En France, près de 4 millions de personnes sont concernées par la maladie du diabète, dont environ 5% de type 1. Ce type de diabète se déclare lorsque les cellules pancréatiques productrices d?insuline sont en majorité détruites, alors qu?elles permettent à l?organisme d?avoir de l?énergie. Les personnes atteintes peuvent alors faire des malaises, ressentir fortement de la fatigue, ou perdre du poids.
Jusqu?alors, les patients s?injectaient régulièrement des doses d?insuline, insuffisamment produites par leur organisme à cause de la maladie, afin d?aider leur corps à produire de l?énergie. C?est ce que l?on appelle l?insulinothérapie. Des chercheurs de l?Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) réfléchissent depuis plusieurs années à des traitements moins lourds pour les patients. L?un d’eux, la transplantation d?îlots, s?avère prometteur.
L?équipe « Recherche translationnelle sur le diabète » de l?Inserm, basée à Lille, explore donc cette innovation « aux bénéfices incontestables pour les patients ». Plus de 50 personnes ont déjà pu bénéficier de cette greffe de cellules insulino-sécrétrices, qui « transforme la vie des patients qui se trouvaient jusqu?ici en impasse thérapeutique », note l?Inserm.
« Le principe de la greffe d?îlots est de remplacer les cellules détruites du pancréas afin de rétablir une production régulée d?insuline. Se faisant, elle permet de normaliser le contrôle glycémique des malades, voire d?interrompre l?insulinothérapie », explique l?institut. « La greffe d?îlots est proposée à deux profils de patients : ceux qui ont un diabète de type 1 très instable, mais aussi les patients greffés d?un rein, qui prennent déjà des médicaments immunosuppresseurs qu?il suffit alors d?ajuster », détaille Marie-Christine Vantyghem, membre de l?équipe de recherche.
Les patients qui ont subi une transplantation d?îlots ces dernières années voient leur vie considérablement améliorée. Ainsi, dans une étude réalisée par l?équipe de recherche lilloise, 28 patients ayant bénéficié de la greffe entre 2003 et 2012 ont été suivis sur le long terme. Cinq ans après la transplantation, la moitié des patients avait toujours un bon contrôle glycémique, sans apport d?insuline. C?était encore le cas pour un tiers d?entre eux une décennie après la greffe.
« Les patients qui ont les meilleurs résultats à long terme sont surtout ceux qui avaient retrouvé un bon contrôle glycémique juste après la greffe », notent les chercheurs François Pattou et Marie-Christine Vantyghem. « Si nous voulons l?optimiser, il faut miser sur la qualité et la quantité des îlots que nous greffons au départ ». Cette technique prometteuse est actuellement en cours d?évaluation auprès de la Haute autorité de santé pour être remboursée par l’Assurance maladie. « La réponse est attendue pour 2020 ».