A demi-mot, le rare aveu dune bavure. Vendredi, larmée israélienne a admis que ses récents raids aériens à Gaza, présentés comme «chirurgicaux» et visant à décapiter le leadership paramilitaire du Jihad islamique, avaient causé la mort dune famille entière de civils. Une tragédie que le renseignement militaire navait «pas prévue», se basant sur le fait que la demeure visée était soi-disant vide, daprès un communiqué transmis aux agences de presse.
Ouverture dune enquête
Selon les déclarations contradictoires de différents porte-parole de larmée, la frappe israélienne visait soit une «infrastructure» servant de centre de lancement de roquettes dont le statut dhabitation navait pas été «mis au jour», soit le domicile dun commandant du Jihad islamique, en planque au moment du raid sur cette modeste demeure de Deir el-Balah, au sud de la bande de Gaza. Larmée israélienne a annoncé louverture dune enquête.
Une certitude : huit membres de la famille, dont deux femmes et cinq enfants de moins de 13 ans, ont péri instantanément. Selon les premiers témoignages sur place, cest un des frères du combattant du Jihad islamique qui vivait là. Mais des voisins, cités par le quotidien Haaretz, évoquent une erreur didentification, estimant cette famille de Bédouins «trop pauvre» pour être celle dun haut gradé dun groupe armée palestinien. Tsahal a revendiqué «lélimination» de 25 membres des groupes armés palestiniens. Mais des ONG palestiniennes estiment ce nombre erroné, avançant que seuls 18 affiliés à des brigades ont été tués, aux côtés de 16 civils, dont huit mineurs.
Fragile cessez-le-feu
Lors de cette nouvelle flambée de violence, entamée par lassassinat ciblé dun haut commandant du Jihad islamique, les frappes israéliennes ont fait 34 morts, dont la famille Abou Malhous, et plus dune centaine de blessés dans lenclave sous blocus. La faction palestinienne, soutenue par lIran, a répliqué en tirant près de 450 roquettes en 48 heures, sans faire de mort côté israélien, alors que le Hamas prenait la décision inédite de ne pas prendre part à léchange de feu.
Un fragile cessez-le-feu négocié sous légide de lEgypte et de lONU a été conclu jeudi matin entre Israël et le Jihad islamique, avant dêtre violé par de sporadiques tirs de roquettes le soir même, suivis dune réplique israélienne. Signe de la volonté du Hamas déviter toute escalade militaire, les maîtres de Gaza ont exceptionnellement fait annuler vendredi la manifestation hebdomadaire de la «Marche du Retour» le long des barbelés à Gaza.
Guillaume Gendron correspondant à Tel-Aviv