Charente: Le département ne fabriquera plus de charentaises – 20 Minutes

L’usine de fabrication de charentaises Rondinaud, le 27 mars 2019. AFP

Une page de la culture de la Charente vient de se tourner. Le département ne produira plus ses célèbres chaussons : le tribunal de commerce dAngoulême a prononcé vendredi la liquidation judiciaire de La Manufacture Charentaise (LMC) à Rivières, dernière entreprise spécialisée de Charente dont les 104 salariés, experts dans lart du « cousu-retourné », restent sur le carreau. Placée en redressement judiciaire le 25 juillet dernier, lentreprise navait fait lobjet que dune seule offre de reprise, que le tribunal a rejetée. Elle ne proposait que le maintien de 38 emplois.

La liquidation a été prononcée « avec effet immédiat », a précisé Henri Lalouette, dirigeant départemental du syndicat FO qui suivait le dossier. Il a dénoncé la « gabegie, lincompétence et la négligence » des dirigeants qui ont conduit à cette faillite. Il a par ailleurs lancé un appel pour quun groupe ou mécène « ne laisse pas tomber ce savoir-faire. On est dans quelque chose de patrimonial ».

Présidée par Renaud Dutreil, ex-ministre du gouvernement Raffarin, qui détient la moitié des parts, LMC est le fruit du regroupement en 2018 de quatre fabricants, déjà mal en point, des célèbres chaussons charentais. Dans une lettre ouverte aux salariés vendredi, lancien ministre a regretté cette « triste issue », tout en plaidant que son projet il y a un an était « un bon plan ». Mais il a souligné la responsabilité dun directeur général, depuis démissionnaire, qui a « engagé lentreprise sur la mauvaise pente et compromis notre projet commun ». Même si « la tâche était difficile », a-t-il concédé.

Selon une source proche du dossier, la société a subi en un an une forte baisse de son chiffre daffaires de 13 millions deuros pour les quatre entreprises en 2018 à 7 millions, passant dun résultat net positif de 1,3 million à une perte de près de 700.000 euros en quelques mois. Des problèmes de gouvernance, avec une direction en conflit interne, ainsi que des « mauvais choix de commercialisation », notamment en abandonnant trop rapidement ses ventes traditionnelles en grande surface pour se tourner vers le haut de gamme, expliquent notamment la dégringolade de lentreprise, selon la même source.

LMC avait obtenu il y a moins dun an un label qui garantit son savoir-faire, une « indication géographique » délivrée le 25 mars par lInstitut national de la propriété industrielle (Inpi). Ce label de la « charentaise de Charente-Périgord » est également détenu par lentreprise Fargeot, qui fabrique toujours des charentaises, mais en Dordogne voisine.

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