Après les récentes restrictions d’utilisation des insecticides que craignent les agriculteurs, Emmanuel Macron a annoncé samedi au Salon de l’Agriculture le lancement d’un nouveau plan visant spécifiquement à coordonner l’action de la France avec celle de l’Union européenne. « Pourquoi demander à nos agriculteurs des efforts que les voisins n’ont pas à faire ?Dernièrement, nous avons eu des décisions qui sont tombées un peu trop brutales, nous avons mis les agriculteurs devant les oukases, sans solution », a-t-il déclaré aux journalistes. « Nous voulons, au niveau européen, avoir une politique qui harmonise beaucoup plus », sous la pression du chef de l’Etat.
Ce plan, dont les orientations seront annoncées ce lundi par la Première ministre Elisabeth Borne, visera selon le président de la République à « donner de la visibilité à nos agriculteurs » et « avoir un calendrier européen qui correspond au calendrier français ». Emmanuel Macron est confiant qu’il y aura « des alternatives et de l’accompagnement » pour les agriculteurs touchés par les restrictions. De nombreux agriculteurs ont admis que la diversité des insecticides (insecticides, fongicides ou herbicides) a été surréduite ces dernières années, les laissant dans des « impasses ».
En janvier, le gouvernement français a forcé les producteurs de betteraves à renoncer à accorder des dérogations qui leur permettaient d’utiliser des néonicotinoïdes, selon un arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE). Cette résolution est intervenue quelques semaines avant la plantation de betteraves alors que les néonicotinoïdes, toxiques pour les abeilles, protègent les cultures. Début février, quelque 500 tracteurs avaient défilé dans les rues de Paris, à l’appel du premier syndicat agricole, la FNSEA, pour dénoncer cette démission.
Le 15 février, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a également annoncé son objectif d’interdire les principales utilisations du S-métolachlore, un herbicide largement utilisé en France, dont les dérivés chimiques ont été découverts dans l’eau au-delà des limites légales. En annonçant le nouveau plan, l’Elysée l’a pressé : « c’est la première fois que nous devons mettre les agriculteurs au centre » de la résolution, alors que les plans précédents de réduction des pesticides agricoles, connus sous le nom d’Ecophyto, étaient essentiellement basés sur des « motivations » environnementales et de remise en forme.
La présidence a évoqué sans points supplémentaires le « financement public » et une éventuelle contribution des fabricants de produits phytopharmaceutiques « qui devront nous dire combien ils investissent avec nous pour trouver des solutions ». « Nous ouvrons nos frontières sans avoir les mêmes exigences de qualité, a également fait valoir l’Elysée en référence à la faiblesse des accords de l’industrie, avec l’Amérique latine en particulier. 20 ans » dans l’UE, a déclaré la même source.
En 2020, la Cour des comptes avait pointé la politique de réduction de l’utilisation des insecticides, « bien en deçà des objectifs » malgré un budget abondant d’environ 400 millions d’euros. La France vise à réduire l’utilisation d’insecticides artificiels de 50% d’ici 2025.