Présidentielle au Sri Lanka : le pays rappelle au pouvoir le clan Rajapaksa, connu pour sa brutalité – Le Monde

A Colombo, dimanche 17 novembre, des supporters du candidat Gotabaya Rajapaksa célèbrent sa victoire à lélection présidentielle. DINUKA LIYANAWATTE / REUTERS

Sept mois après les attentats de Pâques, le Sri Lanka a fait le choix du sécuritaire et rappelé au pouvoir le clan Rajapaksa, en élisant à la présidence lors du scrutin de samedi 16 novembre lun des frères, Gotabaya, ancien secrétaire à la défense qui écrasa dans un bain de sang la guérilla tamoule lorsque son aîné, Mahinda, était chef de lEtat (2005-2015). Selon la commission électorale, il a recueilli 52,25 % des suffrages, devançant largement son rival Sajith Premadasa (41,99 %). M. Premadasa avait reconnu sa défaite un peu plus tôt dimanche.

« Cest une victoire pour la nation, a déclaré au Monde son porte-parole, Keheliya Rambukwella. Ils ont tenu leurs promesses lorsquils étaient au pouvoir, en mettant un terme à la guerre civile. Le public noublie pas ça. »

Les attaques contre trois églises et trois hôtels de luxe le dimanche 21 avril ont fait 269 morts et été revendiquées par lorganisation Etat islamique. Elles ont mis à terre le secteur du tourisme qui était une source demplois et de revenus en pleine expansion, grâce à une décennie de paix. Depuis, le gouvernement sortant était accusé de grave incompétence pour être resté sourd aux mises en garde tant de la communauté musulmane locale que des services de renseignements indiens sur le discours de violence porté par celui qui mena ensuite la cellule djihadiste.

Le président sortant, Maithripala Sirisena, ne sest pas représenté. Sur 35 candidats, le seul challenger de poids, Sajith Premadasa, était issu du parti jusqualors au pouvoir, mais a tenté au maximum de se distinguer de son passif en campagne. Fils dun président assassiné en 1993 lors dun attentat-suicide des Tigres tamouls, il avait annoncé, pour jouer lui aussi la carte des peurs, quil nommerait à la tête de lappareil sécuritaire le général qui a mené loffensive finale dans le nord du pays en 2009. Il a par ailleurs su sattirer le vote des principales minorités, tamoule et musulmane, inquiètes de la montée dun bouddhisme politique, nationaliste, les prenant pour cibles, que les Rajapaksa ont laissé émerger car il est en retour source de soutien de leur base électorale, la majorité cinghalaise.

Cela na pas suffi. « Il y a eu un désir de leadership et ça a renforcé la candidature Rajapaksa, annoncée quelques jours seulement après les attaques », explique Paikiasothy Saravanamuttu, fondateur du Centre pour des alternatives politiques, un think tank de Colombo.

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