Une rencontre entre Emmanuel Macron et Jassym-Jomart Tokaïev a pris position mardi 29 novembre, au lendemain d’un déplacement du président kazakh à Moscou, où il a échangé avec Vladimir Poutine.
Celle-ci à Paris, qui intervient moins d’une semaine après celle du président ouzbek, et quelques jours après une assemblée entre Emmanuel Macron et son homologue tadjik, a « un objectif très politique et stratégique », selon l’Elysée: il s’agit de « consolider notre relation, d’amplifier notre discussion dans un contexte compliqué également pour les pays d’Asie centrale ».
Le Kazakhstan, un pays historiquement dans la sphère d’influence de la Russie, a suivi une position d’équilibre dans la guerre en Ukraine, ne soutenant pas Moscou, sans attaquer la ligne occidentale.
« Nous continuons [. . . ] montrer à nos partenaires d’Asie centrale toute l’importance que nous attachons à leur région, qui est récemment coincée entre la Chine et la Russie, et qui veut ouvrir de nouveaux horizons », a déclaré l’Elysée, rappelant que la France et le Kazakhstan sont en partenariat depuis 2008.
Emmanuel Macron et Kassym-Jomart Tokaïev devaient parler de « l’Ukraine », « ainsi que du scénario en Asie centrale, de la question de la connectivité [routes commerciales], de l’Afghanistan », selon une source gouvernementale kazakhe.
Sur le plan économique, des accords pourraient être annoncés dans le domaine de l’énergie, du transport maritime et peut-être des infrastructures, le Kazakhstan ayant l’intention de jouer un rôle croissant dans le commerce de marchandises entre l’Europe et la Chine.
« L’intérêt des Européens en Asie centrale, ce sont les ressources énergétiques, alors que les hydrocarbures russes sont sous embargo [. . . ], et les corridors maritimes entre la Chine et l’UE », explique à l’AFP Michael Levystone, chercheur associé à l’Ifri et spécialiste de l’Asie centrale. D’autre part, « les sanctions contre l’économie russe incitent les pays d’Asie centrale à diversifier leurs partenariats sur la scène étrangère ».
« À la lumière des incertitudes existantes en matière de sécurité énergétique en Europe, par exemple, le Kazakhstan est déterminé à continuer à jouer un rôle en tant que partenaire énergétique fiable et digne de confiance », a déclaré la source kazakhe.
Nucléaire, photovoltaïque, terres rares, infrastructures. . . Le Kazakhstan entend multiplier les points de connexion avec la France et l’Europe, l’un des nombreux acteurs à miser sur l’Asie centrale. La Russie, la Chine, la Turquie, ainsi que les États-Unis, ont un œil sur cette région stratégique.
A Araris, « nous attendons la signature de plusieurs accords publicitaires », selon la source kazakhe, évoquant un accord pour le démarrage de l’usine de locomotives d’Alstom à Astana, ou pour une installation photovoltaïque dans le sud du pays. Des discussions étaient également attendues dans la boîte nucléaire car le pays, l’un des plus grands exportateurs d’uranium, doit s’équiper d’une centrale nucléaire, a déclaré la source.
Enfin, les deux pays peuvent faire avancer le projet de « corridor central », qui ouvre un nouveau vecteur d’industrie entre l’Europe et l’Asie, tandis que la direction nord passe par la Russie interdite par l’Occident, et que l’Iran, également sous sanctions, bloque le sud de la Caspienne. « C’est le prochain point fort de notre relation avec l’Europe », a déclaré la source kazakhe.
« La relance de l’allocation du hall central est l’une des nombreuses conséquences géopolitiques de la guerre de la Russie en Ukraine », selon l’institut allemand SWP, qui souligne l’importance de la Turquie dans cette allocation.
Ankara multiplie ses activités dans la région, soulignant ses liens historiques, culturels et économiques avec l’Asie centrale, en particulier l’Organisation des États turcs (OET).
L’Union européenne a son initiative « Global Gateway », qui prévoit d’importants investissements, en particulier dans des projets de connectivité et d’infrastructure, et vise à être expulsée de la région.
« L’Asie centrale est au centre des événements, en termes géostratégiques et géo-économiques », a récemment déclaré le chef diplomatique de l’UE, Josep Borrell.
Avec AFP