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Étalé sur 21 000 mètres carrés, le complexe abritera de nombreuses enseignes, un pôle tertiaire, un hôtel trois étoiles, 11 restaurants, une salle de sports et 643 places de parking. Coût de l’investissement : 50 millions d’euros. Livraison fin 2021.
Perchés sur leur tractopelle, les conducteurs d’engins escaladent les monticules et consolident avec leur godet les talus instables. Depuis la quatre-voies qui relie Saint-Pierre au Tampon, ce ballet incessant où se croisent quotidiennement près d’une cinquantaine d’ouvriers en tenue de combat n’échappe plus aux automobilistes un peu surpris par cette agitation permanente. Le temps presse déjà. Chaque jour, l’armée de maçons mobilisés coule en moyenne 100 mètres carrés de béton ! La livraison du chantier est prévue au deuxième semestre 2021, date à laquelle le complexe s’étendra sur plus de 20 000 mètres carrés.
Porté par trois familles réunionnaises – Cadjee, Locate et Savaranin – ce projet ambitieux bénéficie aussi du soutien du groupe Icade, un opérateur immobilier présent à La Réunion depuis 20 ans et dont l’actionnaire de référence est la Caisse de dépôts et consignations. A l’échelle de l’île et du secteur immobilier l’investissement demeure, en effet, significatif. Il est estimé à 50 millions d’euros, financé majoritairement par concours bancaires.
Les investisseurs ont insisté hier : Casabona est à la fois un centre commercial et un centre d’affaires. En jouant volontairement sur les deux tableaux, le complexe a réussi le tour de force de regrouper sur un même lieu géographique un pôle tertiaire composé majoritairement de bureaux, de nombreuses enseignes alimentaires et non alimentaires, un hôtel trois étoiles, 11 restaurants articulés autour d’un food court ou encore une salle de sports. La liste des futurs locataires n’est pas close mais les principaux baux sont conclus. Leader Price déménagera de la rue Luc-Lorion et occupera 1 800 mètres carrés. La Caisse d’allocations familiales (CAF) s’installera, elle aussi, sur le site. La chaîne hôtelière B&B (plus de 400 établissements en métropole et en Europe) proposera 93 chambres, complétant un peu plus l’offre hôtelière grandissante à Saint-Pierre. Parmi les futurs commerces cités hier figurent aussi Orchestra, Polygone, Gigafit, Burger King…
Complémentarité commerciale
Alors que le chantier démarre tout juste après une longue période d’études, les promoteurs jouent délibérément la carte de la complémentarité commerciale. Casabona n’a évidemment pas vocation à concurrencer les mastodontes situés de l’autre côté de la quatre-voies (Carrefour, Monsieur Bricolage, Décathlon…). A contrario, les promoteurs du complexe refusent également d’apparaître comme les nouveaux fossoyeurs du centre-ville. «Même avec un chausse-pied, la plupart des commerces que nous allons accueillir ne pourraient pas s’implanter dans le cœur de ville», plaide Riaz Locate, convaincu que le futur ensemble s’inscrit parfaitement dans le paysage commercial de Saint-Pierre.
Sur le plan purement urbanistique, les promoteurs vantent d’ailleurs l’emplacement privilégié dont jouit le site. «Casabona bénéficie d’une position centrale dans le dispositif urbain de l’agglomération, souligne Loïc Jacquot, responsable de projets chez Icade. Le terrain est à la fois irrigué par les grands axes de circulation et proche des champs de cannes et du front de mer. Développer un projet ici, c’est profiter de l’opportunité de lier ville et nature pour créer un cadre de vie amélioré».
Avec ses 643 places de parking, le complexe devrait achever de convaincre les consommateurs lorsqu’il ouvrira ses portes dans deux ans. En période de pointe, les études de trafic montrent que le site pourrait accueillir jusqu’à 3 500 voitures. A ce rythme, le désengorgement du boulevard Bank reste une utopie même si une bretelle d’accès permettra aux automobilistes d’accéder directement aux aires de stationnement.
Florent Corée
Les acteurs du projet
Le groupe Cadjee. Très présent dans l’automobile jusqu’au début des années 2000, le groupe Cadjee s’est recentré depuis sur l’immobilier professionnel (Centre d’affaires du Chaudron, Apolonia, Hôtel Bellepierre, Domaine de MOCA…). Adossé à un effectif de 200 salariés, le groupe est aujourd’hui présent dans la presse écrite (avec le Journal de L’Ile), l’hôtellerie, l’acquisition et la gestion d’immeubles et la promotion immobilière.
Les établissements Locate. Ils ont été fondés en 1948 par Hassim Locate pour assurer l’importation et la distribution de produits divers (textiles, drogueries…). Dans les années 70, le groupe a accéléré la diversification de ses activités dans l’immobilier, le commerce de détail, le secteur médical et les services à l’hôtellerie-restauration. Présentes essentiellement à La Réunion et dans la zone (Maurice, Mayotte, Madagascar), les différentes structures emploient plus de 500 personnes et réalisent un chiffre d’affaires consolidé de plus de 100 millions d’euros.
Icade. Foncière, développeur et promoteur, Icade est un opérateur immobilier intégré. Depuis 1998, la filiale de la Caisse des dépôts assure dans le département des missions d’expertise et de management pour des projets d’envergure. A l’échelle nationale, Icade est un acteur majeur du Grand Paris et des métropoles régionales.
Un traitement paysager sur mesure
Un bonzaï. Voilà le cadeau symbolique que les promoteurs ont offert hier aux médias qui couvraient la conférence de presse. Un clin d’œil pour mieux insister sur le traitement paysager particulier dont fera l’objet le site dans les deux ans à venir.
Trois jardins distincts seront disposés selon la topographie et les usages futurs. Le premier espace végétal se situera sur les points bas du terrain, l’idée étant tout simplement de récupérer les eaux pluviales et de réutiliser les roches disponibles afin de favoriser l’infiltration. Dans ces zones, des plantes grimpantes seront implantées afin de rythmer la façade. Ce jardin valorisera aussi le grand Banian préservé par les associations de quartier dès 2014.
Le deuxième jardin abritera palmiers et cocotiers de très haute tige sans pour autant altérer la transparence visuelle vers les façades des immeubles. Le sol sera pour sa part tapissé de plantes couvrantes afin de conserver la vue à hauteur d’œil vers les espaces environnants.
Le troisième jardin, enfin, formera un écran végétal opaque protégeant les façades des rayonnements lumineux et procurant de la fraîcheur aux espaces connexes. Il sera constitué principalement de plantes et arbres indigènes (bois d’Arnette, bois de Judas, bois de Chenille, bois de chandelle …) et demeurera inaccessible aux usagers du complexe. Dans ces endroits sanctuarisés, faune et flore devront conforter la biodiversité présente dans les alentours.