Le chargé daffaires américain à Kiev, William Taylor, et le responsable du département dEtat spécialiste de lUkraine, George Kent, le 13 novembre, au Capitole, à Washington. Susan Walsh / AP
La procédure de mise en accusation de Donald Trump est devenue publique, mercredi 13 novembre, avec les auditions de deux diplomates de carrière, relayées devant des millions de téléspectateurs, qui ont conforté la thèse dun abus de pouvoir du président américain.
Le président de la commission du renseignement de la Chambre des représentants, Adam Schiff, a ouvert avec solennité laudience : « Les questions posées par cette enquête de destitution sont de savoir () si le président Trump a cherché à conditionner des actes officiels, tels quune réception à la Maison Blanche ou lassistance militaire américaine, à la coopération de lUkraine à deux enquêtes politiques qui laideraient dans la campagne pour sa réélection, et, si tel est le cas, de dire si un tel abus de pouvoir est compatible avec ses fonctions. »
Les démocrates ont hésité avant de se lancer dans une telle procédure. La speaker (présidente) démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, avait résumé, en mars, son opposition à une mise en accusation de Donald Trump, défendue alors par une partie des élus de son parti dans le cadre de lenquête consacrée aux interférences russes pendant la présidentielle de 2016. « Cest une telle source de discorde pour le pays que, sauf sil y a quelque chose de très convaincant, daccablant et de bipartisan, je ne pense pas que nous devrions suivre cette voie », avait estimé lélue de Californie, au cours dun entretien au Washington Post.
Par sa simplicité, laffaire ukrainienne a rempli la première condition. Il est question dun éventuel abus de pouvoir à des fins personnelles du président des Etats-Unis, étayé par le compte rendu, publié le 25 septembre, dune conversation téléphonique avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky. Ce dernier y est invité à ouvrir des enquêtes visant les adversaires politiques de Donald Trump, dont le candidat à linvestiture démocrate Joe Biden, via son fils Hunter, présent au conseil dadministration dune entreprise gazière ukrainienne, Burisma.
La seconde condition évoquée par Nancy Pelosi, un consensus entre démocrates et républicains sur la réalité de ces faits, reste en revanche pour linstant introuvable. Les premières auditions publiques concernant des témoins qui ont accepté de témoigner devant la Chambre ont confirmé cet état des lieux. Les deux camps se sont fixé des missions diamétralement opposées face à deux diplomates de carrière le chargé daffaires à Kiev, William Taylor, et le responsable pour la zone Europe-Eurasie du département dEtat, George Kent, lun comme lautre aussi sérieux que précis.