Les charentaises en Charente, c?est terminé : 104 salariés sur le carreau – Ouest-France

La dernière fabrique de charentaises en Charente va fermer: le tribunal de commerce dAngoulême a prononcé, ce vendredi 15 novembre 2019, la liquidation judiciaire de La Manufacture Charentaise (LMC) à Rivières, qui laisse 104 salariés sur le carreau.

Placée en redressement judiciaire le 25 juillet dernier, lentreprise navait fait lobjet que dune seule offre de reprise que le tribunal a rejetée. Elle ne proposait que le maintien de 38 emplois.

La liquidation a été prononcée «avec effet immédiat», a précisé Henri Lalouette, dirigeant départemental FO qui suivait le dossier, dénonçant la «gabegie, lincompétence et la négligence» des dirigeants qui ont conduit à cette faillite.

Les salariés qui «vont recevoir leur lettre de licenciement dans les quinze jours, qui sont mis à la porte sans solution, payent les inconséquences de léquipe dirigeante», a-t-il accusé. Il a ensuite lancé un appel pour quun groupe ou mécène «ne laisse pas tomber ce savoir-faire. On est dans quelque chose de patrimonial».

«Triste issue»

Présidée par Renaud Dutreil, ex-ministre du gouvernement Raffarin, qui détient la moitié des parts, LMC est le fruit du regroupement en 2018 de quatre fabricants, déjà mal en point, des célèbres chaussons charentais.

Dans une lettre ouverte aux salariés vendredi, Renaud Dutreil a regretté cette «triste issue», en assurant les salariés de son soutien pour laccompagnement à venir.

Son projet il y a un an était «un bon plan», a-t-il plaidé. Mais il a souligné la responsabilité dun directeur général, depuis démissionnaire, qui a «engagé lentreprise sur la mauvaise pente et compromis notre projet commun». Même si «la tâche était difficile», a-t-il concédé.

Le chiffre daffaires a fondu

Selon une source proche du dossier, la société a subi en un an une forte baisse de son chiffre daffaires – de 13 millions deuros pour les quatre entreprises en 2018 à 7 millions – passant dun résultat net positif de 1,3 ME à une perte de près de 700 000 euros en quelques mois.

Des problèmes de gouvernance, avec une direction en conflit interne, ainsi que des «mauvais choix de commercialisation», notamment en abandonnant trop rapidement ses ventes traditionnelles en grande surface pour se tourner vers le haut de gamme, expliquent notamment la dégringolade de lentreprise, selon la même source.

Un label

LMC avait obtenu il y a moins dun an un label qui garantit son savoir-faire, une «indication géographique» délivrée le 25 mars par lInstitut national de la propriété industrielle (Inpi). Ce label de la «charentaise de Charente-Périgord» est également détenu par lentreprise Fargeot, qui fabrique toujours des charentaises mais en Dordogne voisine.

Née à la fin du XIXe siècle, la charentaise est issue des rebuts de fabrication des industries textiles et papetières situées sur le fleuve Charente. Les savetiers locaux ont eu lidée de récupérer les feutres qui servaient au pressage pour en faire des chaussons, avec la languette caractéristique qui protégeait le pied du sabot de bois et la technique très particulière du «cousu-retourné» (semelle cousue et montée à lenvers, puis retournée).

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