Le président Donald Trump et le secrétaire dEtat Mike Pompeo à la Maison Blanche, le 13 novembre, à Washington. PATRICK SEMANSKY / AP
Le secrétaire dEtat des Etats-Unis, Mike Pompeo, a passé une mauvaise semaine. Coup sur coup, mercredi 13 et vendredi 15 novembre, des diplomates chevronnés ont en effet déploré, devant la Chambre des représentants, ses silences assourdissants dans laffaire ukrainienne qui a provoqué louverture dune procédure de mise en accusation de Donald Trump.
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Entendue publiquement vendredi après le chargé daffaires à Kiev, William Taylor, et le responsable à Washington de la zone Europe-Eurasie, George Kent, deux jours plus tôt, Marie Yovanovitch sest montrée alarmiste. Cette ancienne ambassadrice des Etats-Unis en Ukraine a été limogée brutalement en mai à la suite dune campagne de déstabilisation conduite par lavocat personnel du président, Rudy Giuliani. Cette campagne navait provoqué aucune réaction publique du département dEtat.
« Cela dépasse de beaucoup mon sort et celui de deux ou trois personnes. Quand les professionnels de la diplomatie sont dénigrés et fragilisés, linstitution lest tout autant. Cela va bientôt créer de véritables dégâts, si ce nest pas déjà le cas », a-t-elle assuré, avant de déplorer par ailleurs la confusion qui règne, selon elle, au sein de la diplomatie américaine, le grand nombre de postes restés vacants et lexode des diplomates aguerris.
Les critiques de lancienne ambassadrice ont fait écho à une série significative de tribunes, reflet dune fronde larvée et dune véritable crise de confiance dont attestent des interlocuteurs étrangers des diplomates américains. Dans la revue Foreign Affairs, lancien numéro deux du département dEtat, William Burns, ne sest pas embarrassé de formules chantournées en octobre pour dénoncer « un nouveau maccarthysme ».
En cause, une obsession de loyauté par rapport au président et une absence de « colonne vertébrale » qui a conduit, selon lui, Mike Pompeo à laisser Donald Trump stigmatiser publiquement Marie Yovanovitch, ciblée des mois durant par des médias conservateurs, et à rester de marbre lorsque le président dénonce uniformément des « bureaucrates non élus radicaux ».
Au cours de lentretien téléphonique du 25 juillet avec son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, dont la révélation a été à lorigine de toute laffaire, Donald Trump sétait montré menaçant à lencontre de la diplomate pourtant déjà écartée de son poste. « Il va lui arriver des choses », avait-il assuré. Exaspéré, un proche conseiller du secrétaire dEtat, Michael McKinley, nommé il y a un an, a fini par démissionner le 10 octobre après avoir exhorté en vain Mike Pompeo à sortir de son silence. Interrogé, ce dernier a nié avoir été alerté par son entourage. Il avait déjà tardé à reconnaître avoir assisté à la conversation de juillet.