La croisade des conseillers fédéraux à la retraite. Ou l’ingérence des riches.
Le Conseil fédéral en 2000. Sur cette photo, trois conseillers fédéraux participent à la croisade contre la 13e rente AVS en 2024: Joseph Deiss, Pascal Couchepin et Adolf Ogi. Quant à Ruth Dreifuss, elle y est favorable.
Servez et le tour est joué. C’était autrefois la devise des conseillers fédéraux à la retraite. Depuis des années, des postes plus ou moins normaux ont été repris par Micheline Calmy-Rey à la RTS, Pascal Couchepin au Nouvelliste, Ruth Dreifuss ici et là. Ueli Maurer, quant à lui, s’est distingué ces dernières semaines dans le règlement des comptes avec la gestion du Covid-19 par le Conseil fédéral.
Cette présence sur la scène politique des « anciens » est plus ou moins appréciée par tous, selon leurs propres opinions. En général, nous sommes surpris par leurs positions conformes à la ligne de leur parti. Ce n’est pas parce qu’ils sont éloignés de la politique qu’ils sont éloignés du débat d’idées, qui est leur droit absolu en tant qu’individus.
En revanche, lorsqu’il s’agit d’entreprendre une opération de croisade, sous la direction d’Economiesuisse, à l’appui d’une initiative, c’est beaucoup plus discutable. Les anciens conseillers fédéraux passent du statut d’observateurs de la vie politique à celui d’acteurs. Bien qu’on leur donne un point de vue sûr, ils soutiennent parfois des militants comme tout le monde.
Les pieds bien au chaud, avec une retraite d’environ 20’000 francs par mois, ils n’ont pas besoin d’une 13ᵉ rente. S’ils touchent cet argent, c’est bien parce qu’ils sont à la retraite, au sens strict du terme. Ils ont fait leur temps. Un autre Conseil fédéral est en place, qui a pris position contre l’initiative, et dont la ministre Elisabeth Baume-Schneider assume parfaitement sa fonction. Enfin, c’est l’ampleur de l’engagement qui interpelle. Les trois conseillers fédéraux alémaniques sont signataires de quelque 700’000 lettres personnalisées: c’est de l’ordre d’une campagne industrielle, avec un coût pas loin du million de francs!
Ce dérapage illustre à quel point le camp bourgeois craint de perdre cette votation. Mais tout n’est pas bon pour influencer l’opinion. Certains, qui pensaient voter oui, vont peut-être changer d’avis en lisant la lettre alarmante d’Adlfo Ogi, Doris Leuthard et Johann Schneider-Ammann. Mais à l’inverse, cette mobilisation, perçue comme l’ingérence de gens fortunés et déconnectés, pourrait profiter globalement au camp du oui. Réponse le 3 mars.
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