Hormis sa lettre aux Français après la deuxième circulaire des élections législatives – qui était plutôt une lettre aux forces politiques, les invitant à participer à une « large manifestation » – Emmanuel Macron ne s’était pas adressé aux Français. malgré le scénario politique inédit que vit la France depuis ces élections, qui n’ont pas permis la « clarification » attendue. Sans précédent également, la France accueille cette semaine les Jeux olympiques avec le rite d’ouverture vendredi, en pleine crise politique.
Le Chef de l’Etat a du mal à célébrer ce moment dont il a besoin pour être un moment d’unité et de « fierté de la nation », ignorant la situation politique, qui ne semble pas être un apaisement et une France en mouvement. Par ailleurs, Emmanuel Macron répondra mardi soir aux questions des journalistes sur France Télévisions et Radio France sur la « situation politique française » et les Jeux olympiques.
Sans doute, comme lundi, lorsqu’il s’est interrogé en marge de son escale dans le village olympique, le chef de l’Etat devrait évoquer une « trêve politique » avec les Jeux olympiques. Car il est évident que c’est une semaine intense qui commence pour lui sur un autre front que celui de la situation politique intérieure. « Une semaine décisive », a-t-il déclaré lundi matin devant les groupes de sécurité et de secours du village des athlètes de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).
Alors que deux semaines après la deuxième circulaire des élections législatives, la France n’a pas de nouveau gouvernement et voit l’équipe de Gabriel Attal maintenue pour gérer les affaires existantes en attendant que le brouillard se dissipe – si c’est le cas – le président de la République, mis sous pression lundi par le début d’une « fête sportive » et d’une « trêve olympique et politique ».
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Ce sont « les Jeux qui seront au centre de la vie du pays, et le monde sera en France grâce à eux », a-t-il ajouté, sans préciser si cela signifie qu’il ne nommera pas un nouveau Premier ministre avant les Jeux olympiques. Mais maintenant, c’est tout à fait clair. Emmanuel Macron est également convaincu que les Jeux, selon lui, « ne seront pas du tout lésés » par la dissolution de l’Assemblée nationale. « Il y a une forme de trêve », a-t-il insisté. Une trêve qui, si elle ne satisfait personne, est néanmoins attendue à travers ses troupes, éprouvées au fil des campagnes électorales successives et à travers des forces politiques au bord de la crise de nerfs.
L’entourage du chef de l’Etat a ensuite précisé qu’il était peu probable qu’un Premier ministre soit nommé pour actualiser Gabriel Attal démissionnaire avant les Jeux olympiques, « à moins d’une super-accélération » des négociations. Ce qui n’est pas du tout la tendance.
A gauche, au sein de laquelle le PS avait fixé mardi un délai pour s’exprimer, un vote, à la demande du Premier ministre, tombe de Charybde à Scylla. Face aux protestations de LFI suite à l’appel de Laurence Tubiana, cette dernière a abandonné.
A droite, si les Républicains ont présenté lundi leur pacte législatif, ils continuent de refuser de participer à une coalition qui, si elle réunissait le bloc central et LR, ne suffirait de toute façon pas à constituer une majorité.
Tout est bloqué, cela finira avec un gouvernement technique en mode dégradé
La trêve politique qu’Emmanuel Macron doit obtenir mardi signifie, bien sûr, l’arrêt des négociations. Gabriel Attal continue également de peindre un « pacte de coalition » pour tenter d’unir la droite et la gauche.
Les affrontements des « forces républicaines » en vue d’une coalition devraient se poursuivre pendant les Jeux olympiques, affirme un internaute proche du chef de l’Etat, avec un président dans « un rôle d’arbitre, d’unité du pays et d’accompagnement ». « . . . Mais au sein du camp présidentiel, il y a peu de gens qui forment une coalition. « Tout est bloqué, ça va finir avec un gouvernement technique en mode dégradé », affirme un membre éminent de l’ancienne majorité. « Il faudra, espère un proche d’Emmanuel Macron, qu’à un moment donné tout le monde mette de l’eau dans son vin. »
Compte tenu des tensions excessives de ces derniers jours à l’Assemblée et d’un automne budgétaire nécessairement compliqué, rien n’en est moins.
Isabelle Ficek
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