La chef des démocrates au Congrès américain Nancy Pelosi lors dune conférence de presse à Washington, le 14 novembre. CHIP SOMODEVILLA / AFP
La chef des démocrates au Congrès américain, Nancy Pelosi, a pour la première fois utilisé jeudi 14 novembre le terme de « corruption » pour désigner les soupçons pesant sur le président américain, visé par une enquête en destitution dans laffaire ukrainienne.
Sexprimant au lendemain des auditions télévisées de hauts diplomates organisées dans le cadre de cette enquête explosive, Mme Pelosi na pas choisi ses mots au hasard : la « corruption » est lun des chefs daccusation cités par la Constitution américaine pour justifier une destitution. « Les témoignages accablants ont corroboré les preuves de corruption mises au jour par lenquête », a déclaré la présidente démocrate de la Chambre des représentants, lors dune conférence de presse. Elle a ajouté que les faits exposés la veille faisaient apparaître comme « presque petits » ceux reprochés au président républicain Richard Nixon, lui aussi visé par une enquête en destitution en 1974.
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Abus de pouvoir
Les démocrates soupçonnent Donald Trump davoir abusé de ses pouvoirs présidentiels en demandant au président ukrainien Volodymyr Zelensky denquêter sur Joe Biden, bien placé pour laffronter lors de la présidentielle américaine 2020. Ils tentent de démontrer quil a en plus, pour lobtenir, fait pression sur Kiev en gelant une importante aide militaire destinée à lUkraine.
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Pour Nancy Pelosi, la corruption consiste à « accorder ou suspendre une aide militaire en échange dune déclaration publique concernant une fausse enquête sur les élections », ce qui représentait « une tentative évidente de la part du président de se donner lavantage pour lélection de 2020 ». Donald Trump affirme que sa conversation avec son homologue ukrainien était parfaite. Un argument repris par une grande majorité de parlementaires républicains qui font bloc derrière lui.
Tempo soutenu
Avec une dizaine dauditions publiques prévues dici le 20 novembre, les démocrates signalent quils ne veulent pas perdre de temps dans lenquête, avant un possible vote sur la mise en accusation, l« impeachment » en anglais, du président à la Chambre. « Nous navons pas encore décidé que nous allons mettre [le président] en accusation, a précisé Mme Pelosi jeudi. Cest ce à quoi sert cette enquête. » Compte tenu de la majorité républicaine au Sénat, il est peu probable que Donald Trump soit ensuite destitué, car la chambre haute, qui serait chargée de le juger, aurait le dernier mot.
Vendredi, les parlementaires interrogeront, lors dune audition publique, lex-ambassadrice des Etats-Unis à Kiev, Marie Yovanovitch, brusquement relevée de ses fonctions au printemps après avoir fait lobjet dune campagne hostile menée par lavocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani. Un diplomate qui aurait entendu Donald Trump parler à lun de ses ambassadeurs « des enquêtes réclamées » à lUkraine devrait aussi témoigner, mais à huis clos, selon les médias américains.
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