Destitution de Trump: une diplomate irréprochable devant le Congrès – Le Figaro

Commentée en direct par un tweet sarcastique de Trump, laudition au Congrès de Marie Yovanovitch, ex-ambassadeur américain à Kiev, sest déroulée dans une ambiance tendue entre parlementaires républicains et démocrates.

La diplomate a été entendue pendant toute la matinée de vendredi par la commission parlementaire chargée de lenquête pour la destitution de Donald Trump. Elle a livré un témoignage sobre et émouvant du déroulement de son ambassade entre 2016 et 2019. Elle a raconté comment elle a vu se mettre en place un réseau diplomatique parallèle, composé par lavocat personnel de Trump, Rudy Giuliani et lambassadeur américain auprès de lUnion Européenne Gordon Sondland. Elle a décrit comment elle a été victime dune campagne de calomnie à Washington et à Kiev, mettant en cause ses capacités professionnelles. Elle a expliqué les circonstances dans lesquelles elle a été finalement rappelée à Washington sans explications en mai 2019, par un simple coup de téléphone, quelques jours avant la cérémonie dentrée en fonction du nouveau président ukrainien Zelensky.

« Lancienne ambassadeur américaine, la femme, cétait une mauvaise nouvelle… Il va lui arriver des choses ».

Donald Trump au président ukrainien

Elle a enfin expliqué comment elle a été «choquée», et «dévastée» quand elle avait découvert quelle avait été citée par Donald Trump dans sa conversation du 25 juillet avec son homologue ukrainien: «Lancienne ambassadeur américaine, la femme, cétait une mauvaise nouvelle», avait dit Trump à Zelensky, «il va lui arriver des choses».

Au même moment, un message de Trump sur Twitter a été lu par Adam Schiff, le président de la Commission. «Ça a mal tourné partout où elle est allée», a écrit Trump, «elle a commencé en Somalie, on a vu comment ça sest passé. Et jusquà lUkraine, où le nouveau président ukrainien a parlé delle défavorablement dans mon deuxième appel téléphonique».

«Cest très intimidant», a reconnu lambassadeur devant la commission.

Si elle na pas apporté déléments nouveaux sur lenquête, Yovanovitch a fait une forte impression sur lauditoire. Les parlementaires républicains eux-mêmes ont rendu hommage à sa carrière et à son professionnalisme. À un parlementaire qui lui demande si elle est une opposante à Trump, elle rappelle quelle est entrée dans la carrière diplomatique sous Ronald Reagan, et quelle a servi sous plusieurs présidents républicains et quelle a été nommée ambassadeur par George W. Bush.

«Je pense quil est important de ne pas avoir daffiliation politique en tant que diplomate», a-t-elle dit, «parce que ce nous faisons nest pas au service dun parti ou dun autre, mais est important pour notre sécurité nationale, dans un monde de plus en plus dangereux».

Diplomate de carrière, née au Canada dans une famille dorigine ukrainienne, Yovanovitch a servi comme ambassadeur au Kyrgyzstan et en Arménie. Elle a reçu de nombreux témoignages de satisfaction au sein du Département dEtat. Sa dignité, sa sobriété et la précision de ses réponses, lui ont valu des manifestations de respect de la part des membres de la commission, qui ont unanimement salué la carrière irréprochable de lambassadeur.

Mais latmosphère est restée tendue entre les parlementaires démocrates et républicains tout au long de laudition. «Les Démocrates nous forcent une fois encore à participer à leur opération pour renverser un président légitimement élu», a commenté dès le début Devin Nunes, le vice-président républicain de la commission. Adam Schiff, qui menait les débats, a rappelé à lordre à plusieurs reprises ses collègues républicains. Il a aussi pris note du message de message de Trump mettant en cause Marie Yovanovitch. «Nous prenons les tentatives dintimidations très au sérieux», a-t-il commenté.

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