Ce ne sont plus des paroles en l’air, les jeunes loups arrivent

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Des corps usés et rouillés

Nadal avec sa blessure abdominale, et Federer avec ses obligations familiales ont constaté au Masters que le manque d’entraînement leur deviendra préjudiciable, qu’il leur sera toujours plus difficile de retrouver le rythme de la compétition, parfois l’intensité émotionnelle qui en est le moteur, au sortir d’un arrêt de plusieurs jours. Dès lors que ces absences de latence sont nécessaires à leur longévité, se pose la question embarrassante de leurs effets indésirables: comment reposer son corps très régulièrement sans l’engourdir trop longtemps?

C’est en cela qu’apparaît aujourd’hui la menace toujours plus concrète d’une relève impliquée, certes moins mature au plan athlétique, mais plus explosive et désinhibée. On a certes souvent crié aux jeunes loups, ces dernières années, dans le tennis. On a prédit successivement la gloire de Berenkis, de Tomic, de Dimitrov (etc.) car il est dans la nature humaine de considérer la facilité comme le talent unique et indivisible, jusqu’à en oublier des considérations autrement plus basiques que sont la faculté d’apprendre, de souffrir et de durer. De la perception subjective à la réalité objective, il reste que «les trois mages» ont remporté les douze derniers tournois du Grand Chelem, et n’ont abandonné la première place mondiale à nul autre depuis bientôt seize ans.

Mais les signes avant-coureurs de l’insurrection apparaissent bel et bien, et ils sont le fait de joueurs profondément résilients, cette fois, plus que prodigieusement doués. Thiem est invaincu contre Federer cette année, soit trois victoires dans autant de configurations différentes, et il a remporté quatre de ses cinq dernières confrontations contre Djokovic. Medvedev, avec son style unique et un peu bizarre, est le meilleur joueur du deuxième semestre.

Des progressions rapides

Plus intéressant encore: leur évolution n’obéit à aucune logique de profil, mais à un développement personnel fondé sur la connaissance: Thiem, élevé sur la terre battue, a acquis en moins d’un an une stature de joueur indoor qu’aucun suiveur du Masters 2018 n’aurait envisagé, même à l’heure de l’apéro.

«Les jeunes ne cessent de progresser, valide Boris Becker. Cette semaine, ils ont battu les trois grands, à l’image de Thiem qui joue à un très, très haut niveau. On attend depuis longtemps le moment où les nouveaux rattraperont les anciens. C’est en train d’arriver à Londres.» Thomas Muster renchérit: «Dans le jeu, Thiem est désormais au niveau des meilleurs. Il ne lui manque «que» le palmarès et l’expérience que l’on acquiert en gagnant.»

Dans l’acquisition de compétences, les jeunes progressent toujours plus vite, avec des structures élargies et des outils techniques performants. «Nous gagnons encore mais notre marge diminue», observait Roger Federer à l’US Open. De la même façon que Marc Faber annonce un effondrement des marchés boursiers depuis dix ans, l’insurrection dans le tennis finira bien par arriver, c’est mathématique, mais l’année 2019 l’aura rendu crédible, enfin.

Créé: 14.11.2019, 23h13

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