Ségolène Royal soupçonnée d?utiliser son rôle d?ambassadrice à des fins personnelles – Le Parisien

C’est une absence qui fait tache. Nommée ambassadrice des Pôles par Emmanuel Macron en juin 2017, Ségolène Royal n’a jamais siégé, en deux ans, au conseil de l’Arctique, un forum intergouvernemental visant à lutter contre le réchauffement climatique sur ce territoire. Estimant que « ce poste doit être occupé à temps plein par un spécialiste », la maire LREM de Saint-Pierre (Saint-Pierre-et-Miquelon), Karine Claireaux, a même affirmé, dans un courrier adressé en février à Emmanuel Macron, que l’ex-ministre de l’Environnement n’avait « jamais cherché à prendre attache avec les acteurs de (notre) archipel ».

Ambassadrice non rémunérée, elle bénéficie toutefois de trois collaborateurs sous contrat avec le Quai d’Orsay et de 100 000 euros par an pour ses frais de mission trois fois plus que son prédécesseur, Michel Rocard , selon une enquête minutieuse de France Info. Soupçonnée de se servir de son titre pour assurer sa propre promotion, elle aurait utilisé l’argent public à des fins personnelles : attachés à son cabinet, son assistante personnelle et son conseiller en communication l’ont plusieurs fois accompagnée afin d’assurer la promotion de son livre, ou celle de sa fondation. « Les activités bénévoles et associatives de mes proches ont lieu exclusivement sur leur temps libre », a-t-elle réagi sur Twitter.

Royal a également démenti, sur RMC, disposer d’une enveloppe de 100 000 euros de frais. « Ce n’est pas ce que j’engage, c’est sans doute moins de la moitié », a-t-elle fulminé. Pourtant, au gouvernement, où elle agace depuis longtemps déjà, on ne semble guère surpris par ces révélations. « Combien coûte réellement Ségolène Royal, en tant qu’ambassadrice des Pôles ? Il y a un sujet », aiguillait déjà un ministre il y a un an. « Elle se targue d’être le porte-étendard de la planète alors même qu’elle mène la grande vie, ironise un conseiller. Son plan de com’ dissimule un profond cynisme à l’égard de l’action politique. » Au ministère de l’Écologie, on pointe « ses solutions simplistes et démagogiques », comme l’abandon de l’écotaxe, « qui coûte encore aux Français 1 milliard d’euros par an », et l’arrêté sur la fermeture de la centrale de Fessenheim, pris seulement quelques semaines avant la fin du quinquennat de François Hollande.

Reste qu’Emmanuel Macron ne veut pas entendre parler d’un « problème Royal ». « Pas de commentaires », balayait-on ce vendredi à l’Elysée, renvoyant vers le ministère des Affaires étrangères. Qui, il y a un peu plus d’un an, avait envisagé une lettre de recadrage cosignée par les ministres Jean-Yves Le Drian et Nicolas Hulot, après des critiques de Royal sur l’action gouvernementale. « On voulait lui rappeler qu’en tant qu’ambassadrice, elle est soumise au principe de réserve », se souvient un ministre.

Mais le projet a été abandonné : le président a demandé à ne pas « jeter de l’huile sur le feu » et provoquer celle qui jouit encore, dans l’opinion publique, d’une cote de popularité à faire pâlir la plupart de ses adversaires (49 % d’opinions favorables, selon un sondage Ifop pour Paris Match publié le 12 novembre). « Comme par hasard, ces attaques surgissent au moment où j’apparais la mieux placée dans les sondages ( NDLR : derrière Bernard Cazeneuve ) pour relever le défi de la gauche à l’élection présidentielle », s’est d’ailleurs empressée de faire valoir Royal. Et un conseiller d’asséner : « La thèse du complot, c’est la défense du coupable. »

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