco, comme cela a été le cas dans la soirée de mardi.
Pour protéger la ville de cette calamité, qui altère chaque fois un peu plus son patrimoine artistique, le projet Mose (acronyme de Module expérimental électromécanique, et signifiant Moïse en italien) est en cours de construction depuis 2003. Il consiste à installer 78 digues flottantes qui se lèveraient pour fermer la lagune en cas de montée de la mer Adriatique. Mais le surcoût et les malfaçons ont entraîné de nombreux retards.
Venise (Italie), mardi. Les inondations ont causé de nombreux dégâts. AFP/Marco Bertorello