Arnaud Benedetti : Face aux menaces du régime, Emmanuel Macron ne gagne plus du temps

La première d’entre elles est celle dont le Nouveau Front populaire doit être le vecteur : nommer un Premier ministre dans les rangs de la gauche, mais cette spéculation est infirmée par les faits, à savoir que la gauche, contrairement à ses prétentions, n’est pas majoritaire, ni dans le pays, ni à l’Assemblée.

Un autre résultat final, très relatif, est présenté au Chef de l’État : gouverner avec le droit, nommer une personnalité LR ou proche de celle-ci, mais cette voie n’en est pas moins alourdie par son insuffisance mathématique dans les tronçons de l’hémicycle. La vie d’un tel gouvernement sera réduite, sous réserve à tout moment du risque de censure qui se produira inévitablement.

Reste enfin la solution de la grande coalition, allant des socialistes à la droite, aux macronistes, mais cette configuration a peu de chance d’aboutir : d’abord parce que le PS refuse de le faire, ne voulant pas rompre le mandat qu’il considère être le sien, parce que le couplage de toutes les forces, anciennes et moins anciennes, du gouvernement ouvrira mécaniquement à long terme un espace incommensurable à ceux que le « front républicain » a privés de la victoire promise, le RN. Quant à un mécanisme technique, solution transitoire par nature, il sera temporairement limité par l’absence de majorité parlementaire.

En tout cas, Emmanuel Macron est acculé

Dans tous les cas, Emmanuel Macron est acculé ; et avec lui le pays. Cependant, le contexte qu’il a créé, celui d’un gouvernement démissionnaire, qui gère « les affaires courantes », avec des ministres comme députés, dont on ne sait plus à quel titre ils s’expriment et agissent, constitue une anomalie corrosive. c’est le moins qu’on puisse dire, pour ne pas dire malsain. La raison exige que nous en sortions temporairement, sans plus tarder, en initiant aussi temporairement qu’imaginable un mouvement qui nous permettra de vérifier les équations qui se dessinent à la table mal carrée après le 7 juillet, même si aucune des perspectives imaginables n’est la plus susceptible d’assurer la stabilité et, par conséquent, la viabilité à long terme d’un gouvernement. Parce qu’au niveau où se trouvent les établissements, la seule force qui opère est une force démocratiquement aberrante, parce qu’elle est exclusivement personnelle.

Emmanuel Macron a généré une telle confusion que sa conduite de l’État n’a jamais été aussi solitaire, car de facto il aura tout affaibli : le fonctionnement institutionnel d’une démocratie libérale qui a non seulement été laissée sans force en raison de son ingouvernabilité, mais aussi parce que la force présidentielle d’attribuer des mérites à ces affaires est en soi presque incontrôlable. Il n’a plus de comptes à rendre à personne, pas même à lui-même, sous prétexte que les urnes n’auraient fourni aucune certitude autre que l’illisibilité de leurs résultats.

A moins de savoir que c’est le niveau maximum de vente de la souveraineté de la France et qu’Emmanuel Macron y voit un levier décisif pour forcer la France à s’adapter et à se soumettre à un ordre mondialisé, le moment est insoutenable, néfaste, pernicieux : insoutenable parce que la crise de le régime auquel le président soumet le pays nuit de plus en plus à l’unité nationale, ce qui est préjudiciable car la France, dans un contexte extérieur volatile, n’a pas les moyens, notamment en raison de l’état de ses finances publiques, de « payer » un régime crise. , pernicieux en raison de son caractère antidémocratique.

A moins de penser qu’Emmanuel Macron cherche avant tout à maintenir ses intérêts de force coûte que coûte aux Français, pour éviter de se retrouver confronté, une fois toutes les hypothèses épuisées, à l’examen de son propre devoir dans le désordre institutionnel qu’il aura provoqué. , il n’a plus d’autre choix que d’éviter de gagner du temps en prolongeant, entre autres, le récit de l’irénisme olympique à des fins de distraction. Il devra nommer un nouveau Premier ministre, et c’est à lui d’essayer de construire la majorité minimale nécessaire pour gouverner. En l’absence de solution réaliste et donc durable à l’impuissance politique, il appartiendra au chef de l’Etat de faire appel à toutes les classes en ce qui le concerne.

*Arnaud Benedetti est professeur agrégé à la Sorbonne et « Aux portes de la force – RN, l’inévitable victoire ?  » (Michel Lafon).

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