Chine : qu’attendre d’Emmanuel Macron et d’Ursula von der Leyen ?

Emmanuel Macron a appris à dire en chinois il y a longtemps : « Nous devrons rendre notre planète merveilleuse et belle à nouveau. »C’était en janvier 2018, lors de son premier arrêt à Xi’an, berceau de la civilisation chinoise. Donald Trump avait déchiré l’accord de Paris sur le climat et le chef de l’Etat pensait qu’il pouvait motiver de nouvelles ambitions climatiques mondiales dans l’Empire du Milieu. Emmanuel Macron m’a donné l’impression, dès le début de son mandat, d’avoir une position ferme vis-à-vis de la Chine, très proche de celle de l’Union européenne », a déclaré Jean-Maurice Ripert, ambassadeur de France en Chine de 2017 à 2019. Je lui ai dit qu’il fallait aller sur place, non pas pour faire des balances géantes avec trois cents boss, mais plutôt en délégation rapprochée pour être plus efficaces. « 

Depuis lors, la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine ont changé les cartes du monde. C’est ce qui fait de cette troisième visite en Chine du président français, de mercredi à samedi, un projet de restructuration dont il ne pourra pas se détourner. sans s’être bien fait comprendre.

Le facteur important de cette ampleur sera l’unité européenne vis-à-vis de la Chine.

La grande question de cette ampleur sera de maintenir l’unité européenne en Chine, sans la mettre en scène, pour illustrer la fin de la naïveté des Vingt-Sept sur ce que possède la Chine de Xi, tout en coopérant avec elle dans l’intérêt exclusif de l’UE. L’Union européenne et les enjeux mondiaux », explique Antoine Bondaz, spécialiste de l’Asie à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).

De ce point de vue, la présence à bord de l’avion Elyséen de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pourrait ne pas envoyer de signal majeur. Pour que les failles ne soient pas exploitées, il a pris soin jeudi de redéfinir la politique de l’Union européenne vis-à-vis de la Chine.  » Je pense qu’il n’est pas faisable ou dans l’intérêt de l’Europe de prendre ses distances avec la Chine », a-t-il déclaré à l’Institut Mercator, le groupe de réflexion allemand spécialisé dans l’Asie. « .

En d’autres termes, des peintures sur des problèmes non inhabituels et nous sur le reste sans nourrir un climat de guerre froide. Faut-il alors, en pleine guerre en Ukraine et alors que la confrontation entre Pékin et Washington se poursuit, continuer à proposer une « troisième voie » ?À la Chine, selon l’expression coûteuse de Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne ?

« Il ne faudra pas parler d’une troisième voie, car elle impose une référence à l’affrontement sino-américain et surestime notre poids stratégique », a déclaré Antoine Bondaz, consulté la semaine dernière par Emmanuel Macron. « Nous ne devrons pas exagérer notre différence technique avec les Américains parce que c’est précisément ce dont les Chinois ont besoin pour nous dissocier des États-Unis. »

La Chine et les États-Unis sont désormais l’Union européenne en tant que levier pour communiquer entre eux

Pour le sinologue Emmanuel Lincot, professeur à l’Institut catholique de Paris qui a participé à la même consultation préparatoire à l’Elysée, la marge de manœuvre est plus que réduite. La Chine et les États-Unis sont désormais l’Union européenne comme levier de communication « C’est à nous d’utiliser cette position d’intermédiaire, une ligne de démarcation qui nous fait partager les mêmes valeurs que les Américains mais pas les mêmes intérêts. »

Dans ce jeu de hasard, la France et l’Union européenne n’ont pas attendu la fin de la pandémie pour échanger sur une politique de plus grande autonomie de nos secteurs stratégiques et de nos approvisionnements. Mais il reste encore beaucoup à faire pour résister à la force chinoise tout en cherchant à atténuer un déficit industriel abyssal.

La Chine a aujourd’hui un PIB supérieur à celui de l’Union européenne, elle est le premier partenaire économique de plus de 60 pays

Le nouveau record français de 55 milliards d’euros pour 2022 illustre le manque de réciprocité dans l’accès au marché chinois mais aussi la préférence des exportateurs français pour « réduire les risques » de leur activité en Asie. « La Chine a aujourd’hui un PIB supérieur à celui de l’Union européenne de l’UE, est le premier partenaire économique de plus de 60 pays, le premier créancier de l’Afrique et en même temps une puissance spatiale, militaire et civile, indique une source liée à l’organisation du voyage. Si nous avons besoin d’avoir un impact, nous aurons « besoin d’avoir une conversation avec elle sans tabous sur tous les sujets ».

Cela inclut également les droits de l’homme. L’Elysée rappelle qu’il agit avec discrétion dans ce domaine, que la France a réussi à obtenir la sortie vers la France des Ouïghours menacés et qu’elle plaide auprès de ses partenaires européens en faveur d’une vingtaine de cas exprès de dissidents chinois.

Emmanuel Macron a même invité une dizaine d’artistes chinois des années 80 à venir avec lui à Pékin, dont certains ont pris la nationalité française après s’être réfugiés en France à la suite du massacre de la place Tiananmen. Moins d’un an avant le 60e anniversaire de la popularité du général de Gaulle. C’est un autre visage, moins lisible, du « dialogue exigeant » avec Pékin. Pour Anne Genetet, députée de la circonscription des Français de l’étranger vivant en Chine, et qui participera au voyage, « il va falloir protéger notre style démocratique et ainsi renforcer notre discours sans nier les interdépendances que nous aurons avec un tel pays ».

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