La présidente bolivienne par intérim Jeanine Añez lors dune conférence de presse à La Paz, le 15 novembre. NATACHA PISARENKO / AP
Lex-président bolivien Evo Morales peut rentrer dans son pays depuis son exil mexicain, mais il devra « répondre devant la justice » dirrégularités lors de la présidentielle du 20 octobre et d« accusations de corruption ». Cest ce qua affirmé vendredi 15 novembre la chef de lEtat par intérim Jeanine Añez.
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« Il y a un délit électoral et de nombreuses accusations de corruption au sein de son gouvernement », a-t-elle déclaré, lors de sa première rencontre avec la presse étrangère, trois jours après sêtre proclamée présidente par intérim. Evo Morales, a affirmé Mme Añez, a « encore des comptes à rendre ».
M. Morales « est parti de lui-même », a fait valoir Mme Añez. Evo Morales vit en exil au Mexique depuis mardi, mais il a assuré mercredi être prêt à rentrer en Bolivie pour « pacifier » son pays. Depuis lannonce de sa démission dimanche, ses partisans manifestent quotidiennement et des heurts ont lieu avec les forces de lordre, notamment dans la capitale, La Paz.
Cinq paysans tués dans le centre
Cinq cultivateurs de coca ont par ailleurs été tués vendredi dans la banlieue de Cochabamba (centre), fief politique de lancien président, où des affrontements ont opposé toute la journée durant des milliers de manifestants aux forces de lordre qui les empêchaient de se rendre dans le centre-ville. Un journaliste de lAFP a vu les corps dans un hôpital de la ville.
La Commission interaméricaine des droits humains (CIDH) a confirmé les cinq décès ainsi quun nombre indéterminé de blessés. Elle a dénoncé dans un communiqué « lusage disproportionné de la force policière et militaire », notamment des armes à feu pour réprimer des manifestations.
Les protestataires « portaient des armes, des fusils, des cocktails molotov, des bazookas artisanaux et des engins explosifs », sest défendu le commandant de la police de Cochabamba, le colonel Jaime Zurita, qui a annoncé une centaine darrestations mais na pas confirmé les décès.
Auparavant, plusieurs milliers de personnes scandant notamment « Evo, reviens ! » et agitant des wiphalas, le drapeau andin indigène multicolore, étaient descendues de la ville voisine dEl Alto pour manifester leur colère dans les rues de La Paz.
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Principaux alliés régionaux dEvo Morales
Lors dune manifestation des sympathisants du président bolivien Evo Morales à La Paz, le 15 novembre. RONALDO SCHEMIDT / AFP
Le gouvernement par intérim a aussi fait savoir, vendredi, quil allait expulser les diplomates vénézuéliens en poste en Bolivie pour avoir « violé les règles de la diplomatie » en « singérant » dans ses affaires intérieures. La première décision de politique étrangère de Mme Añez, une sénatrice de droite de 52 ans, a été de reconnaître jeudi le dirigeant de lopposition vénézuélienne Juan Guaido en tant que président du Venezuela, faisant volte-face par rapport à lalliance entre Evo Morales et le président socialiste Nicolas Maduro.
De son côté, Cuba a dénoncé larrestation de quatre de ses ressortissants en Bolivie, accusés de manière « calomnieuse » de financer les manifestations contre le nouveau gouvernement intérimaire, et a exigé à La Paz leur « libération immédiate ».
« Quatre membres de la brigade médicale dEl Alto ont été arrêtés par la police », a écrit le ministère des affaires étrangères cubain. Ces derniers, dont deux médecins, ont été interpellés mercredi alors quils revenaient à leur domicile « avec largent retiré de la banque pour payer les loyers et les factures des 107 membres de la brigade ».
Par ailleurs, La Paz a annoncé vendredi que La Havane allait rapatrier « 725 citoyens cubains qui remplissent des tâches de coopération dans différents secteurs ». Cuba et le Venezuela étaient jusquici les principaux alliés régionaux dEvo Morales.
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