Le secrétaire dEtat américain, Mike Pompeo, lors dune conférence de presse à Washington le 18 novembre. Andrew Harnik / AP
Les Etats-Unis ne considèrent plus contraires au droit international les colonies israéliennes en Cisjordanie, a annoncé, lundi 18 novembre, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo. Ces occupations de territoires palestiniens sont jugées illégales par lOrganisation des Nations unies (ONU) et une grande partie de la communauté internationale, qui voit en elles un obstacle majeur à la paix.
« Après avoir examiné soigneusement tous les arguments de ce débat juridique, [nous concluons que] létablissement de colonies de civils israéliens en Cisjordanie nest pas en soi contraire au droit international », a dit lundi M. Pompeo lors dune conférence de presse à Washington. La politique américaine sappuyait jusquici, au moins théoriquement, sur un avis juridique du département dEtat remontant à 1978, selon lequel « létablissement de colonies de population dans ces territoires » nétait « pas conforme au droit international ». Mike Pompeo a donc décidé que cet avis était caduc. « La vérité, cest quil ny aura jamais de solution judiciaire au conflit et que les débats sur qui a raison et qui a tort au regard du droit international napporteront pas la paix », a-t-il estimé, assurant quil ne sagissait ni dune ingérence dans la politique israélienne ni dun feu vert à la colonisation.
Article réservé à nos abonnés Lire aussi En Israël, Benyamin Nétanyahou joue la carte de la colonisation
Au moment où les partis israéliens mènent de difficiles tractations pour former un nouveau gouvernement, cette décision peut être interprétée comme un coup de pouce au premier ministre israélien sortant, Benyamin Nétanyahou. Ce dernier a proposé, pendant la dernière campagne électorale, dannexer une partie des colonies de Cisjordanie occupée. Lundi, M. Nétanyahou a dailleurs salué la position de Washington, considérant quelle « est le reflet dune vérité historique que les Juifs ne sont pas des colonisateurs étrangers en Judée-Samarie ». « En fait, nous sommes appelés Juifs car nous sommes le peuple de Judée », a-t-il estimé.
De son côté, le porte-parole de lAutorité palestinienne, Nabil Abou Roudein, a affirmé que Washington nest « pas qualifié ou autorisé à annuler des dispositions de droit international et na pas le droit de légaliser des colonies israéliennes ». LUnion européenne a, pour sa part, réaffirmé sa condamnation de la politique de colonisation israélienne. « La position de lUnion européenne sur la politique de colonisation israélienne dans le territoire palestinien occupé est claire et reste inchangée, a déclaré la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini dans un communiqué. Toute activité de colonisation est illégale au regard du droit international et compromet la viabilité de la solution à deux Etats et les perspectives dune paix durable, comme le réaffirme la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies. » Bruxelles demande ainsi à Israël « de mettre fin à toute activité de colonisation, conformément à ses obligations en tant que puissance occupante ».
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Israël dénonce la décision détiqueter les produits issus des colonies comme « discriminatoire »
Ces dernières années, la colonisation sest accélérée sous limpulsion de M. Nétanyahou et de son allié américain. Le président des Etats-Unis, Donald Trump, a infléchi sa politique régionale en faveur dIsraël, en reconnaissant unilatéralement Jérusalem comme capitale et lannexion du Golan syrien par lEtat hébreu, tout en coupant des fonds destinés aux Palestiniens. Lambassadeur des Etats-Unis à Jérusalem, David Friedman, est allé jusquà estimer quIsraël avait « le droit » dannexer « une partie » de la Cisjordanie occupée. Mike Pompeo avait, lui, refusé en avril de dire si Washington sopposerait à une éventuelle annexion des colonies de Cisjordanie par lEtat hébreu.
Contribuer