Vernon : la sécurité du site ArianeGroup, classé Seveso seuil haut, pointée du doigt

Vous êtes déjà abonné au journal ? Indiquez votre numéro d’abonné afin de profiter du contenu numérique.

Retrouvez votre numéro d’abonné sur vos factures ou en appelant le service abonnements au 02 35 14 57 57

Alors que l’accident survenu à Rouen, sur le site de l’usine Lubrizol, le 26 septembre, est encore dans toutes les mémoires et que ses conséquences alimentent toujours les peurs, une autre installation normande classée Seveso seuil haut est dans le collimateur des autorités.

Dans deux arrêtés en date du 23 et du 28 octobre, la préfecture de l’Eure a en effet « mis en demeure » ArianeGroup de « se conformer aux prescriptions édictées en matière d’installations classées pour la protection de l’environnement » concernant son site du Plateau de l’Espace, à Vernon, où les moteurs de la fusée Ariane sont passés au banc d’essai.

La visite menée le 22 octobre par un inspecteur de la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) a mis en lumière « le non-respect de certaines dispositions » figurant dans l’arrêté préfectoral du 28 mai qui a renouvelé l’autorisation de l’activité sensible d’ArianeGroup dans l’Eure. Une inspection réalisée par la Dreal, le 17 janvier, avait déjà relevé « la nécessité de mettre en œuvre un programme de rénovation des systèmes d’aspersion », dont la vocation est « la maîtrise des risques figurant dans les études de danger ».

L’arrêté préfectoral d’autorisation demandait d’ailleurs à ArianeGroup de remettre aux autorités de l’État « une étude d’amélioration de l’efficacité des systèmes d’aspersion avec échéancier de mise en œuvre ». Ce document a bien été transmis à la préfecture du département, le 6 septembre. « Mais sans échéancier ni proposition concrète », constatent les autorités.

Le 22 octobre, l’émissaire de la Dreal a, de nouveau, pu observer toute une série d’anomalies. Son analyse « a mis en évidence des buses d’aspersions bouchées » sur deux réservoirs de stockage d’hydrogène, dont l’un alimentant le PF50, le plus gros banc d’essai de l’installation. L’explosion du PF50, qui utilise le réservoir d’hydrogène le plus volumineux et le plus sensible, est le danger principal, notamment pour les populations civiles, mis en exergue dans l’étude de risques – lire notre édition du 12 octobre. « Sa ruine peut être un effet initiateur d’un accident majeur par effet domino », rappelle la préfecture dans ses attendus du 28 octobre.

Les conclusions de l’arrêté préfectoral de mise en demeure du 28 octobre comportent deux volets. Les autorités ordonnaient dans un premier temps à ArianeGroup, « dans un délai d’un jour à compter de la date de notification » de la décision, « de mettre en œuvre des moyens techniques permettant de refroidir le réservoir de la zone du PF50 ». Le géant de l’aérospatial s’est également vu notifier l’obligation, « sous deux mois », de « mettre en œuvre un programme de rénovation des systèmes d’aspersions des capacités et des réservoirs ». Les travaux devront être achevés au plus tard le 31 décembre 2021. Le non-respect de ce calendrier expose ArianeGroup à des sanctions administratives, indépendamment d’éventuelles poursuites pénales. « Afin d’assurer la sécurité immédiate des équipements, l’exploitant a positionné des lances incendies autour des bâtiments concernés, informe la préfecture. La Dreal contrôlera l’ensemble des opérations de travaux mises en œuvre jusqu’au terme de cette mise en demeure. »

Les injonctions faites à ArianeGroup ne s’arrêtent pas là. Il est en effet apparu que les appareils de refroidissement n’ont pas été intégrés à la liste des équipements sous pression soumis à surveillance par arrêté ministériel du 20 novembre 2017. Ces groupes froids n’ont d’ailleurs « jamais fait l’objet d’un suivi de service », pointe la préfecture. L’arrêté préfectoral du 23 octobre met en demeure l’entreprise de régulariser ces manquements sous trois mois.

Interrogé par Paris-Normandie, Didier Herbeaux, patron du site vernonnais, se veut rassurant. « Arianegroup à Vernon a obtenu l’autorisation préfectorale d’exploiter cette zone d’essai après un processus long. Ce même arrêté préfectoral nous autorise à utiliser des moyens alternatifs provisoires si les moyens nominaux sont momentanément indisponibles. La mise en demeure de la préfecture fait partie d’un processus habituel dans le dialogue que nous entretenons en permanence avec les services de l’État. La sécurité est donc assurée en permanence sur le site. »

Journaliste, agence locale de Vernon

Simple et rapide, choisissez l’abonnement qui vous correspond !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *